il n’est que vie, il sçait iusques où il faut conseruer la vie,
est-il donc pas iuste de se remettre du tout en sa prouidence
& en sa volonté ? Quand ainsi seroit, que nous qui
sommes bloquez par vne armée tyranne & Cardinaliste,
voir expiré le terme de nos iours, aurions nous raison d’y
trouuer à redire, puis que nous sçauons bien que le tout-puissant
retire les vns du berceau, les autres en la fleur
de leur âge, & qu’enfin l’on meurt par sa volonté, enfans,
ieune, ou vieil.

Representons-nous que nous ne sommes pas venus
au mõde pour y regler les termes de la vie, ny pour establir
des loix à la mort, mais bien seulement pour obeyr à
celles de Dieu ; s’il est certain que les oyseaux du Ciel,
les animaux de la terre, & iusques aux fourmis mesmes,
sont nourries & esleuez par cette saincte Prouidence,
n’auons nous pas raison de iuger, que l’homme qui est
creé à l’image de son Dieu, & qui a esté racheté par le
precieux sang du Sauueur du monde ne subsiste que par
elle ? Tous les hommes en general sont secourus, assistez,
& maintenus par cette mesme Prouidence, ne deuons
nous donc pas croire qu’elle a vn particulier soin des fidelles
enfans de Dieu qu’il s’est reserué, & dõt il ne veut
pas qu’aucun perisse. C’est d’eux, dont il ne s’esloigne
iamais, ny de presence, ny d’affection, il loge en eux
comme dans son Temple pour les sanctifier, & incessamment
il est autour d’eux pour les couurir de sa faueur,
& les cacher de tous costez sous l’ombre de ses
aisles. Ne doutons donc point qu’il ne nous des-assujettisse
bien tost de la tyrannie, où le Cardinal veut continuer
de nous faire viure.