Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1652 [?]], LA RESPONCE DV ROY, A Messieurs les Deputez du Parlement de Paris, pour asseurer le Traité de la Paix. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_59.
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LA
RESPONCE
DV ROY,
A Messieurs les Deputez
du Parlement de Paris,
pour asseurer le Traité
de la Paix.

A ORLEANS,
Chez GILLES HOTOT, Imprimeur du Roy,
de son Altesse Royale, & de la Ville.

Auec Priuilege de sa Majesté.

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LE Roy auoit suiet
de se promettre que
son Parlement de
Paris, interessé au
poinct qu’il est à la
manutention de la
dignité Royale,
apres auoir fait reflexion
sur l’estat
present du Royaume, ne voudroit pas insister
dauantage sur vne chose que des Sujets
rebelles, assistez des forces d’Espagne,
demandent à sa Majesté les armes à la
main ; & ce sentiment est si iuste & si naturel,
que ceux des Officiers de sa Majesté
qui sont plus esloignez des maux que lesdites
forces font souffrir à ses fidels Sujets
en ont esté touchez, le parlement de Bretagne
ayant declaré à celuy de paris, qu’il
differeroit de deliberer sur ce sujet, iusques
à ce que les troupes estrangeres, qui

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estoient entrées dans le Royaume sans les
ordres de sa Majesté, en fussent sorties ;
toutefois sa Majesté ne voulant rien obmettre
de ce que l’on croit qui puisse contribuer
au repos de son Estat, a bien voulu
passer sur toutes ces iustes considerations,
& faire entendre à sadite Cour, que sa Majesté
ayant examiné murement en son Cõseil,
ce qui luy a esté representé par les Deputez
de son parlement de Paris, & les Declarations
qui luy ont esté données, a vn
sensible regret, qu’vne Compagnie dont
elle croit les intentions bonnes, & où il y a
tant de personnes sages & auisees, ne connoisse
pas que la demande à laquelle l’on
insiste pour l’esloignement de Mr le Cardinal
Mazarin, n’est qu’vn pretexte, & que
la cause veritable des troubles presens est
l’interest & l’ambition de ceux qui ont pris
les armes & allumé la Guerre Ciuile, lors
que ledit sieur Cardinal estoit sur le Rhein
& ayant esté vnaniment iugé par tous ceux
qu’elle a appelé à cette deliberation, que
l’on ne guerit iamais les maux d’vn Estat,
tant que l’on ne s’arreste qu’aux pretextes,

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puisque la source en estant inespuisable,
l’on fait aisément succeder l’vn à l’autre, &
que l’vnique moyen est d’en oster la veritable
cause.

 

Pour cet effet quand le Roy se disposeroit
de permettre audit sieur Cardinal de
se retirer en luy donnant vn employ esloigné,
apres que sa Maiesté luy aura rendu
iustice pour la reparation de son honneur,
il ny a personne qui ne doiue demeurer
d’accord qu’il faut auparauant voir clairement
que la seureté publique s’y rencontrera,
l’experience du passé obligeant d’en
prendre d’autant plus de soin que chacun
se peut souuenir de la confusion & des defendre
[3 mots ill.] du consentement
que le Roy donna à l’esloignemẽt
dudit sieur Cardinal au cõmancement de
l’année derniere ; quoy que l’on eust rien
oublié d’imprimer dans les esprits, cõme
l’on fait maintenant, que cet esloignemẽt
produiroit le bonheur de l’Estat.

C’est pourquoy il est de la prudence de
sa Majesté pour donner vn prompt & durable
repos à ses sujets, & pour ne pas retõber
dans les mesmes incõueniens du passé

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d’y pouruoir par des moyens solides, d’autant
plus que sa Majesté est bien informee
qu’au mesme temps que les Princes declarent
qu’ils poseront les armes aussitost que
ledit Cardinal sera esloigné, ils font des
offres toutes contraires ailleurs pour fortifier
leur party du costé des Estrangers, &
y attirer d’autres des sujets de sa Maiesté
qui y sont à present, & que la declaration
que Monseigneur le Duc d’Orleans a faite
depuis peu de iours aux Escheuins de la
ville de Paris, qu’il n’auoit point de pouuoir
sur les trouppes de Lorraine, qu’il a
aduoüé auoir fait venir, ne s’accorde pas
auec celle qu’il a fait au Parlement.

 

Que le Traité que Mr le Prince de Condé
a fait auec les Espagnols, ne porte pas qu’il
posera les armes lors que ledit Cardinal sera
esloigné, & il ne pourroit pas en faire de
mention, puis qu’il estoit en Allemagne
quand il a esté signé : mais bien qu’en d’autres
conditions qui sont tres preiudiciable
à cet Estat & au seruice de sa Maieste serõt
accomplies, qu’il faut donc auoir des seuretez
reelles & positiues de la part desdits
Princes de l’execution de ce qu’ils offrent,

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& pour cet effet sçauoir ;

 

S’ils renonceront à toutes ligues & associations
qu’ils ont contractees auec les Estrangers,
& à tous traitez particuliers qu’ils
ont faits auec les sujets de sa Maiesté cõtre
son seruice.

S’ils ne pretendront aucune chose apres
l’éloignement dudit sieur Cardinal.

Si en ce faisant ils se rendront aupres de
sa Majesté pour la seruir enuers tous & cõtre
tous, comme leur deuoir les y oblige.

S’ils feront sortir du Royaume les Estrãgers
qu’ils y ont fait venir, & si l’on se
peut asseurer que celles d’Espagne & les
Lorraines veulent se retirer, sans que l’on
leur donne ce qu’ils pourroient demander
au preiudice du Roy & de l’Estat.

Si les troupes qui sont sous leurs noms
qui font la guerre à sa Majesté en diuers
endroits du Royaume seront licentiées.

Si celles des Espagnols qui sont à Stenay, Bourg
en Guyenne & autres lieux se retireront, & si
elles refusoiẽt de le faire, quel moyen Monsieur
le Prince de Condé proposera pour les y forcer.

Si Monsieur le Prince de Conty & Madame
de Longueuille rentreront dans leur deuoir, &

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si Monsieur le Prince de Condé a pouuoir de le
promettre de leur part.

 

Si le dit Prince de Conty ne se de partira pas de
toutes sortes de pretentions.

Si lesdits Princes ont pouuoir des personnes
de qualité qui les ont suiuis de donner asseurance
à sa Majesté de l’obeyssance qu’ils luy doiuent
& qu’ils renonceront à toutes ligues & associations
qu’ils pourroient auoir fait contre son seruice.

Si les Villes & Places fortifiées & gardées
sous les ordres de Mr. le Prince de Condé, ne seront
pas remises en l’estat ausquelles elles estoiẽt
auparauant les presens mouuemens.

Si la Ville de Bourdeaux ne rentrera pas dans
son deuoir, & si les establissemens qui ont esté
faits contre le seruice du Roy depuis les presens
mouuemens, ne seront pas reuoquées, & toutes
les choses remises en l’estat qu’elles deuoient
estre, suiuant les articles de la Declaration du
Roy du mois de Decembre 1649.

Enfin, il faut que sa Majesté soit bien éclaircie
de toutes les choses mentionnées cy dessus,
& qu’elle soit informée des resolutions sur icelle,
& des asseurances qu’ils peuuent donner
pour en rendre l’execution bien certaine, afin
que les remedes que sa Majesté voudra appliquer
aux maux dont l’Estat est à present trauaillé
soit vtile & efficace. Fait à Melun le seiziesme
iour de Iuin mil six cens cinquante-deux.

Signé LOVIS,

Et plus bas, DE GVENEGAVD.

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