Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 13 --

protecteurs & les pestes du public, des gens de sac & de
corde & de bons citoyens, des criminels & des innocents ?
pourquoy falloit-il empescher le cours d’vne procedure,
qui pouuoit iustifier en quelque façon la detention de
Monsieur le Prince, puisque par des voyes violentes, impetueuses,
& plaines de calomnies, il vouloit oster l’honneur
& la vie à des personnes d’vne condition si releuée, &
d’vn merite si recogneu ?

 

On allegue contre Monsieur le Prince sa sceance dans le
Parlement, & la chaleur auec la quelle il demandoit iustice
contre des seditieux. Il est certain que la clemence est la
vertu des grands Princes ; que ceux qui temperent par la
douceur le pouuoir absolu qu’ils ont en main sont plus en
seureté parmi leurs subiets dont ils sont aymez, qu’au milieu
des armées qui les enuironnent ; qu’ils sont plus fidellement
gardez par l’amour des peuples, que par les sentinelles
qui veillent à la porte de leurs Palais ; que la terreur & la
crainte sont de foibles liens de la Souueraineté ; que lors
qu’ils sont vne fois brisez. Ceux qui cessent de craindre
commencent de haïr ; que les hommes estans naturellement
sujets à faillir, il n’y a point de loy qui soit assez forte
pour les retenir ; qu’vne rigueur continuelle pert à la fin
son credit & son authorité ; & que par ie ne sçay quelle opiniastreté
attachée au vice, on commet plus souuent les crimes
qui sont le plus souuẽt punis. Il est certain que les bons
Roys estendent quelque fois les bornes de leur clemence
iusques au delà de celles de leur Iustice, & que toutes les autres
vertus n’ont iamais de honte de ceder à la misericorde.
Mais Monsieur le Princequi se ressouuenoit du funeste iour
des barricades, & de l’extremité fascheuse en laquelle le Roy
se trouua reduit, apprehendant auecque raison que ces derniers
mouuements n’eussent des suittes aussi dangereuses
que les premiers, & sçachant bien aussi que la Majesté de
l’Empire est la conseruatrice des Estats & des Rois : il creut
qu’il n’estoit plus à propos de laisser languir l’authorité

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.