Anonyme [1652], LE IOVRNAL CONTENANT LES NOVELLES DE CE QVI SE PASSE DE plus remarquable dans le Royaume pendant cette guerre Ciuille. A Paris le vendredy 23. Aoust 1652. , françaisRéférence RIM : M0_1740. Cote locale : B_18_11.
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LE IOVRNAL
CONTENANT LES
NOVELLES DE CE QVI SE
passe de plus remarquable dans
le Royaume pendant cette
guerre Ciuille

A Paris le Vendredy 23 Aoust 1652.

LE 17. du courant Monsieur le Chancellier
Seguier, alla au Palais d’Orleans,
pour obtenir de son A. R. vn passe port,
pour aller en Cour, disant qu’il auoit receu vne
Lettre de Cachet du Roy par laquelle sa Majesté
luy faisoit commandemẽt de venir à la cour
pour reprendre l’excercice de sa charge Mais le
dit Chancellier fut rebuté par son Altesse Royalle
qui luy respondit vieux Pere l’y aduiseray
venez moy trouuer dans trois iours, & Monsieur
le Prince qui se trouua pour lors dans la
chambre prit la parole disant Monsieur n’auois

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ie pas bien dit à vostre A. R. que cest, homme
estoit vn des Meschants hommes du Royaume ?

 

Le mesme iour Monsieur de vallencé partit
pour le Berry où il a ses terres, aiant asseuré M.
le Prince qu’il estoit à son seruice & qu’il fetoit
leuer le siege de Mouron, que la Noblesse estoit
portée pourrõ parti & que la Prouince ne pouuoir
plus souffrir les voleries du Comte de Palluau
& de ses soldats.

Le mesme iour Monsieur Charton President
aux Enquestes qui est vn des seize, colonele &
vn des Emissanes du Cardinal de Retz fasché
de ce qu’il n’auoit peu obtenir la charge de Preuost
des Marchands nonobstant la charge de Preuost
celle du C. de Retz fit defences à tous ceux de
sa compaignie de payer la taxte portée par l’arrest
du Parlement & deliberation de la Maison
de Ville sur les portes Cocheres & autres.

Dimenche dernier 18. du courant le C. M.
traitta le Roy à Pontoise auec toute sorte de
Magnificence Et la Cour se disposa pour partir
le lendemain pour aller accompaigner le dit C.
sa Majeste auoit enuoyé ses Maresehaux des logis
à Amiens pour tenir sa route de ce coste là
Mais les habitans aiant fait entendre que le C.
M. n’y seroit pas le bien venu les logements ont
esté changez.

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Le 19. le Roy donna à disner au C. M. à Pontoise,
lequel prist congé de leurs Majestez & de
toute la Cour, & partit auec 500. Cheuaux,
alla coucher proche de Gonnesse. Le lendemain
fut traitté par Guenegaut au Fresne, d’où
il fut coucher à Meaux, & ainsi il prend la toute
de Rethel. Et le mesme iour le Roy partit
pour Compiegne & coucha à Liencour.

Monsieur le Prince fit detacher sur la minuict
du Lundy au Mardy 800. Cheuaux, auec
commandement de marcher nuict & iour sans
s’arrester que pour prendre leur nourriture :
Quelques-vns ont creu qu’ils deuoient aller à
la poursuite du C. M. mais on a reconnu que
c’estoit pour aller secourir Mouron, qui est
pressé par le Comte dé Palluau.

Il y a nouuelles de Champagne du 15. du
courant, qui portent que les Lorrains sont és
enuirons de Reims, tenans la Campagne, sans
pouuoir entrer dans les Bourgs & Villages les
Paysans s’estans amassez & fortifiez, aymant
mieux abandonner leurs Moissons, que de voir
violer leurs femmes & leurs filles.

Monsieur le Prince fit commandement le
19. à 1500. Cheuaux d’aller à Beine, qui est vne
maison du Mareschal de l’Hospital, proche de
S. Preüil, sur le chemin de Dreux. Cette maison

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a esté ruinée entierement & mise en mesme
estat que celle du President de Nemon, ruinee
par les Troupes du Mareschal de Turenne.

 

Le 20. du courant a esté donné Arrest par le
Parlement de Paris, portant commandement
au sieur de l’Afemas d’apporter dans trois iours
les Petits Seaux, sur peine d’estre priué de sa
charge.

Il a esté aussi donné vn autre Arrest par le
mesme Parlement, portant cassation du pretendu
Arrest donné à Pontoise : par lequel le
Parlement de Paris est interdit, estant enjoint
à tous les Officiers de se rendre dans Ponthoise
dans huict iours apres la signification dudit
Arrest, sur peine aux contreuenans de la perte
de leurs Charges, lesquelles seront venduës, &
les deniers qui en prouiendront, employez
pour la subsistence des Armes de sa Majesté :
auec deffenses au mesme Parlement de Paris,
de receuoir aucuns Presidents ou Conseillers,
soit pour suruiuance ou autrement.

Le Syndic aussi des Procureurs du Parlement
de Paris, a receu vne Lettre de Cachet du Roy,
laquelle il a apporté au Parlement : par laquelle
il est enioint à tous les Procureurs de la Cour
de se transporter à Ponthoise, auec toutes les
pieces de leurs parties, à peine d’estre declarez

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criminels de leze Maiesté, & que comme tels
leur procez leur sera fait & parfait. Cét Arrest
a esté cassé par Arrest de la Cour, & le mesme
iour a esté receu President au Mortier Mons.
le Bailleul, qui auoit la suruiuance de feu Monsieur
son pere.

 

Le mesme iour vingtiesme, le President de
Bailleul fut deputé auec Messieurs les Presidents
de Nemon & de Maisons vers S. A. R. &
Monsieur le Prince, pour les supplier de se
trouuer à l’Assemblée du Parlement, qui se
doit tenir le vingt-deux ou vingt troisiesme,
afin d’auiser aux moyens pour faire la Paix
ayant eu aduis que le Cardinal Mazarin s’estoit
retiré de la Cour, & qu’il s’acheminoit
vers la Frontiere, & seroit bien-tost hors le
Royaume.

L’Armée du Roy commandée par le Mareschal
de Turenne, est dans Gonnesse & aux enuirons,
n’ayant resté dans Pontoise que le Regiment
de la Marine, pour garder le pretendu
Parlement qui y a esté estably.

Hier 22. du mois S. A. R. & M. le P. renouuellerent
leurs protestations au Parlement, de poser
les Armes aussi tost que le C. M. seroit hors
du Royaume & de se demettre de leurs charges
de Lieutenant de l’Estat & de General des Armées :

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ce qui nous fait esperer la Paix si la [1 mot ill.]
vse d’autant de sincerite que nos Princes & le
Parlement. Mais on apprehende la guerre plus
que iamais, veu que la Cour nonobstant le
partement du C. a ennoyé signifier à tous les
Ambassadeurs, par le Grand Maistre des Ceremonies,
de se retirer hors de Paris, & de se
rendre aupres du Roy. En suite de la Declaration
des Princes, la Cour a ordonné qu’il seroit
deputé vers le Roy pour le remercier de l’esloignement
du C. M. & le supplier de venir dans
sa bonne Ville de Paris.

 

A Bourdeaux le 15. Aoust 1652.

Nous auõs icy appris qu’il y a eu cõbat entre
la Flotte du Duc de Vẽdosme & des Espagnols,
apres auoir eu quelques escarmouches pendãt
deux iours. On écrit de la Rochelle que l’armée
Mazarine y a perdu 1200. hommes, qu’il y a des
Nauires enfoncez, 5. Vaisseaux qui sont sur les
vases rompus, & autant de Bruslots qui ne firẽt
aucun effet perdus, que le Combat a esté fort
opiniastré de part & d’autre, & que si les Vaisseaux
du Comte du Daugnon eussent fait leur
deuoir, tout la Flotte Mazarine eust coulée à
sonds. Les Espagnols y ont perdu deux Vaisseaux,
l’vn nommé la Natiuité, & l’autre nommé
la Victoire.

FIN.

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Anonyme [1652], LE IOVRNAL CONTENANT LES NOVELLES DE CE QVI SE PASSE DE plus remarquable dans le Royaume pendant cette guerre Ciuille. A Paris le vendredy 23. Aoust 1652. , françaisRéférence RIM : M0_1740. Cote locale : B_18_11.