Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.
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au Roy dépoüillé. Ie ne parleray pas icy de l’Angleterre,
cét exemple me fait trop d’horreur : Ie diray seulement
que tels Princes sont ordinairement semblables à se
Samson du liure des Iuges, qui pour se venger des Philistins
ses ennemis, s’enseuelit auec eux sous vne mesme ruïne.
Mais quand il n’y auroit point d’autre raison pour destourner
les Princes de ces guerres funestes, que parce qu’ils font
souffrir iniustement vne infinité de pauures innocens, pour
punir seulement quelque peu de coupables, ou qu’ils estiment ;
tels ; Ne seroit ce pas assez pour les retenir, & les faire
plustost pencher vers la clemence ? Il y a plaisir à voir sur
ce sujet la harangue memorable que les Deputez du Senat
Romain, firent à Martius Coriolanus, lors qu’il tenoit la
ville de Rome, assiegée par l’armée des Volsques, dont il
estoit le chef, outré qu’il estoit de douleur d’auoir esté iniustement
banny par les Romains. Nous n’ignorons pas, luy
dirent-ils. Seigneur Coriolanus que l’on ne vous a fait grãd
tort de vous auoir chassé & banny de vostre Patrie, pour laquelle
vous auez tant fait & tant de fois si vaillamment
combatu, que vous estes comme son second pere & fondateur.
Nous sçauons bien aussi que c’est à bon droict que vous
estes indigné & marry de l’inique iugement que l’on a rendu
contre vous, veu que naturellement celuy qui est injurié
est irrité contre celuy qui luy fait injure. Mais nous sommes
merueilleusement estonnez que vostre iugement ne discerne
point par raison ceux sur lesquels vous pourriez iustement
vous vanger, d’auec ceux qui ne vous ont point fait
de mal ny d’outrage ; mais reputez indifferemment pour ennemis
autant les coupables que les innocens. Nous qui
sommes vos amis, & des plus anciens des Patriciens, sommes
icy enuoyez par vostre patrie & la nostre, pour nous
plaindre au nom d’icelle de ce que vous violez les loix inuiolables
de nature, & pour vous prier de vous déporter de
cette guerre, & entendre à vne bonne paix, vous offrans de
vous accorder tout ce qui sera à vostre honneur & à vostre
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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.