Anonyme [1649], DECLARATION SVR LE SVIET, ET LA FORME DE L’ENTREE DE SON Asse. IMPERIALE LARCHIDVC LEOPOLD EN FRANCE, ET DE SA RETRAITTE, Apres l’Accommodement, fait entre la Regence & le Parlement de Paris, auec les Princes & Seigneurs Associez. , françaisRéférence RIM : M0_958. Cote locale : A_2_52.
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DECLARATION
SVR LE SVIET,
ET LA FORME DE L’ENTREE
DE SON Asse. IMPERIALE
LARCHIDVC LEOPOLD
EN FRANCE,
ET DE SA RETRAITTE,

Apres l’Accommodement, fait entre
la Regence & le Parlement de Paris,
auec les Princes & Seigneurs Associez.

A CAMBRAY,

M. DC. XLIX.

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DECLARATION
Sur le sujet, & la forme de
l’Entrée de son Altesse Imperiale
en France, & de sa
Retraitte, apres l’accõmodementfait
entre la Regence
& le Parlement de Paris,
auec les Princes & Seigneurs
Associez.

ENCORE que la rupture du traitté de Vervins,
& la forme des hostilitez de toutes especes,
continuées depuis tant d’années, en touts
les en droits de la Monarchie d’Espagne, accompagnée,
& mesme precedées d’intelligence, & conspirations

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secrettes ; depuis, publiques & ouuertes,
pour le souleuement d’aucuns Subjets, & Estats
de la mesme Domination, sous le nom, & authorité
des Roys tres-Chrestiens Louys treiziesme &
quatorziesme, eussent pû legitimer touts les efforts,
que l’on auroit voulu faire, & touts les aduantages,
que l’on auroit voulu prendre, de quelque
qualité & condition, qu’ils fussent, pendant
les derniers troubles arriuez au Royaume de France.
Neantmoins, comme l’vnique objet des armes
de sa Maiesté Catholique, n’a iamais esté la
vengeance, ny moins la desolation des Peuples dudit
Royaume, desia assez trauaillez & sur-chargez
de vexations Domestiques : Mais bien la reünion
& pacification honneste, sincere, & asseurée des
deux Couronnes pour le soulagement des Subiets
de l’vne & l’autre, & l’assistance tant necessaire à la
Serenissime Republique de Venise ; Contre l’inuasion
& attaque de l’Ennemy commun. Son Altesse
Imperiale le Serenissime Archiduc Leopold Guillaume,
auroit en cette conformité, éuite de porter
aucun interest, ny dommage à la France, pendant
le cours de semblables mouuements, & mesme
differé fort long-temps d’y entrer à main-forte ; iusques
apres estre deüement & suffisamment informé
du veritable suiet & fondement que le premier
Parlement du Royaume, (qui est celuy des
Ducs & Pairs, & le lict ordre de la Iustice des Roys
tres-Chrestiens,) auroit eu conioinctement auec

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plusieurs Princes, Grands, & Officiers de ladite
Couronne, de se mettre en deffense pour euiter
l’extreme ruine, & oppression, dont ils estoient
menassez, à cause des droites intentions qu’ils
auoient témoignez à l’acheminement & conclusion
de la Paix : la quelle se verroit pareillement opprimée
auec eux, en cas qu’ils vinssent à succomber
sous le ioug qu’on leur vouloit imposer, & la violence
dont ils se trouuoient pressez. En suitte dequoy
ayant plusieurs fois inuité sadite Altesse (par
des Caualiers de condition, enuoyez expres de
leur part, & par eux mesme immediatement, en la
personne de celuy que son Altesse auoit deputé,
pour apprendre de plus prez & plus distinctement
leurs intentions) de se vouloir auancer auec partie
des troupes qui estoient sous son Commandemẽt,
pour diuertir le malheur qu’ils apprehendoient
Sans se preualoir d’vne telle occasion au destriment
ny de leur Roy, ny du Royaume ;Son Altesse
accourrant librement à vne telle condition,
comme du tout aduenante à ses sentiments, & à la
resolution, qu’elle auoit desia prise, de ne chercher
en cette rencontre, que la voye d’honneur, & qui
pourroit plus droitement conduire au but de la
Paix tant desirée par sadite Maiesté : ainsi que les
Alliez mesme de la France l’ont recõnu, & confessé
publiquement ; Elle seroit en suitte passée auec
forces considerables dans la Picardie ; sans y occuper
aucune place, & auroit delaissé aussi celles que

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les armes de la France detiennent dans les Pais-Bas,
quoy que bien aduertie du peu de resistance qu’elles
auroient pû faire ; pour estre defournies d’hommes,
& de munitions, & hors d’espoir de se voir
secouruës, tant elle apprehendoit d’alterer les bonnes
dispositions que ledit Parlement, auec les Princes,
Grands, & Officiers y joints, luy asseuroient
estre de leur costé : & vouloir conduire à vn prõpt
effet, touchant la pacification & repos reciproque
des deux Couronnes. Faisant aussi garder vne si
exacte discipline entre les gẽs de guerre, que de leur
marche, & conduite dans la France, n’en est resulté
que profit, & aduantage, à tous les lieux de leur
passage & seiour, ainsi qu’il est notoire à vn chacun ;
Apres que son Altesse ayant sceu, que par le
moyen de son approche, & la diuersion, qu’elle
auoit causée, la Ville Capitale du Royaume se
trouuoit soulagée de la necessité, où elle estoit reduitte
auparauant, & que le Parlement en suitte
auoit fauorablement traitté pour Soy & ses Associez.
Encore que les loix fondamentales dudit
Royaume, & l’authorité d’vne telle Compagnie,
à qui la conseruation desdites loix en est confiée
ne peust estre blessée ; Elle se seroit retirée auec le
mesme ordre, qu’elle estoit venuë, sans laisser n’y a
l’entrée, n’y a la sortie aucunes marques d’hostilité ;
mais celles seulement de la generosité & grandeur
de sa Majesté, & si vtile à toutes les principales parties
dudit Royaume, que la gloire & consolation

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de la voir remis en état de mieux encourir cy apres ?
& par vœux plus vnis, & plus authorisez que du
passé au bien vniuersel de la Chrestienté, par le
moyen d’vn mutuel accommodement, sur l’exemple
de ceux faits autrefois entre les deux Monarques,
apres des guerres de moindre durée, &
de moindres deuastations, que celles à qui la passion,
& les interests particuliers du feu Cardinal de
Richelieu ont donne ouuerture, & dont la suitte
s’est retiree de mesme plan qu’il en auoit dresse ;
faisant vn meslange entre les affaires de France, &
de beaucoup d’estrangers & hors de toute proportion
& iustice. Pour de tant plus esloigner les peuples
de l’vne & l’autre domination, du fruit & espoir
d’vne sainte Reconciliation, en laquelle leurs
Maiestez tres Chrestiennes, iointes par de si étroits
liens de Consanguinité & de Religion auec sa Maiesté
Catholique, ne deuroient pas ceder à la Reine
de Suede, (qui bien que de differante Religion &
sans parantage auec l’Empereur) a temoigné de
vouloir se pacifier auec luy. Estant aussi certain que
leursdites Maiestez tres Chrestiennes trouueroiẽt
en ce cas, sa Maiesté Catholique tousiours preste de
rentrer dans les traittez de Paix (ausquels les Ambassadeurs
de France sont venus les derniers, &
dont ils se sont retirez les premiers) & d’entendre à
toutes conditions raisonnables, & pratiquez entre
les Princes Chrestiens, qui pourront conduire à
vne si bonne fin, comme celle que de la part de sadite

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Maiesté Catholique, on s’est proposé, en l’accommodement
auec la Couronne de France : Et à
cét effet, principalement a esté iugé conuenir de
faire la presente Declaration, afin que le bien Vniuersel
ne soit dauantage reculé, sur la doute qu’on
pourroit auoir que les intentions de sadite Maiesté
fussent aucunement alterez à ce regard, par la separation
de l’Assemblée de Munster. Fait à Cambray
le 10. Avril 1649.

 

FIN.

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