Anonyme [1651], CATALOGVE DES PARTISANS. ENSEMBLE LEVR GENEALOGIE & extraction, vie, mœurs & fortunes. , françaisRéférence RIM : M0_646. Cote locale : D_1_47.

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CATALOGVE
DES PARTISANS.

Ensemble leur Genealogie & extraction, vie,
mœurs & fortunes.

LA succession de Cornuel, cy-deuant Intendant des
finances.

Cornuel son frere, cy-deuant Thresorier de l’extraordinaire
de la guerre, qui demeure ruë des Francs-bourgeois,
a plusieurs belles terres aux champs, rentes sur la
Ville & autres biens.

La succession de Ragonnois, Commis dudit Cornuel
Thresorier, dont la veufue demeure aux Marais ruë d’Anjou,
qui est extremement riche, quoy qu’elle n’ait rien eu
en mariage.

La succession de Duvouldi, beau frere dudit Cornuel
Intendant, dont la veufue demeure aux Marais rue des
Quatre-fils, est extrement riche, & aduances ses enfans
en mariage de plus de quarante mil écus chacun, en nombre
de dix.

Vaille Conte beau frere dudit Cornuel Intendant demeure
dans le Temple.

D’Alibert confident dudit Cornuel, qui demeure rue
des Vieux-Augustins, a esté de tous les traitez qui se sont
faits, par le moyen desquels il possede de grands biens, tant
en maisons dans Paris, qu’en rentes constituées, & deniers
comptans.

Betaut leur associé demeure rue Geoffroy-Lasnier.

Le Fevre allié dudit Cornuel, qui demeure prés l’hostel
d’Espernon, estoit vendeur d’huile à Melun, a commencé

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de s’en richir par le pillage qu’il a fait des deniers du Roy
prouenans de l’imposition mises aux entrées du vin, lors
du siege de Corbie, & depuis par plusieurs traitez de taxes
faits sur les Officiers.

 

Boutin Nogent Cousin Germain, & associé duditle Fervre,
demeuue au Marais rue d’Anjou.

Caninet beau frere dudit le Fevre demeure auec luy.

Des brosses Guenegaud Commis dudit Cornuel Intendant,
demeure rue Neufue S. Loüys.

Le Vasseur fon beau pere, demedre en mesme maison.
Mauroy Commis dudit Cornuel Intendant, demeure au
Marais rue Poitou.

Bordier fils d’vn Chandelier, qui demeure au Marais
rue des trois Pauillons, a esté generalement de tous les
traitez qui se sont faits iusques à present, dont il s’est enrichi
au point, qu’outre les grandes despences, & aduantages
qu’il a fait à ses enfans, ayant donné à sa derniere fille huict
cens mil liures : Il a fait faire vn bastiment qui luy couste
plus de quatre cens mil escus, & a achetté vne charge
huict cens mil liures, sans compter sa maison de Paris, ses
beaux meubles, & plusieurs autres biens qu’ils possedent,
montans six fois plus que ce qui est cy-dessus.

Macquart son Commis demeure proche de luy.

La Forest son nepveu demeure aux Marais, rue Sainct
Anastase.

Doublet, qui a fait toutes les Maltotes du Clergé, & le
retranchement des rentes des cinq grosses Fermes, demeure
au Marais prés ledit Bordier.

Ses associez entr’autres sont du Mars ; qui demeure rue
Beaubourg.

Margonne demeure prés ledit Bordier.

Himaque demeure rue des Rosiers.

Gargain l’aisné loge au Marais, prés la rue Chappon.

Le Vasseur l’aisné loge au Marais, prés la rue S. Louïs.

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Debordeaux qui a iadis fait banqueroutte, & à present
demeure ruë de Francs-bourgeois, a aussi esté de tous les
traitez, & possede des biens immenses, dont la declaration
seroit trop longue.

Maillet son confident & associé, qui a traitté du sol pour
liure, & des taxes des Aysez sur les Tailles, a eu pour associez,
outre ledit Debordeaux & autres, les cy-apres nommez,
sçauoir,

Deffunt Galland, dont la veufue est à present remariée,
demeurant prés l’eschelle du Temple, dans vn Palais magnifique,
que ledit deffunt a fait bâtit, & possedans plusieurs
belles terres aux champs ; rentes constituées, & argents
monnoyez.

Le Camus son beau-frere, qui demeure ruë S. Avoye
prés ladite eschelle du Temple, a fait bastir vne superbe
maison à Colombe, qui reuient à plus de cent mil écus, &
possede plusieurs autres grands biens, quoy qu’il ne soit fils
que d’vn Notaire.

Demons Commis dudit Galland à present, & qui demeuroit
il y a six mois en la ruë du Temple, prés la ruë
Chappon, d’oû il est deslogé pour éuiter le pillage de sa
maison, & est allé demeurer en la Cousture de S. Catherine
prés les Iesuittes, & se fait appeller Vicomte d’Andreselle,
qui est vne terre considerable qu’il a acquis depuis
peu, outre sondit Office, qui luy couste quatre cens mil liures,
sans compter plusieurs autres biens qu’il possede, tant
en rentes constituées, qu’immeuble, & argent contant,
quoy qu’il n’ait espouse que la fille du Plombier de la Pompe,
dont il n’a eu que dix ou douze mille liure en mariage,
& qui ne soit que fils d’vn ouurier en soye de Tours.

Picard fils d’vn Cordonnier, qui depuis a esté Thresorier
des Parties Casuelles, a esté interessée auec lesdits Cattelan,
Demons, Galland, le Camus & autres, en tous les
traitez cy-dessus, outre plusieurs qu’il a faits, il demeure

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au Marais rue du grand Chantier prés les enfans Rouges,
& prend le titre de Marquis de d’Ampiere, dont il a fait acquisition,
outre plusieurs autres biens qu’il possede.

 

Ce Demons, & ledit Camus sont associez de Cattelan
au retranchement des gages & droicts de tous les Offices
de France, aux traitez des taxes du droict Royal, confirmation
d’eredité, Offices quatriennaux, taxes d’Aysez, sur
les entrées de Paris, & plusieurs autres traitez,

Bonneau, fils d’vn ouurier en soye de Tours, a esté de
toutes les Maltoutes, & est encor à present Fermier des gabelles,
auec les nommez Meraus, Roland Quentin, de Richedourg
& Aubert, lequel Aubert a esté Laquais, & nonobstant
a esté Noble, compagnie de Gabeleurs au despens
des deniers du Roy, acquierent des Marquisats, & autres
terres considerables par les volleries qu’ils font sur lesdites
gabelles, & sur les taxas dont ils se sont faits Partisans sur
Officiers d’icelles, mesme sur les rentes de la Ville qu’ils
ont faits retrancher, & en ont consommé les fonds iusques
à plus de vingt cinq millions depuis dix ans.

Marin est fils d’vn païsan de Bourgogne & entr’autres
des traittez qu’il a faits. il a eu celuy de la suppression des
droits alienez sur les Tailles & Gabelles, en l’année 1634.
qui a ruiné tous les Officiers du Roy, & autres particuliers
interessez en ses affaires, pour enrichir vne douzaine d’autres,
qui y auoient interests entr’autres.

Ledit Cornuel Intendant, & son frere ledit deffunct du
Vouldy, d’Alibert, deffunt Boyer qui a laissé ses enfans riches
de plus d’vn million chacun.

Lesdits Bonnean, dont l’vn qui est mort a laissé à chacun
de ses enfans plus d’vn million : Ledit deffunct Galland est
mort riche de plus de six millions de liures, & n’a point
laissé d’enfans, son bien ayant esté partagé entre la veufue
& son frere.

Defunct Camus, qui demeuroit derriere S. Leu a laissé

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à ses enfans, en nombre de neuf, plus de quatre cens mil
escus chacun, & auoit interessé en sa part ses deux fils aisnez,
dont l’vn est à present Controolleur general des finances ;
l’autre est mort, & a laissé à sa vefue plus de cent mil liures
de rente, d’acquisition par luy faits ; laquelle apres auoir
vescu en vefve gaillarde pendant six ou sept ans, s’est en fin
remariee depuis peu, & a esté ledit le Camus & sesdits fils
interessez en toutes les Fermes & traittez qui ont esté fait
pendant sa vie.

 

D’Emery pendant son intendance, Controlleur general
& Surintendant, a pris des pots de vins & des pensions, fait
rembourser des rentes, & sous diuers pretextes & moyens
a diuerty & destourné les deniers du Roy, pour les appliquer
à son profit, comme il paroist notoirement en ce que
depuis 15. ou 20. ans il a despensé plus de quinze cens mil liures
par an, fait de grandes & considerables acquisitions,
basty des Palais somptueux tant à la ville qu’aux champs,
ornez de meubles precieux, dont l’estimation est presque
impossible : pendant chacun sçait qu’il n’a eu aucuns biens
patrimoniaux, son pere & son frere estans morts insolvables
dans la Conciergerie, apres auoir fait banqueroute à
leurs legitimes creanciers ; aussi l’inclination qu’il a toûjours
eu au larcin luy ayant fait entreprendre de voller iusques
dans la garderobbe du Roy, il fut pour la reparation condamné
à estre pendu : Ce qui n’a esté executé par la corruption
des mauuais Iuges, qui ont mieux aimé le sauuer pour
de l’argent, que de le faire executer : Les suppots & compagnons
de ses débauches, débordemens, larcins, violemens,
& persecutions, qu’il a exercez pendant ses emplois, & auec
lesquels il partageoit le butin, sont,

Petit son honneste compagnon, qui est celuy qui receuoit
tous les pots de vins & pensions, par le moyen dequoy
luy & Chabenat son gendre, esleué dans les mesmes intrigues,
ont acquis plus de chacun vn million de biens, quoy

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que comme il est notoire ledit Petit fut auparauant Procureur
au Chastelet, à tort & sans cause, & ledit Chabenat copiste
au Conseil.

 

Catelan, cette engeance venu des montagnes de Dauphiné,
lequel apres auoir esté Laquais en cette ville, fut
marié par Cornuel Intendant à la sœur d’vne nommée la
Petit, sa bonne amie, à present femme d’vne nommé Nauarot
Pourtraict : Lequel mariage dudit Catelan, iceluy
Cornuel donna audit Catelan, en faueur dudit mariage,
tous les Offices des Sergens vaccans iusques alors ; & en
suite ledit Catelan s’est aduancé dans la Maltote sous feu
Bullion & Tubeuf ; & entr’autres traittez a fait ces deux
retranchemens des gages, droicts & reuenus de tous les
Officiers de France, dont il a fait faire la recepte & recouurement,
sous le nom d’vn nommé Moysel, qui est son
Neveu, & s’appelle Catelan comme luy ; cependant il luy a
fait prendre ledit nom suppssé de Moysel, pensant le mieux
mettre à couuert de ses volleries & exactions.

Tabouret fils d’vn Fripier de cette ville, depuis Notaire,
& en suite Maltotier associé dudit Catalan, a fait de son
chef toutes les taxes, creations, & augmentations des Gresfiers
du Royaume, par le moyen dequoy ce drolle, outre ses
superbes bastimens, & plusieurs acquisitions qu’il a fait à la
campagne, a donné en mariage depuis six mois à vne sienne,
fille plus de six cens mil liures, & en a asseuré autant apres
sa mort.

Cantot beau-frere dudit Tabouret est son associé.

De Laune Conseiller au Chastelet, est principal associé
dudit Catelan, & est cause de tous les traittez qu’il a faits,
luy ayant fourni les moyens & l’argent.

La Railliere a esté Fermier des Aides auec le nommé
de Moussea, où ils ont vollé les Rentiers de l’Hostel de
Ville, par les presens & corruptions qu’ils ont faits audit
d’Emery, en consideration dequoy l’on a diuerty ausdits

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Rentiers trois quartiers, & deux entiers de leurs rentes
en vne seule fois, sans compter les autres friponneries &
pillages qui ont esté faits depuis sur lesdites rentes, tant par
retranchement qu’autrement, le tout ensemble se montant
à douze millions de liures, ou peu s’en faut, & outre ledit
la Railliere auec le nommé Vanel dit Trecourt, qui sont
à present Fermiers des entrées, ont fait le traité des quinze
cens mil liures de rentes sur lesdites entrées, créez en 1644.
pour raison dequoy ils ont taxé sous le titre d’Aysé, qui
bon leur a semblé, & sous de faux Roolle ont exigé lesdites
taxes auec des violences horribles en cette ville de Paris,
& en la campagne, quoy que par l’Edict d’alienation desdites
rentes, il soit expressement porté qu’il n’en pourroit
estre fait aucun Traité.

 

Leurs principaux associé en iceluy sont d’Emery, Petit,
Bordier, Galand, de Bordeaux, de Mons, de Camus, de
Halus, famerel, Collebert, Picart, Housset, Payen & plusieurs
autres.

Ce d’Emery outre les pillages & volleries qu’il a fait publiquement,
& qui sont notoires à vn chacun, a fait rembourser
sur le fond du Roy plusieurs rentes sur les tailles &
autres natures, en faueur de cinq ou six femmes ses bonnes
amies en diuers temps, qu’il a enrichis extremement par ces
moyens illicites, & lors qu’il n’a pû faire croire ledit remboursement
sur le fond du Roy, il a baillé les fermes & traitez
de sa Majestez à vil prix à ses Maltotiers confidens, à la
charge de satisfaire audit remboursement, & mémes à ceux
des rentes, de son beau pere le Camus, & de toute sa famille,
en sorte que par ces moyens il a escorqué aux finances du
Roy plus de quatorze millions de liures.

Tubeuf dans ses commencemens Scribe & Commis de
Monsieur Bardin, à la suitte du Conseil, estãt paruenu à l’intendance,
a introduit les prests sur les deniers du Roy, en
faueur de la veufue Deffiat, de la veufue le Camus, & d’autres,

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lesquelles pour quatorze cens mil liures que l’on feignoit
qu’elles aduanceroient au Roy, tiroient des remboursement
du double, c’est à dire deux millions huict cens mil
liures, & pour celle, c’est difference de quatorze cens mil liures,
l’on prenoit pretexte d’amortir au profit du Roy cent
mil liures de rentes sur les tailles, qui pouuoient valloir au
prix courant enuiron trois cens mil liures, tellement que
l’on faisoit perdre au Roy onze cent mil liures, qui estoient
partagez entre lesdits pretendus Presteurs, & l’Intendant
auec les Commis aussi : Voit-on que ledit Tubeuf qui n’a
jamais eu deux mil écus de patrimoine, son grand pere
estant Boucher, possede des biens inombrables, tant en
charges, Palais, maisons des champs que deniers comptans,
outre les dépenses Immenses qu’il a faites, tant pour les
femmes que pour le jeu, estant certain qu’il s’est trouué telle
nuict qu’il a perdu plus de cent mil écus, il a interest auec
la Mesteraye, & plusieurs autres leurs amis & confidens
dans les impots & billons de Bretagne, qui ont esté alienez
depuis dix ans à moins d’vn millions de liures au profit du
Roy, quoy que ce soit vne Ferme de plus de cinq cens mil
liures par an.

 

La Picardiere Commis dudit Tubeuf est vn pauure garçon
de Loches, destitué par sa naissance de toutes sortes de
biens de fortune, cependant par les contributions qu’il a
eu aux corruptions de son Maistre, & par l’interest qu’il a
pris dans plusieurs affaires auec des Traittans, se trouue
possesseur aujourd’huy de plus d’vn million de bien.

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