Anonyme [1651], LE VOEV DES BONS BOVRDELOIS FAIT A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ GOVVERNEVR DE GVYENNE. , françaisRéférence RIM : M0_4045. Cote locale : B_7_38.
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poissons muets & languissans sur l’arene ; espée fatale qui n’a plûtost
veu l’air & le iour qu’elle a fait voir les tenebres & la mort à ses
ennemis ; presence épouuentable, qui ne s’est plustost presentée à
l’armée, qu’il a esté veritable de dire en vn moment veni, vidi, vici,
Il est venu poussé par vostre Saint Esprit, & le Genie sacré de toute
la France : Il a veu le nombre innombrable de ses ennemis ; il a
veu les villes rebelles, les forteresses mutinées, les ports & les passages
assiegez : mais il n’a plustost veu cette engeance il n’a plustost
veu ses forces ennemies qu’il les a vaincuës, non pas que la fortune
les luy aye peschées & mises dans ses reths en dormant ; mais la sueur
du Carquois, la force de son bras, la foudre de l’espée beniste de son
Dieu les luy a renduës entre ses mains, auec vne si douce & clemente
victoire exempte d’insolence, que les vaincus s’estimoient plus
heureux que les vainqueurs mesmes ; Il n’a voulu teindre ses lauriers
du sang de ses ennemis, que lors que par humble soubmission, ils ont
refusé l’oliue. Il a donné tout à la vertu & rien à la fortune, attribué
tout à la clemence, & rien à la rigueur, consigné tous ses droits à la
iustice & rien à la passion : Continuez mon Dieu à benir ses armes
Royales, afin qu’il puisse vn iour grauer cette deuise sur la lame de
son espée d’vn costé : Nulla placet nisi sit clemens victoria ferri : & de
l’autre costé, Hic quicumque Dio rutilabit lethifer ensis. Continuez à luy
inspirer le mesme courage pour le zele de vostre Eglise, que rien
n’arreste le cours de ses victoires, l’aisle de la victoire, aisle aussi viste
que son pied, les trophées accompagnent tousiours ses combats, la
Castille & l’Austriche chantent incessamment ses loüanges, Norlingue,
Ftisbourg & Rocroy, loüent tousiours ses exploits guerriers,
que le champ de Mars ne se lasse iamais de luy porter des lauriers,
puis qu’il ne se lasse iamais de luy fournir de nouueaux suiets de conqueste:
sur tout mon Dieu ie vous prie que sa valeur soit secondée
de la fidelité de ses suiets, & sa vertu soit accompagnée du bon & masle
courage de toute la Gascogne, que comme pour l’amour de nous
il s’est dépoüillé de tous ses propres interests, nous ne regardions
aussi que son seruice : Vous auez beny nos vœux, vous auez exaucé
nos prieres, vous nous auez accordé le premier Prince de la terre
pour estre nostre Gouuerneur, si nous n’eussions pas souffert long-temps
vne iniuste tyrannie qui a veu brûler nos maisons, rauager nos
campagnes, destruire nos moissons sans s’émouuoir, nous n’aurions
pas le bon-heur de ioüir d’vn Prince dont toutes les actions sont heroïques ;
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Anonyme [1651], LE VOEV DES BONS BOVRDELOIS FAIT A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ GOVVERNEVR DE GVYENNE. , françaisRéférence RIM : M0_4045. Cote locale : B_7_38.