Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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ne nous visitant iamais que pour nous faire du desordre & de
la peine, dont nous faisons vne funeste & cruelle experience, &
le Roy semblablement qui y rencontre plustost la diminution
de son authorité que le restablissement d’icelle, s’aneantissant
autant que la fortune du Mazarin augmente, qu’il a pour [1 mot ill.]
de cimenter de nostre sang, dans les vengeances qu’il medite il
y a si long-temps auec la Reyne, sans aucun respect de Dieu,
ny des sermens souuent reïterez deuant sa Majesté supreme,
dont le mépris doit attirer nostre hayne implacable, & fortifier
nos défiances en son endroit, & de nous vnir au contraire auec
Mr le Prince, qui par quelque voye que ce puisse estre a iuste
raison de combattre le parjure & l’infidelité sous laquelle on le
veut accabler auec tous les peuples, qui ne sont criminels qu’à
cause qu’ils sont genereux, & qu’ils se sont declarez ennemis
du plus scelerat de la terre, vitia dum prosunt, peccat qui recté facit.

 

Enfin, Mr le Royaliste, vous concluez auec beaucoup de ruze
& de subtilité, qu’il n’y a point de paix telle qu’elle puisse estre,
qui ne soit meilleure que la guerre entre des Citoyens, que le
mal est pire que le remede, que nous traiterons de bonne foy
sans crainte de seruitude ; & ne faut pour nous guerir veritablement,
que nous laisser tromper en apparence, & nous imaginer
que ce qui s’est passé depuis 1649. iusques à present soit le sujet
d’vne longue nuict, c’est à dire reuoir le Mazarin sur le Thrône,
& nous dans l’esclauage le plus dur & le plus rude qui ayt iamais
esté. Car quelque addresse & subtilité qu’il y ayt en vostre discours
pour nous representer les charmes de la paix, & les horreurs
de la guerre, sçachez que nous tenons vos opinions pour
heretiques en cette matiere, qu’il n’y peut auoir de paix auec les
meschans, que nous le connoissons aussi bien sans foy deuant
que depuis 1649. que sa sincerité n’a pas esté plus grande eu vn
temps qu’en vn autre, que nous ne voulons point la paix de sa
main, timen Danaos & dona ferentes, ny l’acheter au prix de nostre
honneur, de nostre liberté, de nos vies, & de nos consciences,
qu’il n’y a que son absence, & de ses adherans, qui puisse calmer
nos inquietudes, & dissiper les nuages qui nous empeschent de
reuoit nostre Soleil : la clairté duquel reuenant sur nostre horison,
& illuminant nos yeux, les peuples qui n’ont iamais esté
desobeïssans qu’au Mazarin, continueront leurs respects & sous

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