Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
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nous ordonnent pas de preferer incomparablement la volonté
du Roy à la volonté d’vn Parlement, qui ne peut auoir de iuste
volonté que celle du Roy ? Ce qui a fait dire au plus esclairé &
au plus admirable des Peres de l’Eglise, que si l’Empereur commande
vne chose & ses Ministres vne autre ; il faut obeїr au
commandement de l’Empereur, & non pas à celuy de ses inferieurs
& de ses Ministres, n’estant pas vn crime aux particuliers
de vouloir plustost ce que veut le Roy, que ce que veulent ses
Ministres : mais au contraire estant vn crime manifeste aux Ministres
du Roy, de vouloir autre chose que ce que le Roy veut.

 

Remarquez en suitte la difference & l’inégalité du traitement,
que reçoiuent deux personnes, qui arrestent sur elles auiourd’huy
les yeux de toute la France, ou pour mieux dire de toute
l’Europe. L’vn va contre le Roy, & l’autre accourt pour le secourir :
l’vn a conspiré auec les ennemis de cette Couronne, &
& l’autre est armé pour la defendre : l’vn appelle les estrangers
par mer & par terre, & l’autre les vient chasser : & toutesfois,
chose estrange, on fauorise le premier, & on persecute le second :
on fortifie les iniustes entreprises de l’vn en differant de
le condamner, & on affoiblit les efforts loüables de l’autre, en
les traittant de desobeїssance & de rebellion : Enfin on absout
en quelque maniere le coupable, pour faire paroistre l’innocent
plus criminel & plus odieux que le coupable mesme. En verité
plus ie pense à ce mystere, & plus ie me pasme d’estonnement ;
vit-on iamais qu’vn suiet du Roy, ayant traitté auec l’ennemy,
& l’ayant introduit dans les places de l’Estat, vn Parlement ayt
loüé son entreprise ; & l’ait declaré legitime pour vn certain
temps & sous certaines conditions ? Conclurre & arrester que
l’on attendra de verifier les Declarations portées contre Monsieur
le Prince, qui commande des troupes Espagnoles, & leur
permet de se fortifier en Guyenne, en Poictou & en Champagne,
iusques à tant que Monsieur le Cardinal ait vuidé le Royaume :
n’est ce pas conclure & arrester que l’Espagnol aura droit
d’y demeurer, & de s’y establir tout le temps que Monsieur
le Cardinal y demeurera ? & n’est-ce pas menacer le Roy,
que s’il souffre dans sa Cour vn de ses Ministres, on souffrira que
ses ennemis demeurent les maistres de son Estat ? Enfin nous viuons
dans vn temps si déplorable, qu’on n’apprehende pas de

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