Anonyme [1652], LE COVRRIER BOVRDELOIS, APPORTANT LA NOVVELLE de l’heureux Accouchement DE MADAME LA PRINCESSE, Et celles de l’Estat des Affaires DE LA GVYENNE. Du 26. Septemb. 1652. , françaisRéférence RIM : M0_811. Cote locale : B_6_37.
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LE COVRRIER
BOVRDELOIS,
Apportant la Nouuelle de l’heureux
Accouchement de Madame
la Princesse ;
Et celles de l’Estat des Affaires
de la Guyenne.

De Bordeaux le 26. Septemb. 1652.

LA nuict du 19. au 20. de ce mois dans
l’Archeuesché de cette Ville, Madame
la Princesse accoucha heureusement
d’vn enfant masle, que les Medecins, quoy
qu’ils le iugent n’estre que de sept mois,
croyent estre de vie. Nos Habitans ont témoigné
par les Feux de loye qu’ils ont fait
sur les Fossez de l’Hostel de Ville, & dans les
Ruës, celle que leur donne la naissance de

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ce Prince Bourdelois, qui doit porter le nom
du Duc d’Albret.

 

Les maladies continuelles ont depeuplé
quantité de pays de la Gascogne ; où le pain
mesme est rare en beaucoup d’endroits, tant
la disette est y grande ; de laquelle cette Ville
se ressent aussi, trouuant à dire son abondance
ordinaire, & acheptant tout beaucoup
plus cher qu’on n’auoit icy accoustumé. Les
bleds que nous attendons de Bretagne, &
d’autres endroits par mer, nous font esperer
que la cherté du pain y diminuëra.

Monsieur le Prince de Conty, qui est à present
malade, le Duc de Guise, & le Comte
de Maure, grand Senêchal de Guienne, ont
souuent assisté aux Assemblées de l’Ormée,
qui se font dans nostre Hostel de Ville, la
consideration de ce lieu, la liberté des suffrages,
& la presence de ces deux Princes,
qui prennent auec nos Bourgeois plusieurs
resolutions pour le bien de cette Ville, doiuent
faire changer d’opinion à tous ceux du
Royaume, qui se sont laissez persuader que
cette Assemblée n’estoit qu’vn tumulte, &
vne faction de populace. Elle est proprement

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vn Conseil de Ville composé de tous les
Corps mesmes de tous les Officiers du Parlement,
ausquels l’on fait declarer qu’ils n’y
entrent que comme Bourgeois, pour les avertir
de ne se donner pas l’authorité d’entreprendre
sur la liberté des suffrages : Cette
Assemblée soûtenant que dans les Deliberations
des Affaires de la Guerre, où il s’agit
du salut de tous les particuliers, les Charges
ne donnent que le rang d’opiner, & non
pas vn pouuoir absolu d’ordonner tout ce
qui peut leur sembler bon.

 

Certains creanciers de quelques Messieurs
de ce Parlement ne pouuant en estre payés,
à cause qu’il ne se trouue Huissier ny Sergent
qui ose leur porter aucun exploit, si ce n’est
de leur consentement, ont eu recours à cette
Assemblée, qui leur a enuoyé representer
que les Offices de Conseiller en la Cour ne
les rendoient pas exempts de payer leurs
debtes.

Nous auons aduis que les Troupes du
Roy, commandées par le Marquis Du-Plessis-Belliére,
lesquelles on fait monter à trois

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mil cinq cens Hommes depied, & sept cens
Cheuaux, aprés auoir demeuré dans la Xaintonge
l’Hyuer, & presque tout l’Esté passé,
ont trauersé le perigord, & se sont iointes
prés la Riuiere de Dordogne à celles qui sont
soubs le Commandement du Comte de l’Islebonne
de-là la Garonne. Quelques-vns
croyent icy que ce Marquis a ordre de la
Cour de conduire ses Troupes deuers la Catalogne.
Le Regiment de nos Bourgeois est
retourné dans son poste de la Bastide, aprés
s’estre retiré de deuant le Chasteau de la
Brede, qui est à trois lieuës de cette Ville ;
laquelle place gardée comme elle est par soixante
Hommes de pied, trente Caualiers,
& plusieurs Paysans, il a reconnu ne pouuoir
prendre sans canon, qu’on n’a pas voulu
faire conduire ; le Baron à qui elle appartient,
& qui a esté blessé aux sorties qu’il
a faites, ayant promis d’estre neutre. Toute
cette Prouince soûpire pour la Paix, ne souhaittant
rien tant que de voir qu’on la luy
presente asseurée ; Toutes ses Villes, & particuliérement
cette Capitale, estant prestes

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d’oublier tous les mauuais traitemens qu’elles
peuuent auoir receu de la Cour, & de
se preparer par toutes sortes de soumissions
à r’entrer dans les bonnes graces de sa Majesté.

 

FIN.

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Anonyme [1652], LE COVRRIER BOVRDELOIS, APPORTANT LA NOVVELLE de l’heureux Accouchement DE MADAME LA PRINCESSE, Et celles de l’Estat des Affaires DE LA GVYENNE. Du 26. Septemb. 1652. , françaisRéférence RIM : M0_811. Cote locale : B_6_37.