Anonyme [1649], DISCOVRS POLITIQVE AVX VRAIS MINISTRES D’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M0_1134. Cote locale : A_2_51.
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& se sent en soy-mesme exciter à se former sur des modeles si
accomplis, & imiter à qui mieux mieux les belles qualitez dont ils
esclatent ; Esperons donc (chers compatriotes) de ces genereux Ministres
le soulagement des maux qui nous oppressent, & que nous
verrons par leurs Conseils releuer cet Estat, & le remettre en sa premier
esplendeur, que leur exemple fera refleurir la pieté enuers Dieu,
l’obeyssance enuers le Prince, l’amour & la concorde entre nous, &
le support que nous deuons esperer de leurs genereuses negotiations ;
Quelle plus grande gloire pourroit aussi desirer vne ame genereuse,
que de se voir en estat de faire du bien à plusieurs. Cette il est de ces
courages, ainsi portez à recommander autruy, comme de ceux qui
possedans vne source d’eau minerale, ne la retiennent pas dans l’enclos
de leur maison pour leur vsage particulier, mais en distribuent
à tout le monde, & font tout chacun participant des faueurs & du
soulagement qu’elle peut apporter : Aussi sa Maiesté secondée des
intentions de cette Auguste Reyne sa Mere, reconnoist amplement
les seruices signalez que luy rendent ces ames genereuses, & cependant
qu’ils veillent & trauaillent au bien & à l’aduancement de ses
affaires, espouse luy-mesme leur fortune & pouruoit à l’accroissement
de leur maison par des recompenses dignes de leurs trauaux :
Considerez donc que le plus grand seruice que vous puissiez rendre
à sa Maiesté, est luy conseruer l’affection de ses suiets, laquelle ira
dautant plus croissant qu’ils verront leurs seruices reconnus, & que
ce qu’ils attendent auec tant d’impatience, & promis depuis si longtemps
sera religieusement accomply. Il est donc besoin de commencer
par la recherche de ceux qui esbloüis par l’esclat de leurs richesses,
sembloient vouloir creuer les yeux de tout le monde par l’or, dont
ils brillent & dans le luxe où ils se sont plongez, lequel leur a attiré
l’enuie, & depuis la haine de tout le peuple ; On ne peut pas commencer
la purgation d’vn corps plein de mauuaises humeurs ; comme est
la France, par vn remede plus salutaire, que celuy qui regarde l’incision
d’vn chancre qui alloit deuorant toutes les parties de ce grand
Corps : Ce n’est pas que l’intention du Prince soit d’enuelopper
l’innocent auec le coupable, estant certain qu’il y a des personnes qui
peuuent auoir acquis du bien sans concussion ny larcin, & qui ayant
eu à contenter les seruiteurs du Roy, leur ont donné suiet de se loüer
d’eux : on ne peut non plus accuser de crime ceux qui de profession
mediocre ont amassé quelques biens ; mais combien peu ont vescu
d’vne vie frugale, & par le mesnage de leur reuenu, ont trouué le iuste
moyen de s’accRoistre, sans pouuoir estre blasmé de personne ; aucun
n’ignore aussi que les familles opulentes, ne soient les plus beaux ornemens
des Citez, & que le Prince n’en puisse estre vtilement secouru
à son besoin : Mais la rigueur des Loix ne peut estre exercée, que
coutre ces champignons qui naissent eu vne nuict, & qui tirez du
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Anonyme [1649], DISCOVRS POLITIQVE AVX VRAIS MINISTRES D’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M0_1134. Cote locale : A_2_51.