Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, PARLANTE A IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : B_13_17.
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de France ? Direz-vous point encore, comme vous auez desia
fait, par vne fourberie autant impertinente que fausse, que vous
craigniez, que ce Seigneur venu de quatre cens lieuës, sur la foy
de mes dépesches qu'il vous monstra, aussi bien que celles des
sieurs de Chauigny & de la Barde, ne vous assassinast, & que vous
auiez receu vn aduis d’Italie, qu'il estoit venu en France vne personne
de ce pays là pour vous poignarder ?

 

Mes lettres, celles d’vn Secretaire d’Estat, & du sieur de la
Barde, qu’il vous fit voir, deuoient-elles point dissiper cette terreur
Panique ? mais qui plus est, ne sçauiez vous pas cette negociation ?
& supposé que vous eussiez eu quelque suiet de soupçon,
ne pouuiez-vous pas negocier auec luy par l’entremise du sieur
de Chauigny, ou de quelque autre personne secrete, & fidele à
sa Maiesté, & mettre par cette voye vostre vie hors du peril, &
faire mesme punir l’assassin, si l’aduis se fust trouué veritable ? Deuiez-vous
le laisser huit mois entiers à Paris sans conferer auec
luy, soit par vous, ou par personne de creance ?

Vostre soupçon mal imaginé est vne excuse si grossiere qu’elle
est indigne d’vn esprit Italien, & qui fait gloire en soy mesme
de surpasser en fourberie les plus dissimulez. On sçait bien que
vostre ame Espagnole, aussi bien que vostre naissance, a voulu
étouffer cette haute entreprise, qui estoit glorieuse à l’Estat & infaillible
dans la suite, selon le cours de la prudence humaine : &
ce fut à la mesme fin que quand ce Seigneur qui vous estimoit
bon seruiteur du Roy vous auertit que. N. (qu'il ne connoissoit
pas pour vostre Banquier (payoit en France les pensions d’Espagne,
& que la prouision luy en venoit d’Allemagne ; ce fut dis-je,
à ce dessein que vous fustes tout sur pris de cet aduertissement que
vous sçauiez estre trop veritable, vous esloignâtes ce Seigneur,
& l’abusastes d’abord de vaines esperances, n’osans pas tout à
coup luy donner à connoistre que vous estiez de la faction d’Espagne.
Apres l’auoir tenu six semaines en suspens, vous luy fistes
dire par le Comte de Briene qu’il se retirast, en quoy vous
trompastes l’esprit de ce Secretaire d’Estat, qui passoit vos tromperies
illusoires, pour des veritez constantes, qu'il n’osoit pas
vous contredire, combien que son sens y repugnât. Quelque excuse
que vous puissiez prendre pour obscurcir cette lumiere, la

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