Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : C_12_34.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 20 --

sans l’ouyr : mais il le condamne d’auoir traitté ainsi Callisthene qui
n’estoit qu’vn Philosophe, qui pour toutes armes n’auoit que ses Liures,
& pour toutes forces que ses Escoliers.

 

Plutarque accuse bien Galba de violence d’auoir fait perir sans ordre
iudiciaire Cingonius Varro, Mitridate le Pontique, & Petronius
Turpillianus, qui n’estoient que des hommes priués : Mais à l’esgard de
Fonteius & de Macer, il dit au contraire que Galba fit fort sagement,
de les faire mourir sans les formalitez de la Iustice, parce qu’ils commandoient
les armées, & qu’ils auoient toutes les forces de l’Empire.

Le Tribun Virginius se rendit ridicule à Rome, quand il assigna Sylla
de comparoistre deuant ses Iuges.

On ne se mocqua pas moins de Metellus, qui creut par des intercessions,
& de simples remonstrances empescher Iules Cesar de se saisir
des deniers publics, lors que sa coniuration faisoit desia trembler la Republique,
& que Pompée fut sorty de Rome.

Les Magistrats & tous ceux à qui l’on a commis la cause publique, ont
des loix pour la paix & pour la guerre : ils en ont pour ceux qui les
craignent & qui les reuerent. Mais ils en ont aussi d’autres pour ceux
qui les mesprisent & qui veulent triompher de leur authorité. C’est
comme les Pilotes qui ont des Quadrans pour le iour & pour la nuict,
pour la Bonnace, & pour la Tempeste.

Les scrupules & les formalitez de Iustice sont pour les Citoyens &
non pas pour les ennemis. Ceux qui viennent comme le Cardinal Mazarin
à main armée, qui viennent faire violence à la police du Royaume,
& à toutes les loix, n’en doiuent pas reclamer la protection & le secours.
Il n’y a point d’Azile pour les criminels & pour les coulpables, ou
n’en donne qu’à ceux qui sont persecutez, & non pas à ceux qui persecutent.

Ie demande en fin à nos Politiques Modernes si c’est obseruer la loy,
que d’attendre qu’elle perisse, & de perir auec elle. Ie leur demande lesquels
des Iuifs furent plus Religieux ; ou de ceux qui n’ayant pas voulu
combattre le iour du Sabat contre Vespasian & Pompée, parce que la
Loy le defendoit, deuinrent esclaues des Romains, virent piller leurs
Autels, & prophaner tous leurs Temples : ou de Iesus Naué & des Machabées,
qui le iour du Sabat triompherent de leurs ennemis. Au contraire,
dit le grand Tertullien, les premiers abandonnerent la Loy, & les
derniers combattirent pour elle : Ils maintinrent le Sabat, la Religion
& les Sacrifices.

Il faut donc conclure que quand il s’agist de venger l’iniure publique,
les formalitez ne sont plus de saison, c’est l’esprit de la loy, c’est

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : C_12_34.