Bourdelois, J.-M. [1652], LE TOMBEAV FVNEBRE DE MONSEIGNEVR LE DVC DE VALOIS. Presenté à toute la France. Par I. M. Bourdelois. , français, latinRéférence RIM : M5_334. Cote locale : B_5_47.
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par vos loix impitoyables. Toutes fois nous ne murmurons
pas contre leur rigueur, mais dans nostre desespoir, ne sçachant
à qui nous en prendre. Nous nous adressons mesmes iusques
aux choses les plus sourdes & les plus insensibles, ausquelles,
bien que muettes & impuissantes à soulager nostre
douleur, nous ne restons pas d’adresser nos plaintes, & d’adoucir
par ces foibles soulagemens, l’excez de nos desplaisirs
sortis d’vne cause si l’amentable. Pour moy, ie m’adresse
à tous les Estres, ce que ie rencontre dans la nature,
ie les appelle pour garands de nos mal-heurs, & souuent
dans mes plus secrettes douleurs, ie leur parle en cette forte.
Qui nous respondra à present de nos fortunes chancellantes,
& à demy esbranlées ? Qui nous respondra des euenemens de
la guerre, que ce grand Prince eust renuoyée comme vn éclat
de foudre sur nos ennemis ? Qui sera nostre arbitre dans la
Paix ? Où sont tant de marques de grandeur, qui paroissoient
sur vn visage si illustre ? Où sont ces graces qui y auoient estalé
auec tant de soin, tout ce qu’elles auoient de plus rare ? Enfin
sans aller plus auant, où sont ceux qui nous consoleront
dans ce malheur, puis que tout le monde à besoin de consolation,
& qu’il n’y a personne qui ne soit atteint par la mesme
douleur, apres l’auoir veu entré les bras du trespas ? Nous vous
auons veu grand Prince, dans cette fatale couche de mort,
vous sur qui les Destinées deuoient faire rouller les suittes de
leurs années : Nous auons veu ces torches fumantes au tour
de vous, qui se consommant pitoyablement, sembloient se
conuertir toutes en l’armes. Nous vous auons veu dans ce
sommeil eternel, qui pour iamais a fermé vos yeux, seuls
Astres desquels nous attendions la plus rayonnante lumiere,
& nous vous voyons encore en nos esprits dans ce triste assoupissement,
qui pour iamais vous rend insensible ? Helas ! que
ce déplorable estat nous donne de tristesse : nous auons donné
cours à nos souspirs, & dans nos foiblesses croyant vous ranimer
par leur ardeur d’vne vie seconde, nous les auons enuoyés
en abondance, pensant imiter cette Diuinité fabuleuse, qui
par le feu Celeste anima le premier des hommes : nous auons
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Bourdelois, J.-M. [1652], LE TOMBEAV FVNEBRE DE MONSEIGNEVR LE DVC DE VALOIS. Presenté à toute la France. Par I. M. Bourdelois. , français, latinRéférence RIM : M5_334. Cote locale : B_5_47.