Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
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Roy de France, qui est la plus belle & digne qualité
de l’Europe, & la plus respectée des estrangers.

 

Car vostre terre est fructueuse & tres fertile, bien
enuoysinée & bornée, tres-riche & opulente pourueu
qu’elle soit bien gouuernée : bref c’est le petit
œil de la terre, iadis tant honorée de tous ses voisins,
Aduisez, ie vous prie : quel dommage sera de laisser
gaster vn si bel heritable ; & le reproche qu’on vous
donnera, de le laisser ainsi ruïner par mauuais mesnage ;
& faute de bon conseil.

Vostre liberalité & frugalité, maintiendront ce
Royaume en grandeur & opulence : vostre auarice
& prodigalité, le mettront en desolation & ruine.

Philippe Roy de Macedoine despendoit son argent
si à propos que par sa liberalité il faisoit plus
d’affaires à son profit, qu’en menant la guerre : de
sorte qu’ayant subiugué la Grece, l’on disoit que
l’or de Philippe & non pas Philippe auoit vaincu la
Grece. Le Roy Louis onziesme a fait de mesme, &
par sa liberalité a esté seruy à son souhait dehors &
dedans son Royaume. L’on dit qu’aucuns de vos
voisins pratiquent cela encores auiourd’huy, ayans
plusieurs pensionnaires pres de vous ; dont il vous
faut donner garde : & principalement de ces mauuais
Conseillers, qui vous entretiennent en perpetuelle
necessité.

Seneque en son liure de la vie heureuse dit que
l’homme sage & parfaict, ne doit pas cacher les biens
qu’il a ny les departir prodigalement, mais en vser
liberalement : dautant que par le premier on se diffame
& fait hayr, & par le dernier, on se ruïne & fait
mespriser : Mais par la liberalité on se fait infinis
amis & seruiteurs : qui demeurent obligez non seulement
pour la chose donnée, qui est la moindre
partie & la plus grossiere de la liberalité, mais principalement
pour la beneuolence & la volonté ne

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.