Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
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est deuenu tout à fait excessif & insupportable à la necessité du
peuple : mais tout va bien, tout est permis, tout est dans l’ordre,
pourueu qu’on accable vn seul Cardinal Mazarin, comme autre
fois vn grand homme reprochoit aux Atheniens de negliger
leurs propres affaires, & de laisser tous les coupables impunis,
pour la passion de se venger d’vn seul Philippe Roy de Macedoine ;
quoy que ce Philippe estant l’ennemy irreconciliable de
ces Grecs, ils fussent bien plus excusables de le prendre pour
obiet vnique de leur haїne, que ne sont ceux qui n’ont dans
l’esprit que le dessein d’opprimer ce Cardinal, dont ils deuroient
plustost defendre l’innocence pour les grands seruices
qu’il a rendus à leur patrie.

 

Plato, apud
Cicer. ep. 9. Tantum cõtendere in
republica, quantũ probare
tuis ciuibus
possis.
vim neque
parenti, neque
patriæ
afferri oportere.

Demosth. O.
lymp. 3. Orat.
de falsa negat.

Ie sçay bien que ceux qui s’opposent au rappel & au restablissement
de ce Prelat illustre, quoy que depuis peu il ait renoncé
publiquement au ministere de l’Estat, alleguent à toute
heure, que c’est vne entreprise qui ne peut apporter que de
grands troubles dans la France : mais s’il est veritable que ceux
qui apprehendent tous ces maux & tous ces desordres, sont les
seuls qui les peuuent faire naistre, dequoy se plaignent-ils ? &
qu’apprehendent-ils ? ils craignent des miseres, dont ils peuuent
seuls estre les autheurs, il est donc facile de les conuaincre
& de les desarmer de ce vain pretexte ; qu’ils demeurent en repos,
qu’ils ne fassent point de mal, & il n’y en aura point.

Ie laisse à part que la maniere dont on a chassé le Cardinal,
en y forçant le Roy par le tumulte de tant de factions & de menaces,
peut passer pour vne raison, & vne necessité de le r’appeller,
rien n’estant si contraire à l’authorité Royale, que de
luy arracher par la voye de la force ce qu’on n’en doit obtenir
que par celle des prieres, ny rien de si propre à soustenir la Maiesté
du Prince, que d’agir auec liberté, & de paroistre toûiours
inflexible à la violence que luy auoient voulu faire ceux qui luy
doiuent obeїr.

Ie soustiens seulement qu’en cette occasion la volonté du
Roy ne pouuant estre combatuë, que par vn desordre, vne confusion,
& vn embrasement de toute la France, tout homme de
bien & tout veritable & bon François est obligé, selon son pouuoir
d’éloigner la cause d’vn mal si déplorable, & déclairer l’aueuglement
des peuples, en leur faisant voir que cette image

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Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.