Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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des hommes, pour leur faire gouster quelque avangoust
de la felicité : il est raisonnable que les Princes taschent d’impetrer
de Dieu, la rupture de leurs chaisnes, & qu’ils le suppliẽt
en suite de faire en sorte par sa Providence qu’elles redondent
sur le Ministre, afin de le sanctifier malgré luy. Puisque malgré
le franc arbitre, cét ignorant Theologien veut qu’on se
fauve à Vincennes, il faut en dépit du franc arbitre de cét ignorant
Theologien, l’empescher de se damner à la Cour. le Ministre
sera heureux s’il acquiesce dans vne prison à son desarroy,
cõme les Princes sont contens de se plaire dans leur malheur.

 

O ruses Mazarines, aiguës comme vne balle de plomb, ferez-vous
vn mauvais nopçage de la pieté Divine, apres avoir
épuisé toutes les finesses de Machiavel, pour faire à present
l’homme de bien ? On vous connoist, on vous connoist : chacun
sçait que vous avez de l’adresse à cacher vos malices pour
faire parétre celles d’autrui : mais nul ne doute (Dieu sur tout)
que celles que vous manifestes ne soiẽt vn iour cachées, en s’expiant
(suiuant l’ordre des choses) & les vostres mises en evidence
pour s’expier. Rien n’est caché qui ne soit reuelé, dict
l’Oracle Eternel. Chacun pleurera à son tour : peut-estre quand
on cessera de les faire endurer, vous commencerez de souffrir.
Leur derniere tristesse en sortant de la prison, pourra estre vostre
derniere joye chassé de la Cour ; & leur premiere felicité
rentrans au Louvre, vostre premiere misere dans vn cachot.
Cela se peut, parce qu’en suite d’vn tel Purgatoire, Dieu donne
souvent vn tel Paradis : & apres la fausse beatitude du Louvre,
vn tel Enfer.

Vous nous voulez faire réjouyr de la prison des Princes,
parce qu’à vostre dire ils sont venus hommes de bien. Or faites
nous solemniser vne feste de la vostre & le devenez. Nous vous
desirons la mesme grace que vous leur avez procuré. Vous faites
parler S. Paul, pour nous faire entendre que les hommes
de Dieu ne sont iamais plus forts que quand ils semblent les
plus delaissez : l’experience nous empesche de l’ignorer : mais
vous seriez bien marry d’en estre sçauant que par la theorie. La
pratique de la vertu vous fait horreur : C’est pourquoy vous faites
vostre possible, afin que la grace de la Croix s’écoule ailleurs
qu’en vous. Vous preschez de faire ce que vous ne faites pas,

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Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.