Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
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mis prisonniers au chastelet de Paris plusieurs financiers,
& leur procez faict sur les pretendues fautes
par eux commises. Ce qui se deuroit faire encores
à present à bon escient, Ce que i’ay bien voulu
vous ramenteuoir & remonstrer (SIRE) afin
que vous y pouruoyez, comme à chose tres-importante
à vostre Estat, & au bien public de vostre
Royaume.

 

Mais quoy ? nostre mal est là, que la porte est fermée
à toutes remonstrances, vos Officiers des compagnies
n’ont plus d’audiance : ou il est question
d’argent & de vostre profit, practiquant le sordide
prouerbe, Pallet oratio auroloquente.

Voila, SIRE, ce que l’on vous fait faire, au lieu
de bien prendre les remonstrances de vos Conseillers,
quand ils vous font entendre qu’il n’appartient
pas à vn Roy de forcer la conscience de ses Officiers :
& que s’ils vous obeyssoient, ils courrouceroient
Dieu & se damneroient : Que ce n’est point des honneur
à vn Roy de changer d’aduis auec bonne raison,
ains le fait d’vn Prince sage & prudent : que ce
n’est point estre vaincu, ceder à la raison, & d’accorder
aux bonnes remonstrances de ses Officiers.
Au contraire c’est la plus grande vertu qu’vn Prince
puisse auoir, & sans elle, n’est pas digne de regner.
C’est proprement se vaincre soy-mesme, & le Prince
qui fait ainsi, est plus fort que celuy qui est vaincueur
des villes & des armées : Que le Prince n’est
pas iuste, qui est opiniastre en son aduis : mais est
entaché de Philastie, qui est vn amour desordonné
de soy-mesme.

Il faut que le Prince pour bien regner, face de
bonnes Loix qu’il ayme les bonnes loix, & de sa propre
volonté, & par sa vertu se contraigne soy-mesme
d’obeyr aux loix. Faisant ainsi & commençant le premier
à obseruer ses Loix, le peuple ne faudra pas d’y

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.