Lorme, J.-C. de [1649], L’APOLOGIE DV THEATRE DV MONDE RENVERSÉ OV LES COMEDIES ABBATVES DV temps present. Par I. C. D. L. , françaisRéférence RIM : M0_116. Cote locale : B_19_47.
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des jouës, d’vne beauté rauissante en feroit vn monstre bien hideux ;
d’vn visage gracieux, vne teste de Medus, vn ie ne sçay quoy
bien desagreable, ce ne seroit plus cette belle face, ce ne seroit
plus ce beau corps, & toutesfois il seroit composé des mesmes parties,
& des mesmes traicts de visage, retouchez d’vne mesme
main, aussi bien que cette Histoire Comique est composée la
plus grand part des mesmes mots de D. L. Et c’est sur ce pretexte
specieux que ses ennuieux se fondent, ne voila pas ce langage,
voila comme il parle, ce sont ces mesmes mots. De tout cecy, nous
tirons auec les esprits raisonnables, vne consequence infaillible
qu’il est tres-aysé de choisir vn mot, vne ligne, ou la motié d’vne
periode, & l’ayant separé du corps du discours, de l’exposer (comme
fait nostre Historien) à la risée du Lecteur, lors que son esprit
n’a plus la memoire de ce qui suit, & de ce qui a precedé.

 

Mais comme celuy-là qui auroit gasté de si beaux ouurages par
la transposition des membres, les pourroit reparer en remettant
chaque piece en son lieu, de mesme cette Comedie peut deuenir
aussi belle qu’elle est hydeuse, si elle remet dans les lettres de celuy
qu’on nomme (ie ne sçay par qu’elle destinée) l’Orateur François,
ce qui en a esté destaché pour en faire esclore vn monstre
qui ne fera iamais de l’honneur à celuy qui l’a mis au monde, &
qui luy a fait voir le iour, au lieu que sa diformité le deuoit encore
retenir dans les plus espaisses tenebres.

Il est temps, auant de finir le premier Acte, que nous rapportions
quelques pieces de celles que l’on trouue mauuaises, iusqu’à
les produire sur le Theatre, & les faire sifler de tout le peuple.

Le Comique trouue mauuais que parlant des Pyrenées qui seruent
de bornes à la France, & là separent l’Espagne, ait dit, qu’il
est au delà de ces montagnes, qui ne veulent pas que la France &
l’Espagne soient à vn mesme Maistre.

Monsieur de Lorme n’a iamais dit qu’il ait veu des ruës pauées
de Dieux & de Deesses de l’antiquité, ny des allées bordées d’Histoires
d’vn costé, & de fables de l’autre ; ny qu’il ait marché sur les
Cesars & les Pompées, il a escrit à vn Cardinal. A Rome vous
marcherez sur des pierres qui ont esté des Dieux de Cesar & de
Pompée, & vous vous promenerez tous les iours parmy les Histoires,
& les Fables ; entendant, par celà, les statuës autrefois

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Lorme, J.-C. de [1649], L’APOLOGIE DV THEATRE DV MONDE RENVERSÉ OV LES COMEDIES ABBATVES DV temps present. Par I. C. D. L. , françaisRéférence RIM : M0_116. Cote locale : B_19_47.