Que s’il aduient que vous soyez pressé de quelque
notable despence extraordinaire, il faut que vous ayez
recours à la vente de leurs biens, desquels vous deuez
faire grand estat, pource qu’il en viendra vn grand
denier : & en ce faisant, vous leur ferez double guerre,
& les battrez à leurs despens. Et ne croyez pas, SIRE,
ceux qui vous en ont empesché iusqu’à present, reconnoissez-les,
& les remarquez & leur Conseil tres-malin,
vous conseillant de ne les pas ruiner, & vous
disans qu’il en faut auoir pitié, & les retirer par douceur,
& non les laisser venir au but où ils pretendent.

Et apres que vous aurez estably vostre recepte, en
la forme susdite, il faut y rapporter vostre despence de
telle sorte qu’elle n’excede la recepte, afin que ne
soyez induit à trauailler vostre peuple. Il vous est aisé
de retrancher beaucoup de despence superfluë, qui se
fait iournellement en pompes, luxe, bastimens inutiles,
& principalement en dons, que vous faites sans
mesure, sous le couuert du contant qui est mis en vos
coffres. Ce qui mange & dissipe vn monde de deniers,
en la façon que vous y gouuernez : qui fait que vous
estes en necessité continuelle.

Dittes donc à ceux ausquels vous auez tant donné,
qu’ils se contentent pour ce coup, & qu’ils sont trop
goulus.

Prenez garde à vous, & cõmencez par là vostre despense :
Retranchez vos officiers tant de Iudicature que
de finances, & les supprimez par mort : Cependant
faittes les bien payer de leurs gages, afin qu’ils n’ayent
occasion d’estre larrons & meschants, & par apres faites