Anonyme [1649], L’ESTROITE ALLIANCE ou la ionction du Parlement de Bretaigne & des trois Estats de la Prouince auec le Parlement de Paris. , français, latinRéférence RIM : M0_1309. Cote locale : A_3_25.
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perdre l’amour des peuples, pour s’en conseruer le respect,
& dire auec cet ancien, qu’ils me hayssent pourueu qu’ils
me craignent. Qui a iamais veu de plus detestables maximes,
la puissance du Prince n’est elle pas assez redoutable
par sa grandeur, sans la rendre odieuse par sa
cruauté, si les peuples n’ont point d’autres mouuements que ses
volontés, ne leur doit il pas donner vne honneste liberté, qui
leur persuade qu ils sont plustost ses enfants que ses suiets, &
que s’estant reserue les seules marques de la souueraineté, il
leur en laisse recueillir tous les fruicts. Cela est tres iuste, mais
Messieurs, vn Ministre estranger qui a trouué plus de resistance
à sa tyrannie (qu’il ne se fut iamais imaginé) dans la parfaite
vnion de tous vos cœurs, a voulu suiuant cette maxime de la
seuerité en tirer sa vengeance, aux despens de vos vies & de
vostre honneur, & comme cet Aman fauori du Roy Assuerus,
qui deuenu insupportable dans la prosperité, abusant de l’autorité
de son maistre auoit proietté la desolation de tout le
peuple d’Israel qui estoit dans les terres de son maistre, de
mesme cette peste de l’Estat auoit iuré la destruction & le saccagement
de la plus florissante ville du monde, & tramé la
ruine entiere de l’Estat ; mais comme cet abominable Aman
finit ses iours sur vn gibet, ou il deuoit immoler à sa rage l’innocent
Mardochée, aussi celuy-cy ira expier ses crimes par
vne mort ignominieuse & deuë à l’insolence de ses deportemens
au lieu où il auoit entrepris de faire mourir tant d’illustres
personnages, & alors on dira. Vidi impium, exaltatum &
eleuatum, [1 mot ill.] Cedros Libani, & transiui, & ecce non erat [1 mot ill.]
cum & non est inuentus locus [1 mot ill.]

 

Nous auions attendu iusques icy, pour nous ioindre à vous,
non pas que nous doutassions de l’equité de vostre cause, que
tous les gens de bien & les desinteressez, confessent la plus
iuste que vous ayés iamais embrassée ; mais esperants que ces
mauuais ministres, eussent changés de dessein, & qu’ils eussent
ouuerts les yeux à la lumiere de la raison, qui n’est refusée qu’à
ceux qui tournent leurs dos à ses rayons ; mais puis qu’ils demeurent
dans vn aueuglement volontaire ; que leurs cœurs
sont endurcis ; & qu’ils ne respirent que la perte de vostre auguste
corps, composé d’autant de demy dieux qu’il y a de personnes,

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Anonyme [1649], L’ESTROITE ALLIANCE ou la ionction du Parlement de Bretaigne & des trois Estats de la Prouince auec le Parlement de Paris. , français, latinRéférence RIM : M0_1309. Cote locale : A_3_25.