Anonyme [1652 [?]], LE ROYAL AV MAZARIN Luy faisant voir par la raison & par l’histoire. I. Que l’authorité des Roys sur la vie & sur le bien des Subjets est fort limitée, à moins qu’elle ne soit tirannique. II. Que l’authorité des Princes du Sang est essentielle dans le gouuernement. III. Que l’authorité des autres Parlemens de France, pour les affaires d’Estat, est inferieure & subordonnée à celle du Parlement de Paris. IV. Que les Prelats n’ont point d’authorité dans le maniment des affaires d’Estat, & que leur deuoit les engage de n’auoir d’attachement que pour le sanctuaire. , françaisRéférence RIM : M0_3561. Cote locale : B_10_4.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 17 --

Nous voulons bien que nos vies & nos biens luy
apartiennent, mais dans le mesme sens qu’il le voudroit
luy mesme, s’il n’estoit conduit que par la seule
bonté de son naturel ; qu’il en dispose souuerainement,
mais non pas en Tiran ; qu’il expose nos vies
particulieres pour les interests de l’Estat, mais qu’il
ne nous les rauisse pas, pour les immoler par caprice
au Mazarin ; qu il rachepte le bel estat de nostre premiere
liberté auec nos biens, mais qu’il ne nous despoüille
pas pour reuestir vn Estranger, & qu’il ne
nous reduise pas à l’aumone pour ietter vne abondance
monstrueuse dans la maison du Mazarin.

C’est en ce sens que nous pretendons que nos vies &
nos biens sont à la disposition de nos Monarques ; &
que nos Souuerains peuuent les prodiguer au gré de
leurs volontez, supposé qu’ils s’y sentent obligez par
le iuste dessein de sauuer l’Estat : mais de croire que
nos Souuerains puissent nous rauir nos vies & nos
biens au gré de leurs caprices sans aucun motif emprunté
des interests de l’Estat ; c’est à dire que l’honneur
de nos vierges leur doiue estre prostitué en hommage,
comme iadis dans la tirannie des Payens, aux
Roys de l’Asie ; qu’ils puissent esleuer la superbe de
leurs Palais sur les debris de nos pauures maisons,
comme l’injuste Achab dans la Iudée, ou Charles le
mauuais dans le Royaume de Nauarre ; qu’ils ayent
vn droit despotique de faire vn carnage de petits enfans,
pour en faire des bains comme vn Constantin
auant le Christianisme, qu’ils puissent faire esgorger
au gré de leur cruauté, ceux que bon leur semblera,

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652 [?]], LE ROYAL AV MAZARIN Luy faisant voir par la raison & par l’histoire. I. Que l’authorité des Roys sur la vie & sur le bien des Subjets est fort limitée, à moins qu’elle ne soit tirannique. II. Que l’authorité des Princes du Sang est essentielle dans le gouuernement. III. Que l’authorité des autres Parlemens de France, pour les affaires d’Estat, est inferieure & subordonnée à celle du Parlement de Paris. IV. Que les Prelats n’ont point d’authorité dans le maniment des affaires d’Estat, & que leur deuoit les engage de n’auoir d’attachement que pour le sanctuaire. , françaisRéférence RIM : M0_3561. Cote locale : B_10_4.