Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : E_1_86.
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sans l’ouyr, mais il le condamne d’auoir traitté ainsi Callisthenes qul
n’estoit qu’vn Philosophe, qui pour toutes armes n’auoit que ses Liures,
& pour toutes forces que ses Escoliers.

 

Plutarque accuse bien Galba de violence d’auoir fait perir sans ordre
iudiciaire Cingonius Varro, Mitridate le Pontique, & Petronius
Turpillianus, qui n’estoient que des hommes priués : Mais à l’esgard de
Fonteius & de Macer, il dit au contraire que Galba fit fort sagement
de les faire mourir sans les formalitez de la Iustice, par ce qu’ils commandoient
les armées & qu’ils auoient toutes les forces de l’Empire.

Le Tribun Virginius se rendit ridicule à Rome, quand il assigna Sylla
de comparoistre deuant ses Iuges.

On ne se moqua pas moins de Metellus, qui creut par des intercessions,
& de simples remonstrances empescher Iules Cæsar de se saisir
des deniers publics, lors que sa coniuration faisoit desia trembler la
Republique, & que Pompée fut sorty de Rome.

Les Magistrats & tous ceux à qui l’on a commis la cause publique, ont
des loix pour la paix & pour la guerre : ils en ont pour ceux qui les
craignent & qui les reuerent. Mais ils en ont aussi d’autres pour ceux
qui les mesprisent & qui veulent triompher de leur authorité. C’est
comme les Pilotes qui ont des Quadrans pour le iour & pour la nuict,
pour la Bonnace, & pour la Tempeste.

Les scrupules & les formalitez de Iustice sont pour les Citoyens &
non pas pour les ennemis. Ceux qui viennent comme le Cardinal Mazarin
à main armée, qui viennent faire violence à la police du Royaume,
& à toutes les loix, n’en doiuent pas reclamer la protection & le secours.
Il n’y a point d’Azile pour les criminels & pour les coupables, on
n’en donne qu’à ceux qui sont persecutez, & non pas à ceux qui persecutent.

Ie demande enfin à nos Politiques Modernes si c’est obseruer la loy,
que d’attendre qu’elle perisse, & de perir auec elle. Ie leur demande lesquels
des Iuifs furent plus Religieux ; ou de ceux qui n’ayant pas voulu
combattre le iour du Sabat contre Vespasian & Pompée, par ce que
la Loy le defendoit, deuinrent esclaues des Romains, virent piller leurs
Autels, & prophaner tous leurs Temples : ou de Iesus Naué & des
Machabées, qui le iour du Sabat triompherent de leurs ennemis. Au
contraire, dit le grand Tertullien, les premiers abandonnerent la Loy &
les derniers combattirent pour elle : Ils maintinrent le Sabat, la Religion
& les Sacrifices.

Il faut donc conclure que quand il s’agist de venger l’iniure publique,
les formalitez ne sont plus de saison, c’est l’esprit de la loy, c’est

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Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : E_1_86.