Anonyme [1652], CARTEL AVX BONS FRANCOIS, POVR LA MAIORITÉ DV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_642. Cote locale : B_1_10.
CARTEL AVX BONS François pour la Majorité du Roy.
ENFIN voicy venir la feste, Que chacun des Subjets s’appreste De voir le plus puissant des Rois Assis sur le trosne des Loix Pour y commander en puissance, En grandeur & magnificence, Et marquer sa Majorité Par vne entiere authorité.
Apres que les maux de la guerre, Se sont fait sentir sur la terre, Suiuis de cent mille malheurs, Mille peines, mille douleurs, Esperons de voir les nuages, Qui faisoient naistre tant d’orages, Se dissiper en ce beau iour, A l’aspect de la belle Cour, L’eslite de chaque Prouince Accompagner le plus beau Prince Qui regna iamais sur les cœurs, Ouy ? François montrez vos ardeurs, Voicy la plus belle iournée, Du siecle la plus fortunée.
Sus donc que vos cœurs soient vnis, Que tous soupçons en soient bannis, Plus de Mazarins, plus de Fronde, Qu’on n’entende plus dans le monde Prononcer ces noms odieux, Employez vos cœurs & vos yeux A considerer ce Monarque, Qui va faire languir la Parque,
Ce qu’on dit du fils du Soleil, Quand en ce pompeux a ppateil, Diuin brillant & magnifique, Il se fit voir sous le portique Du Palais où regne le iour, Il parut moins qu’en cette Cour, Nous verrons en ce iour paroistre Ce grand Roy qui se fait connoistre En estat de Majorité Auecque tant de Majesté.
Sus donc que chacun se prepare A cette action belle & rare, Tel fut jadis moins à cheual Sur le superbe Bucephal, Ce grand Conquerant de la terre, Si le Dieu qui commande en guetre, S’y rencontroit en ce beau iour, Il voudroit estre de sa Cour, Et mesureroit son merite Au rang qu’il tiendroit dans sa suitte.
Vous verrez donc en ce beau iour Peuples ce Roy si plein d’amour, Vous vetrez sa pompe esclatante, Et pour contenter vostre attente, Le Grand Gaston à son costé, Et ce Prince dont la fierté, En cinq ans gaigna cinq Batailles, Et ce qu’il força de murailles, Pour l’Estat de son Souuerain, Ce Heros au delà du Rhin, Qui porta le nom de la France, Y doit estre en magnificence,
Par ce iour si fort desiré, Nostre repos est asseuré, La Paix va fleurir sur la terre, Et le noir flambeau de la guerre, Doit estre esteint dans peu de iours, Et nos maux finiront leur cours, On ne verra plus de querelles, On ne crira plus de Libelles, Plus d’Aduis desinteressez, Plus de Marguilliers offensez, Plus de PESCHE, plus d’Harangeres, Plus de ces ames mercenaires, Qui dans la Salle du palais, Publient la guerre ou la Paix, Et d’vn ton haut ou bas l’entonnent, Selon la piece qu’on leur donne, Mais ce sont Diables du Bresil Quine greslent que le persil, On ne fera plus de cazettes, Que remplies de Chansonnettes, On ne verra que Madrigaux, Que Triolets & chans Royaux, On ne verra que Mascarades, Que courses que jeux, & qu’aubades, Par tout & danses & chansons, Nous verrons repasser les Monts, A Triuelin & sa Lucille, Il n’en viendra point de Sicile, Car Messieurs les Parisiens Aiment peu les Siciliens.
Que de Marmouzets en fenestre, Ce matin on verra parestre,
Crocheteurs, & vous Mariniers, Porte-chaises, Gaigne-deniers, Pleurez en ce grand iour de feste, Celuy qui deuroit estre en teste A vous faire boire à longs traicts ; Priez les Cieux qu’il soit en pais, Pleurez vostre amy la Ralliere, Sa caue estoit vne carriere, Vous souuient-il bien de ce iour Que le Dauphin vint à la Cour, Auez vous encor la memoire De tant de vin qu’il vous fit boire, En vous conduisant au Bourget, Sous le drapeau du gros Riuet. Encore qu’il soit sous la tombe, Vous boirez pourtant à la ronde, Et vous soupperez en ce iour Tous ensemble au grand Carrefour,
Crieurs de pieces sogrenuës Colporteurs allans par les rues Debiteurs de faux rogatons, Vous ne vendrez plus à rastons Toutes ces pieces Satiriques, Qui trouuent des gens si critiques, Que les Orateurs estonnez En perdent le temps & le nez.
Braues Bourgeois on vous conuse De bien menager vostre vie,
Il ne doute pas que vos ames Ne soient bien ardentes des flammes, De tres fideles citoyens Il sçait bien que tous vos moyens, Vos familles & vos fortunes, Sont des offrandes trop communes, Et trop indignes d’vn grand Roy, Il ne veut rien que vostre foy. Celle que tenez de vos Peres, Et gardez ces ames sinceres, Qu’auecque tant de fermeté, Vous auez pour sa Maiesté.
Et vous inuincible Noblesse Qui signalez vostre proüesse Au bien de ce puislant Estat : C’est de vous dont on fait estat Pour le bien de la Monarchie, Vous qui prodiguez vostre vie Au milieu de mille hazards, Où vous appelle le Dieu Mars. Suiuez la pompe de ce Prince, Venez tous de vostre Prouince, Et vous attachez par vos soins Et vos cœurs à tous nos besoins.
Et vous qui tenez la balance, Et menagez vostre puissance A dissiper les factions, A calmer les seditions, A maintenir dans la Prouince Les Loix, & la raison du Prince
FIN. |
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