guerre à volonté & sans propos pour auoir cause
de leur argent. Ie sçay bien qu’il faut argent pour
deffendre les frontieres & les enuirons, garder
quãd il n’est point de guerre pour n’estre surpris,
mais il faut faire le tout moderement, & à toutes
ces choses, sert le sens du sage Prince ; car s’il est
bon il cognoist qui est dieu, & qui est le monde,
en ce qu’il doit, & peut faire & laisser. Or selon
mon aduis, entre toutes les Seigneuries du
monde, dont i’ay cognoissance, où la chose publique
est mieux traictée, & où il y a moins de
violence sur le peuple, & où il y a moins d’édifices
abbatus & démolis, pour guerre, est Angleterre,
& tombe le sort & le mal-heur sur ceux qui
font la guerre. Nostre Roy est le Seigneur du
monde, qui le moins à cause d’vser de ce mot de
dire, I’ay priuilege de leuer sur mes suiets ce qui me
plaist : car ne luy ny autre là, & ne luy font nul
honneur, ceux qui ainsi le disent pour le faire estimer
plus grand, mais le font haïr & craindre aux
voisins, pour rien ne voudroient estre sous sa Seigneurie.
Mais si nostre Roy ou ceux qui le veulent
loüer & agrandir, disoient, I’ay des sujets
si bons & loyaux qu’ils ne me refusent chose que
ie leur sçache demander, & suis plus craint, obey
& serui de mes suiets que nul autre Prince qui viue
sur la terre, & qui plus patiemment endurent
tous les maux & toutes les rudesses, & qui moins
il souuient de leurs dommages passez, il me semble

Page précédent(e)

Page suivant(e)