Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
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biens-faits, ressentent la liberalité & sont dignes de
la grandeur d’vn Roy. Et puis apres reconnoistre par
dons & recompenses, les personnes de vertu & de
merite. Et en ce faisant vser de grande prudence &
iustice, pour distribuer liberalement & par proportion
harmonique, les dons, graces & bienfaits, soient
en Estats, Offices, Benefices, Cheualeries, exemptions,
immunitez, & autres dons & recompenses,
selon le merite d’vn chacun.

 

Mais quand les iustes loyers des gens de bien,
sont attribuez aux estrangers vicieux & indignes,
c’est ce qui met les Estats florissans en combustion,
Il n’y a iamais faute de flateurs & demandeurs
impudens autour des Roys, lesquels n’ont autre but
que de sucer la substance des Princes, & de leurs sujets
pour satisfaire à leur folle despence, telle & si
grande, qu’on ne peut tant leur donner, qu’ils ne
soient tousiours sans argent, & disent ordinairement
qu’on ne leur donne rien : & cependant ceux qui ont
le plus merité de la republique sont les plus esloignez
des Princes, tant par l’imprudence d’iceux,
qui sçauent faire mauuaise eslection des seruiteurs
dignes de leur faueur, qu’à cause que l’honneur deffend
aux gens de bien de flatter, belistrer & caymander
les loyers de vertu, qu’on doit leur offrir.

Ce fut par cette voye qu’Alexandre le grand paruint
à ses magnanimes & genereux desseins, qui le
rendirent Monarque des trois pars du monde, donnant
à tous liberalement, & acquitant les debtes de
ceux de son armée lesquelles il paya à leurs creanciers,
de ses propres deniers. Ce mesme Prince auoit
aussi coustume de bien faire aux gens doctes, & donna
pour vne fois à Aristote, huict cens talens, & au
Philosophe Anaxarchus cinquante Talens, lesquels
il refusa, disant que ce don estoit trop grand pour
luy, & qu’il ne sçauroit à quoy l’employer : Auquel

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.