Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
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clercs ou commis, la pluspart gens de neant & de petit
lieu, lesquels par ce moyen s’enrichissent en peu
de temps, de ce dont vos bons seruiteurs deuroient
s’accommoder.

 

Ce n’est pas chose nouuelle (SIRE) que pour remedier
à ce desordre, les Roys de France ayent eu
de l’argent en leur cabinet & pardeuers eux, pour
promptement donner, & exercer leur liberalité, à
qui bon leur a semblé. Les histoires nous tesmoignant
que le Roy Louys onziesme, & douziesme
auoient tousiours quelque mediocre somme de deniers
en leurs priué maniement, & que la Reyne espouse
du Roy Louys douziesme, prenoit grand plaisir
en passent le temps à comter & faire des sacs de
cent escus, de deux cens, de trois cens, & cinq cens
escus, plus ou moins, qui estoient cottez par etiquettes,
lesquels le Roy donnoit de sa propre main,
tantost à vn petit personnage, tantost à vn mediocre,
tantost à vn Seigneur plus grand, par don ou recompense,
lesquels se sentoient plus honnorez, & receuoient
plus de contentement, d’estre ainsi promptement
payez, & de la main du Roy, que de la somme
qui leur estoit donnée : & partoient de deuant le Roy
auec vne telle reuerence, amour, & deuotion, qu’il
ne s’en peut excogiter de plus grande.

A ce propos se lit vne belle & facecieuse histoire
du Roy louys douziesme, lequel estant de seiour en
son Chasteau de Blois, vn iour de feste, voulut prendre
son plaisir de deux tres-vistes & legers coureurs,
desquels chacun faisoit grande estime : & fut ordonné
par le Roy vn prix, qui estoit de cent escus dans
vne bourse, pour celuy qui courroit le mieux : Ces
deux leuriers, auides à la proye, se prennent à courir
deuant le Roy & toute sa Cour, & coururent si
bien & à propos, qu’ils arriuerent ensemble au lieu
assigné : De sorte que l’on douta à qui le prix deuoit

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.