Anonyme [1649], LE POLITIQVE ESTRANGER, OV LES INTRIGVES DE IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2814. Cote locale : A_7_2.
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du Roy pendant sa minorité : ils se trouuerront bien loin de leur
compte quand le Roy sortira de page, ie ne leur demande qu’vn
mois de ce temps-là pour leur faire voir que ma patience n’est
pas cajonnerie, comme ils se l’imaginent ; & ie vous donne le
plus huppé d’entr’eux dans la Bastille du moment que le Roy
pourra dire ie veux sans le consentement de la Reyne sa mere.

 

Iusques à ce temps-là ie vous confesse que mes interests me sont
mille fois plus chers que ceux de toute la France, & que i’aimerois
mieux que tout le Royaume fut sous la domination du Turc,
que de souffrir vne picqueure d’espinglé au bout du doigt ; Et ie
vous asseure que si dans vn certain temps les affaires generales &
particulieres ne changent, & que ie voye qu’il ne fasse pas bon à
Paris pour moy, & que le Parlement continuë à me pousser,
comme ie voids qu’il en prend le chemin, ie transporterai le siege
du Roy hors de Paris en quelque ville du Royaume, où ie serai
en seureté, & d’où ie me vangerai à loisir de la canaille aussi
bien que du Parlement, quand tout le Royaume deuroit perir ; si
c’est estre mal-habille homme que de penser genereusement à sa
seureté particuliere, i’aduoue que ie le suis extremement.

Messieurs du Parlement de Paris ont faict auec moy, & ie
m’en vangerai par l’authorité du Roy, lors qu’il sera maieur, si
ie ne le puis faire pendant le reste de sa minorité. Si i’en ay recherché
quelques-vns d’amitié, ce procedé ne peut pas estre appellé
ridicul ny extrauagant : Ie voids bien presentement qu’il
est impossible que iamais la confiance se restablisse de part &
d’autre.

Le sieur d’Auaux est encor vn de ceux de qui ie dois apprehender
la societé, parce qu’il est de race de gens qui ne pardonnent
point les offenses, & qu’il a sujet de se plaindre de la protection
que i’ay départie au sieur Seruient pendant la diuision qui
a esté entre eux deux estans à Munster. I’ay essayé de me bien
remettre auec luy en apparence pendant les troubles & les
assemblées du Parlement, à cause du President de Mesmes son
frere qui estoit capable de m’y seruir, & qui est homme qui ne
manque pas d’ambition ny de pretentions. Mais à present ie ne
me soucie ny de l’vn ny de l’autre, & i’espere leur faire voir à leur
tour que ie ne les crains gueres, & que ie m’en passerai fort bien.

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Anonyme [1649], LE POLITIQVE ESTRANGER, OV LES INTRIGVES DE IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2814. Cote locale : A_7_2.