fois à ne pas laisser vn soldat en faction plus d’vne
heure, puis que la Compagnie estoit assez forte pour
tenir cette ordre là, au lieu que le Caporal tout bouffi
d’orgueil deuoit remercier cet honneste soldat du
bon conseil & aduertissement qu’il luy donnoit, y luy
chanta des iniures, luy disant qu’il estoit Caporal officier
& luy simple soldat, & qu’il luy conuenoit
obeïr à sa personne, propos qui furent si desplaisants
à ce soldat icy, que peu s’en fallut qu’il ne luy fit rentrer
dans le ventre. Mais pour ce coup là il n’en fût autre
chose, le Caporal alla querir vn autre soldat qu’il
posa en sentinelle, & releua celuy là qui alla trouuer
le Peintre & ces camarades qui estoient en conferance
ensemble recherchans les moyens propres pour
gauser le peu sçauant Caporal, qui ne se doutoit pas
du potage que l’on luy dressoit ; voicy comme il arriua :
quelques semaines s’estoient écoulées depuis cela lors
qu’vn iour estant en garde nostre Peintre peu chargé
d’argent pour passer le temps au corps de garde, se mit
à crayonner sur vn papier vn visage qui auoit beaucoup
de corespondance à celuy du Lieutenant de la
Compagnie, à qui on alla dire, le Lieutenant le voulust
voir, le Peintre luy monstra, y dit au Peintre qu’il
vouloit qu’il luy en fit vn en Peinture, & qu’il le payeroit
honnestement le Peintre qui auoit plus à faire d’argent
que de besongne, luy dit que si il luy plaisoit
donner congé que dés l’heure presente il iroit trauailler
apres, le Lieutenant voyant qu’il auoit assez de soldats
luy donne congé volontiers, le Peintre s’en va, au
bout de trois iours & raporta à Monsieur le Lieutenant
vn tableau perfectionné & acheué comme il faut, y

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