Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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costé vn si noir attentat, c’est vne imprudence de se fier à des
creatures qui tiennent quelque chose dans le Royaume, par le
moyen du Cardinal.

 

Au troisiesme voudra-t’on soustenir que le Ministre, ny ses satellites,
n’auront iamais l’horrible cruauté de faire vne boucherie
des Princes & du Souverain, comme fit iadis leheu de la
maison Royale d’Israël & Cesar des Senateurs Romains ie soustiens
que cette France est criminelle de leze Majesté, Au dernier
chef, de fier celuy qu’elle presume pour son Roy, le Duc d’Anjou
son frere, & trois Princes à la conscience d’vn Cardinal, ou pour
mieux dire d’vn Demon si peu scrupuleux, & d’vne bonne mere,
laquelle il fait precipiter ou vertement pour les perdre, auec vn
zele specieux de les conseruer. Pense-t’on appriuoiser les aspies
& les viperes de Mazarin sans en estre mordu ? on se trompe fort ;
il les peut, auec le moindre ordre, faire sauter. Il en pensera tirer
du profit, pour veu qu’il assouvisse ses passions. Et quoy que la
pensée de ces funestes desseins fasse dresser les cheueux, ie repete
qu’on à tort de vouloir que des Bronzes & des Marbres endurois
par les inhumanitez & les carnages, soient susceptibles de quelque
chose raisonnable, puis que les injustices qu’ils ont exercées
enuers les peuples & enuers Dieu, leur ont fait chãger de naturel.

Et au quatriesme chef me direz-vous, que quoy que Mazarin
posse de toutes les richesses des Finances, il est trop hay pour
pouvoir faire qu’vne armée le suivit, puis qu’il est si peu liberal, &
qu’vne telle vertu est necessaire à vne entreprise de telle qualité ?
Mais ie responds à cette objection, pour la renuerser, apres l’auoir
esleuée comme les autres, & dis ; que ceux qui sont au comment
hays à cause de leur auarice, en an assant des biens se font
sur la fin exalter comme liberaux, quand ils distribuent vne partie
des tresors qu’ils ont vsurpez, pour en voller auec iceux de
plus grands.

Et quoy ! n’est-on pas à la veille de voir accomplir la prophetie
d’vn Sage Autheur Anglois, lequel, vivoit du temps de HENRY
LE GRAND ? on luy demanda (apres que ce Prince fut parvenu
à la Couronne) quel feroit le Regne de ce grand Roy ? & il
répondit : tranquille tout a fait : mais passant outre, il prophetisa
que son fils LOVIS XIII. agrandiroit plus la France qu’aucun
de ceux qui l’auroient precedé, & que celuy qu’on estimeroit

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Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.