à son pere, pour luy mettre les Veïeus entre les
mains, le rusé ayant cét homme dans le jardin, faisoit
sauter en sa presence le reste des Pauots qui s’esleuoient
par dessus les autres herbes ; voulant par la faire entendre
à son fils, qu’il deuoit destruire & exterminer les plus
puissants, pour opprimer apres tous les autres. Ceux qui
ont entrepris contre Paris, dont le Cardinal Mazarin est
le plus passionné, veulent accabler tout ce qui leur peut
nuire, sur ses ruines Pour en venir plus aisément à bout,
il tasche de perdre les plus braues & les plus grands hommes
du Royaume, & fomente par ses suppots des conspirations
tous les iours contre nos Princes les plus fidels
pour enfin s’establir sur la perte de ce florissant
Estat ; SIRE, c’est à vous d’y prester promptement la
main, & de secourir vos peuples dans leur affliction la
plus grande. Vostre Royaume est tellement affoibly depuis
tant de troubles, qu’il faut auoüer que les fondemens
se trouuent tout à fait esbranlés, & la plus part des
racines de ce grand Arbre se voyent descouuertes, &
menacent de grande sterilité. Vostre Estat me fait ressouuenir
de ces belles Cometes, qui pour quelques mois
luisent la haut en l’air, tant que dure la matiere combustible,
dont elles sont composées ; nous voyons paroistre
leur belle cheuelure, elles sont, si vous voulez, plus
agreables que les Estoiles fixes de ce grand Firmament ;
Mais dedans quelque temps cette Com te se perd, se
dissipe, & disparoist à nos yeux, laissant seulement apres
soy matieres de discours, comme elle auoit donné pendant
sa subsistance de l’admiration. Vous en ferez de
mesme, si vous n’y preuoyez. Quoy donc ? le seul moyen
d’euiter tous ces mal-heurs, est de vous attacher auec
vos peuples par le clou argentin d’amour & de bonté, de
les receuoir en vostre protection, & les couurir sous vos
aisles, contre l’effort de leurs ennemis & les vostres ;
l’appelle vos ennemis, ceux qui par vne feintise toute
cachée estans aupres de vostre Personne, abusent de vostre

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