Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 25 --

vostre grand Financier, qui n’a pas eu honte de
le publier par toutes les compagnies où il est trouué.
Ie suis d’accord que ceux qui prennent ces Offices
sont fols, mais il ne faut pas pourtant bailler à vn fol
tout ce qu’il demande : C’est à vous d’empescher ce
mal & d’oster ce scandale, en supprimant par mort
les Offices inutils, & de creation nouuelle, & reduire
vos Officiers au nombre ancien & necessaire, &
par apres ne les vendre plus, ains les donner aux personnes
capables : autrement vous donnez du vin aux
fiévreux, & mettez le glaiue entre les mains du furieux,
duquel vous estes iournellement le premier
frappé, & vostre peuple par apres.

 

Ce qui a deslors esté vne marque, que cette
suppression n’a esté ordonnée à bonne intention,
mais par malice : non pour reformer, mais pour
tromper, & pour faire vn tresor d’Offices, qui est
vne manifeste tromperie & des plus grandes corsaireries
qui se puisse excogiter : Aussi la fin la monstré,
car en vne matinée tout a esté restably, & les Offices
supprimez, remis & donnez à vil pris pour faire
argent. Et pour combler le mal, ce restablissement
a esté suiui d’infinis Edicts, d’autres erections &
nouuelles inuentions.

Car depuis qu’on a commencé à vendre des
Offices, on a ouuert la porte à l’iniustice : & de
de là est venu, comme disoit Iustinian, l’impunité
des crimes. Il ne faut pas, dit Seneque, s’esbahir,
si par la vente des Offices, la Iustice est corrompuë,
car celuy qui achete, a coustume de vendre. Alexandre
Seuere Empereur de Rome disoit, qu’il estoit
comme necessaire, que celuy qui achepte vn Office,
vende par apres & recouure en detail ce qu’il a desduy
en gros : Pour cette cause ; disoit il, ie ne permettray
iamais qu’en mon Empire il y ait des marchands
d’Offices : Car si ie le permettois, ie ne pourrois

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.