ce qu’ils vous demanderont en suite. Sçachez que
les dons mediocres esleuent, & que les excessifs
souuent oppriment & accablent.

Mais, MON FILS, à quoy s’arreste mon
esprit, qui ne vous parle point encore clairement
des vertus que vous deuez pratiquer. MON FILS,
vous estes né Roy, c’est tout exprimer en ces
deux mots, & par consequent il faut que toutes
vos actions sentent le Monarque : c’est pour cela
que ie vous veux inspirer de tout mon cœur,
les passions & les vertus heroïques, & vous prier
de ne reietter point la pratique des Cardinales,
bien que vous soyez obligé de haïr tous les
Cardinaux.

Ainsi, MON FILS, parce que les habitudes
se contractent en l’âge où vous estes, & passent
aprés en complexion, & qu’il vous est important
de donner des preuues de vostre force & de vostre
vigueur, pour oster l’esperance à ceux qui
la fondent sur vostre foiblesse apparante, à cause
de la mauuaise nourriture que vous auez, tesmoignez
par quelque beau trait d’esprit, ou quelque
grand coup d’Estat, que si l’âge vous rend
encore presque enfant, la vertu vous rend homme
fait, & taschez d’emprunter de vostre rang
des lumieres, pour dissiper les broüillards & les
tenebres qui vous enuironnent. Desrobez-vous
à la foule des importuns qui vous loüent sans
cesse les vertus de Mazarin, Mesprisez, comme