Anonyme [1649], L’ENFER REVOLTÉ, SVR L’ESTRANGE DESORDRE qui y est arriué depuis peu, par les Tyrans & les Fauoris des premieres Siecles. OV PAR VNE MERVEILLEVSE application, toute l’Histoire du temps present se trouue parfaitement bien representée. , françaisRéférence RIM : M0_1218. Cote locale : C_7_67.
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Encore que la fin de ceux que i’escoutois,
Ne fut que pour monter sur le Throsne on i’estoit.
Ces maudits Alectons, ces restes de Cabire,
N’haïssoient l’Empereur que pour auoir l’Empire,
Et regnant apres moy, ils firent plus de mal,
Que n’en fit le Tyran, en crimes plus fatal.
Et puis tournant les yeux sur ces deux homicides,
Auez vous (leur dit-il) osté tous les Subsides ?
Apres vostre attentat, dites en verité,
Regnastes vous tous deux, auec plus d’equité ?
Vous peut-on regarder auec idolatrie,
Pour peres du pays, pour Dieux de la patrie ?
Respondez hardiment, l’Empire des Romains,
Estoit-il mieux en vous qu’entre mes propres mains ;
Quoy, doit-on preferer, vn traitre insupportable,
A ce digne Cesar, à ce cœur indomptable ?
Quoy celuy qui porta la terreur en tous lieux,
Sera-t’il moins chery des hommes & des Dieux ?
Celuy qui subiugua tout l’estre qui respire,
Sera-t’il moins sçauant à regir vn Empire ?
Ha, miserable Rome ! est-ce ta liberté,
Que d’estre sous des Chefs, sans cœur, sans probité ?
Les loix d’vn Souuerain sont bien plus legitimes
Que celles des Tyrans chargez de mille crimes,
Le nombre est ennemy d’vne saincte Vnion,
Châque esprit s’abandonne à son opinion,
Et chaque sentiment poussé de son caprice,
Trouue mille raisons à se rendre propice.
Il n’est qu’vn Souuerain pour faire viure en paix,
Les subiets plus chetifs auec les plus hupez.
Rome auroit bien mieux fait de conseruer vn Prince,
Qui tenoit l’Vniuers sousmis à sa Prouince,
Que de se declarer pour de certains mortels,
Qui destruirent l’Estat, le peuple & ses Autels.

 

 


Alors Brutus surpris d’vn si sanglant reproche,
Les yeux tous enflamez secoüant la caboche,
Regardant de trauers tous ceux qui le suiunoit,
Leur chante en blasphemant tout ce qu’il en sçauoit.

 

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Anonyme [1649], L’ENFER REVOLTÉ, SVR L’ESTRANGE DESORDRE qui y est arriué depuis peu, par les Tyrans & les Fauoris des premieres Siecles. OV PAR VNE MERVEILLEVSE application, toute l’Histoire du temps present se trouue parfaitement bien representée. , françaisRéférence RIM : M0_1218. Cote locale : C_7_67.