LE QV’ASTV-VEV
DE LA COVR.
Ou les contre-veritez.
LASSÉ des fatiques d’vne ennuyeuse guerre, & d’vn
long siege, ie sortis l’autre iour hors de la ville pour
m’aller promener iusqu’aux Bons hommes, & là diuertir
ma melancholie, & me réioüir sur l’esperance
du retour du beau temps. Comme les chemins estoient en
quelques façon libres, & qu’on l’aissoit sortir hors les portes
qui vouloit, & entrer de mesme, ie creus que peut-estre en me
promenant ie pourrois faire rencontre de quelqu’vn de mes
amis qui viendroit de S. Germain, comme la pluspart ont suiuy
la Cour, y estans obligez ou par leurs charges ou par inclination.
Ie creus le lieu de la promenade le plus propre à mon
dessein, veu que si ie l’attendois à la ville, ie ne pourrois pas
apprendre si-tost la venuë, & d’ailleurs qu’il seroit obligé de
rendre des visites, ou d’en receuoir au mesme instant, ce qui
m’empescheroit d’auoir la liberté de luy parler franchement,
& luy de me dire plus particulierement les nouuelles. Ie ne me
trompay point dans mon calcule & dans mon opinion, & le
choix que ie fis du Cours la Reine me fut tres fauorable ; car
apres y auoir fait vn tour ou deux, & m’estre diuerty dans ma
melancholie par le chãt gracieux de l’aloüette, par le gazoüillement
de plusieurs oysillons, & par leurs entrebaisers innocents
& amoureux, apres auoir attentiuement admiré le doux
murmure de la riuiere, l’agreable serenité de l’air, & la merueilleuse
dispositiõ de la terre à receuoir sa verdure & sa beaute
accoustumée. Ie vis estant au bout du Cours du costé de
Anonyme [1649 [?]],
LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez. , français
Référence RIM : M0_2941. Cote locale : A_7_11.