Anonyme [1652], LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT La Harangue des Deputez. La Response du C. M. La Trahison du Duc de Loraine. Le Magazin des Recompenses dudit C. M. Et celuy des Princes. TROISIESME PARTIE. , français, latinRéférence RIM : M0_2452. Cote locale : B_18_3.
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Conseil tenu entre le Maz le Barb. le Bor. l’Abé F. &
le sieur B. Sur les troubles de Paris.

LE C. M. On dit qu’à l’œuure on voit l’ouurier,
voila bien de la matiere qui se presente,
nous verrons bien si vous estes habiles gens, tout

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Paris est encore opiniastré contre moy, tous mes
supposts ny sont point en asseurance, & me voila
pourtant par vos conseils icy à S. Denis, quid factam,
quo fugiam, quo me vertam nescio

 

Le Barb. Il ne faut point encore vous desesperer,
il ne faut pas faire naufrage au port, nous en
auons desia bien essuyé d’autres, nous viendrons
bien encore à bout de celle-cy. On dit que c’est
que les Parisiens sont desesperez du rencherissement
du pain, & que Gonesse a desia manqué deux
fois, il faut y pouruoir : car il est vray que la faim
chasse les loups hors du bois, il leur en faut enuoyer
cette fois-cy auec escorte, & deux trompettes
qui aillent iusques dans la Ville ; lesquels estans
infailliblement interrogez des Bourgeois quand le
Roy viendra à Paris, leur respondront : quand
vous voudrez, il ne tient qu’à vous, ne deuriez-vous
pas desia estre allez le supplier de reuenir, &
s’ils repliquent : amenera-t’il le Cardinal Mazarin ?
il leur faudra dire : il amenera le Cardinal & la Paix,
le refuserez-vous ainsi ? Ie croy qu’il s’en trouuera
fort peu qui dise oüy, tant s’en faut on les voudroit
tenir tous deux.

Le M. Mais quoy Monsieur, si cela arriuoit ; il
faudroit donc que ie m’en allasse auec le Roy à Paris,
il me semble que ce seroit bien me hazarder.

Le Bar. C’est vne autre question, car s’ils nous
accordent ce point, nous leur accorderons la Paix,
laquelle estant faire, il sera loisible de s’aller diuertir

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à S. Germain ou à Fontaine-Belleau, & ie croy
que vous ne manquerez pas de le suiure, & cependant
nous laisserons dissiper ces vapeurs exalées par
la fureur du peuple, & qui nous menaçoient de
l’orage, & puis nous retournerons à Paris, comme
si de rien n’estoit.

 

Le M. Ce n’est pas mal-auisé, & vous Monsieur,
que vous en semble.

Le Bor. Monsieur ie ne trouue pas cet expedient-là
mauuais.

Mais si auparauant cela, nous tentions de deffaire
les troupes des Princes, on dit qu’elles sont
foibles, si cela arriuoit, nous aurions encore bien
meilleur marché des Parisiens.

Voila le secours de Senneterre, qui est de dix-huit
cens hommes, ou plustost dix-huit cens Diables ;
car ils enragent de se battre. Ie sçay bien que
l’Hostel de Ville est pour nous, sur le bruit qu’on
a fait courir que le Roy venoit à Paris, & vous
enuoyer pour quelque temps dehors prendre l’air
de l’Alemagne, celuy-cy vous estant contraire. Pour
se piquer d’auantage de respect enuers le Roy, ils
ont resolu de receuoir sa Majesté, sans condition,
auec qui il luy plairoit, cela nous doit toucher beaucoup
à les bien traicter, auec cela nous auons fait
courir vn autre bruit que la Paix estoit faite, & que
mesme Monsieur le Prince en auoit presenté les
articles à S. A. R. laquelle a seulement insiste sur
celuy-là, qui est, que le Roy entend, que Monsieur

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le Prince consente que Sa Majesté fera reuenir
quand il luy plaira vostre Eminence apres l’auoir
esloignée. Pour moy, ie vous diray que toutes ces
intelligences pour gagner les Peuples & les desvnir,
toutes ces intrigues & ruses, ce n’est encore
rien. Il faut battre l’armée des Princes, & puis
nous viendrons à bout de tout ; Il faut gagner les
simples par finesse, & les resolus par la force.

 

M. Vous dites bien, mais les Princes tirent de
long, ils ne veulent rien hazarder en campagne, &
prennent des postes auantageux, si bien que nous
ne serions pas asseurez de les deffaire, ce seroit peut-estre
tomber de fievre en chaud-mal, ne nous pressons
point tant, tout dépend de Paris, s’il est pour
nous, ma foy les Princes ont beau faire, nous les
tenons : c’est à quoy il ne faut rien espargner.

Maz. Et vous Monsieur F. quel est vostre auis.

FIN.

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Anonyme [1652], LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT La Harangue des Deputez. La Response du C. M. La Trahison du Duc de Loraine. Le Magazin des Recompenses dudit C. M. Et celuy des Princes. TROISIESME PARTIE. , français, latinRéférence RIM : M0_2452. Cote locale : B_18_3.