Anonyme [1652], LE PRINCE POPVLAIRE, ESCRIVANT AVX DEVX COVRONNES, DE FRANCE ET D’ESPAGNE. Leur faisant voir exactement tous les Motifs, & importantes qu’il y a de faire la Paix Generalle. Auec les moyens necessaires pour appaiser les troubles de ce Royaume. , français, latinRéférence RIM : M0_2868. Cote locale : B_16_14.
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tellement de vos courages que les haines & les vengeances
esteignissent l’embrasement de vos Prouinces, par la
ruine des hommes & la desolation de vos Villes, & que
vous demeurassiez en doute, duquel des deux vous auriez
plus de perte ? Destournez, s’il vous plaist, ces mauuaises
pensées de vos Conseils : ramenez vos esprits à la
concorde, & ioignez ensemble vos Armées, pour les employer
courageusement à la commune defense de la Foy
que vous professez, pour l’auancement de la gloire de
Dieu, pour l’honneur de son Eglise, & pour seruir les
Chrestiens affligez. Le sujet est pressant, le pretexte non
seulement specieux, mais, helas ! trop veritable, de voir
le Turc ennemy conjuré de nostre salut, auancer ses conquestes
parmy vos dissensions, & s’auantager en ses progrez
aux despens de toute la Chrestienté. Pourroit-il
souhaitter vn temps plus propre à ses desseins, que la
discorde d’entre vos deux Couronnes, & fomenter ses
ambitions, que dans la des vnion de vos volontez ? lesquelles
ralliées & raffermies, sont capables, non seulement
de l’obstacler ; mais de le poursuiure à toute outrance,
& remettre la Croix en ses pays, auec autant
d’honneur, qu’honteusement & auec ignominie, on en
auroit souffert l’enleuement ? Ne vous consommez point
vous-mesmes par vos contentions reciproques ; quittez
les entreprises que vous auez les vns sur les autres ; relaschez
quelque peu de vos droits & enuoyés coniointement
vos armées au deuant de cét Infidel, qui n’a point
d’autre espoir de son agrandissement, que dans vostre
mesintelligence & la dissolution de nos mœurs. Faites
que doresnanant ce soit le suiet de vos conquestes, l’exercice
de vos Armées, le relief de vos trophées, & l’apareil
de vos triomphes. Estouffez les transports, & premiers
mouuemens de vos coleres, qui font conuertir
vostre amour en haine, dont les commencemẽs ont esté
si terribles, la continuation si deplorable, qu’il est à craindre
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Anonyme [1652], LE PRINCE POPVLAIRE, ESCRIVANT AVX DEVX COVRONNES, DE FRANCE ET D’ESPAGNE. Leur faisant voir exactement tous les Motifs, & importantes qu’il y a de faire la Paix Generalle. Auec les moyens necessaires pour appaiser les troubles de ce Royaume. , français, latinRéférence RIM : M0_2868. Cote locale : B_16_14.