D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE CONSEILLER FIDELE. , françaisRéférence RIM : M0_764. Cote locale : E_1_124.
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Roy naturel, lors qu’on croit qu’il s’oppose à sa
grandeur, comme les rameurs qui tournent le dos
au lieu ou ils veulent aborder, c’est aussi de là qu’il
n’a que son interest pour son but, qu’il fait vne moisson
dorée de l’Estat, comme on dit que Statocles &
Dromoclidas en faisoient de la iustice, qu’il ne laisse
d’où il veut partir que ce qu’il ne peut emporter,
qu’il procure des emplois & des dignitez à ceux de
sa nation autant que son authorité le peut permettre,
& que la Cour du souuerain ne semble plus deuoir
passer que pour vne Cour estrangere. C’est ainsi
que les sujets naturels deuiennent pauures, ou
que leur credit est affoibli par celuy des autres, pour
ce qu’ils en occupent la place ; que les richesses
qu’ils ont amassées dans vn Estat, passent dans l’autre
sans aucun retour, & qu’ils se retirent enfin chez eux
quand ils en rencontrent l’occasion, pour y viure de
nos sueurs & de leurs rapines. Le Ministere du feu
Cardinal de Richelieu nous sembloit estrange ou
pour ce qu’il n’est pas dans le pouuoir mesme de Iupiter
de plaire à tous, comme disoit Theognide, ou
pour ce que le bien n’estoit pas simplemẽt enchainé
auec le mal, cõme Homere nous l’asseure, mais pour
ce qu’ils estoiẽt trop meslez & trop cõfondus, & que
nous deuions tousiours nostre repos à quelques regrets
& à quelques funerailles. Cependant il est certain
que les lettres ne furent iamais plus fleurissantes
sous le Regne de François premier qui en fut appelle
le pere ; que les siecles des Antonins, des Trajans,
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D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE CONSEILLER FIDELE. , françaisRéférence RIM : M0_764. Cote locale : E_1_124.