Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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mendaciis, hic pascit ventos.

 

Vous n’estes pas plus fidele ny plus veritable enuers le Cardinal
de Retzs, le faisant complice des mouuemens que l’obseruation
de la tyrannie du Mazarin fit esleuer en ce temps-là par
ses grandes proscriptions qui produisirent enfin les [1 mot ill.]
Car ses plus grands ennemis vous attesteront qu’il s’est fortement
employé enuers la Reyne pour adoucir son esprit & la
desabuser, qu’il l’a prié souuentefois de ne pas laisser prendre
racine à ce mal naissant, & que ces petites bluettes de feu faute
d’y remedier, estoient capables de causer vn grand embrasemẽt,
& que renouuellant ses mesmes aduis le premier iour des Barricades,
vn des principaux Bouffons de la Cour luy fit insulte, &
le qualifia du nom de Tribun du Peuple, qu’il ne voudroit pas
refuser, cõme estant plein d’honneur, & luy appartient par deux
considerations, l’vne procedant de la charité du prochain qu’il
a éminemment, & possede autant que Pasteur du monde ; l’autre
de la haine qu’il porte, & qu’il a tousiours fait paroistre contre
les violences & les tyrannies du ministere, & l’interest qu’il a
dans la conseruation de cette Ville, dont la ruine seroit la sienne.

Vous allez de branche en branche, Apres le Parlement & le
Cardinal de Retz, vous entreprenez Mr le Prince, qui est vostre
principal dessein. Vous faites vn Paranymplic magnifique de
ses belles actions, & leur donnez quasi toute la splendeur & l’eclat
qu’elles semblent meriter, & dites que iusques alors il n’auoit
rien fait d’indigne de la grandeur de sa naissance, mais que
par vn changement estrange il est tombé depuis sa prison dans
vn abysme de tenebres ; de façon qu’au lieu de ioüir de ceux
belle reputation, & de ne penser qu’à reconnoistre par de nouueaux
feruices l’extreme obligation qu’il auoit au Roy de luy
auoir donné le Gouuernement de Guyenne, qui vaut trois fois
celuy de Bourgogne, on le vid se retirer de la Cour, aller en
Berry, passer en Guyenne, allumer la guerre de tous costez, se
saisir de l’argent du Roy, surprendre ses places, & s’oublier iusques
à tel point que de fléchir le genoüil deuant l’Espagne, rechercher
son assistence pour faire la guerre à son Maistre & à
son bien-faicteur, & pour comble de transport implorer le demon
à son secours en implorant celuy de Cromvel, sans que la
crainte de Dieu, ny le reproche de l’ingratitude & de la rebellion

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