Anonyme [1652], LA PIERRE DE TOVCHE, FAISANT VOIR QVE le Cardinal Mazarin & ses adherans, sont les plus grands ennemis du Roy, de son Estat, de son Peuple & de la Ville de Paris. Aux trois Estats de France. , françaisRéférence RIM : M0_2766. Cote locale : B_12_46.
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LA
PIERRE
DE
TOVCHE,
FAISANT VOIR QVE
le Cardinal Mazarin & ses adherans,
sont les plus grands ennemis du Roy,
de son Estat, de son Peuple & de la
Ville de Paris.

Aux trois Estats de France.

A PARIS,

M. DC. LII.

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LA PIERRE DE TOVCHE,
Faisant voir que le Cardinal Mazarin
& ses adherans, sont les plus grands ennemis
du Roy, de son Estat, de son
Peuple & de la Ville de Paris.

AVX TROIS ESTATS
DE FRANCE.

LA difference qu’il y a entre les ennemis
estrangers & domestiques est grande, elle
le cognoist selon leurs desseins, qui sont aussi
contraires que leurs actions & interests.

1. L’ennemy Estranger, lors qu’il entre en vn
païs à main armée, qu’il surprend ou assiege
quelque place, & par telles entreprises, il se
declare & romp la paix.

2. Lors que par argent ou par promesse aduantageuse,
il corromp quelques Grands, quelques
Gouuerneurs de Frontieres, & fait reuolter
les peuples contre leur Souuerain.

3. Lors que tenant la Campagne, il se saisit

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des forteresses & des riuieres, & desole les païs
pour enrichir ses peuples.

 

4. Lors qu’il débauche les alliez, & d’amis les
rend ennemis du Prince, qu’ils assaillent pour
s’en seruir contre luy.

5. Lors qu’il establit des colonies estrangeres
pour se maintenir dans le païs qu’il pretend
conquerir, & essaye de dispenser les sujets du
serment de fidelité qu’ils doiuent à leur Souuerain
naturel & legitime.

6. Lors qu’ils rompent le commerce & le negoce
entre leurs sujets, le tout pour obliger le
Prince leur partie à faire vne Paix honteuse &
des-aduantageuse à luy.

C’est la Pierre de Touche, qui discerne les
ennemis estrangers d’auec les ennemis familiers
& domestiques.

1. L’ennemy familier se cognoist, lors qu’en
seruant son Prince, il le trahit.

2. Lors qu’il entretient la guerre Ciuile.

3. Lors qu’il prend les armes pour se maintenir.

4. Lors qu’il fait son possible pour perdre les
Princes, qui sont les piuots de l’Estat, afin de le
mieux ébranler.

5. Lors qu’il surcharge l’Estat d’Imposts & de
S. bsides, pour luy oster la force & le pouuoir
de luy nuire.

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6. Lors qu’il entretient des intelligences pernicieuses
auec les ennemis Estrangers.

7. Lors qu’il vse de perfidie en ses traictez, en
se seruant du nom & de l’authorité du Prince.

8. Lors qu’il affoiblit les garnisons des places
frontieres, afin de rendre l’ennemy estranger
plus entreprenant, & luy faciliter l’entrée dans
l’Estat, sans empeschement.

9. Lors qu’il fait venir des forces estrangeres
au mespris des Regnicoles.

10. Lors qu’il change les Conseils du Souuerain
pour luy en donner d’autres, qui portent ses interests
& suiuent ses ordres.

11. Lors qu’il déguise les affaires plus importantes
au Prince, & luy en oste la cognoissance.

12. Lors qu’il espuise tout l’or & l’argent de
l’Estat pour le ruiner.

13. Lors qu’il fait naistre de la diuision aux Villes
Capitalles, afin de les perdre par des sousleuemens
populaires.

14. Lors qu’il viole & renuerse les Loix fondamentales
de l’Estat & les Ciuiles, pour y faire regner
l’iniustice & la tyrannie.

C’est la Pierre de Touche qui fait cognoistre
l’ennemy domestique d’auec l’estranger.

Il faut maintenant venir à la discussion des
moyens dont cét ennemy priué se sert pour faire
éclorre ses trahisons, sa tyrannie & sa perfidie :

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Afin que les Estats du Royaume puissent plus facilement
se garder de Mazarin ennemy du Roy,
de l’Estat & du peuple.

 

Premierement, il est constant que les François
ont choisi le Gouuernement Monarchique, non
point pour perdre leur liberté ny se rendre esclaues ;
au contraire, c’est pour la maintenir &
la deffendre : à ce suiet au commencement ils
s’assembloient tous les ans en vn lieu appellé le
Champ de Mars, & depuis au Campo Maio, pour
voir si cette liberté, dont ils estoient si ialoux,
n’auoit point esté entamée.

Dans toutes ces Assemblées, on y deliberoit
auec liberté de suffrage, de tout ce qui regardoit
le gouuernement & le droict public. Tacite en
son Liure des Mœurs des Germains, nombre 7.
parlant d’eux, disoit, Reges ex nobilitate Ducet ex
virtute sumunt. Nos Regibus infinita aut libera potestas :
[Les Rois se prennent & se choisissent du
du Sang plus noble, les Capitaines par leur valeur
& courage, & ne faut donner aux Rois aucune
puissance tellement libre & infinie, qui à
moins qu’ils n’en abusent au grand preiudice de
leur peuples.] L’idée de ce Gouuernement a passé
iusques à nous.

Personne n’a trouué estrange que depuis quelques
années, ce grand & sage personnage
Pybrac en son Quatrain 83. parlant de la mauuaise

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administration de l’Estat, ait escrit.

 

 


Ie hay ces mots de puissance absoluë,
De plein pouuoir, de propre mouuement
Aux saincts Decrets ils ont premierement,
Puis à nos Loix la puissance tolluë.

 

Cependant auiourd’huy ce langage est vn
blaspheme. On traitte vn homme, de seditieux
& de mauuais François, dés qu’il parle de la iustice
qu’on doit au peuple & des Loix fondamentales
de l’Estat, sur lesquelles les Rois font
serment au iour de leur Sacre.

Mais il vaut mieux encore souffrir ce reproche,
que d’estre esclaue d’vne domination
estrangere, d’vn condamné, d’vn proscript.
Tirera vanité qui voudra de ses chaisnes & d’vne
honteuse seruitude. Ie seray tousiours d’aduis
qu’on obeïsse seulement au Roy, & aux Loix de
nostre Païs, qui sont deux puissances inseparables,
& non à vn tyran tel que Mazarin.

Lequel au commancement de son Ministere,
a fait & commis des trahisons & des perfidies
enuers le Roy & contre son seruice, trahisons
au changement de ses Conseils, en celuy de ses
Officiers domestiques, & en la conduite de ses
affaires.

Dans ses Conseils, il en a fait chasser les plus fidelles
& affectionnez Conseillers des-interessez,
cõme Mrs des Noyers & Chauigny, pour substituer

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des traistres en leurs places, cõme Seruient,
le Tellier, de Lyonne, Paracelle, Bordier, Galand
& autres, qui par leurs fourberies & perfidies,
ont esté les autheurs de tous les mauuais
Cõseils qui regardẽt l’Estat & le seruice du Roy.

 

Ces beaux Conseillers sont ceux qui composent
auiourd’huy le Conseil d’Estat ? Qui ne
s’estonnera, que des gens qui n’ont aucune Iurisdiction
contentieuse, ny mesme aucun caractere
public, pretendent neantmoins depuis le
Ministere de Mazarin, estre eux seuls Moderateurs
de la France, pouuoir estouffer toutes les
puissances legitimes, & fermer la bouche quand
il leur plaist au Parlement, dont l’authorité est
aussi ancienne que la Monarchie.

Ce Conseil d’Estat, qui fait auiourd’huy tant
de bruit, & qui pretend pouuoir estouffer toutes
les puissances du Royaume ; tire son origine
& son authorité beaucoup de temps auant l’establissement
du Parlement sedentaire qui fut
enuiron l’an 1304. le Roy se trouuoit tousiours
aux deliberations & aux resolutions qu’on y
prenoit. Mais apres cela, le Parlement n’estant
pas tousiours proche du Roy : le Roy commença
pour lors à se seruir de l’aduis de quelques personnes
notables qu’il choisissoit luy mesme, non
pas pour rien resoudre, car c’estoient des Particuliers,
qui ne faisoient point de corps, & qui

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n’en ont iamais fait dans l’ordre de nostre Gouuernement ;
mais il aduisoit auec eux, ce qu’il
croyoit deuoir estre proposé au Parlement pour
le bien de son Estat : C’est de là seulement que
les Declarations & les Edicts ont pris leur origine,
n’y en ayant point de plus anciens que le regne
de Philippes le Bel, parce que le Roy n’estant
pas tousiours à la teste de son Parlement, il y enuoyoit
sa volonté dans des Lettres Patentes, pour
y estre examinées auec liberté de suffrages, &
iamais ces Declarations ne passoient pour estre
la veritable volonté du Roy, qu’apres que le Parlement
les auoit veriffiées.

 

Dans les anciens Registres de la Cour, nous
voyons que quand le Parlement refusoit les
Edicts, il prononçoit tousiours en ces termes,
la Cour a ordonné, qu’elle n’obtemperoit point.

Et dans les derniers temps, au milieu mesme
des desordres publics, & de la violence de ceux
qui se sont qualifiez du nom de Ministres, combien
de fois le Parlement a-t’il prononcé, Qu’il
ne pouuoit ny ne deuoit entrer dans la veriffication de
l’Edict.

Apres cela, ie ne croy pas qu’il y ait personne
qui puisse s’imaginer, que le Parlement soit soûmis
à la Iurisdiction du Conseil ; Ie ne pense pas
qu’on se puisse persuader que des gens qui ne
font aucun Corps dans l’Estat, & qui se sont formez

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eux-mesmes par la corruption de nostre
Siecle, ayent le pouuoir de casser les Arrests du
Parlement. Le Conseil n’a aucun caractere public :
le Roy n’a commancé à donner des Lettres
aux Conseillers d’Estat que depuis quelques années,
ils n’auoient auparauant qu’vn simple Breuet ;
ils n’ont aucune Iurisdiction contentieuse ;
toutes nos Ordonnances le portent : l’Ordonnance
de Blois y est formelle en l’article 91. La
Declaration du mois d’Octobre 1648. le porte
aussi expressément.

 

Quelqu’vn dira peut estre que le Roy estant
present à la deliberation, & cela se faisant dans
le Conseil d’Enhaut, qu’il n’y a point d’authorité
au dessus de la sienne.

Premierement, ce Conseil d’Enhaut est vn
mot nouueau que le Cardinal Mazarin & ses
Conseillers ont inuenté pour appuyer leur tyrannie,
il n’y a pas dix ans qu’il estoit dans l’idée,
c’est vne inuention de la derniere Regence ; on
ne sçauoit auparauant que c’estoit que le Conseil
d’Enhaut. Les Estrangers ont corrompu la
façon de parler de nos peres aussi-bien que leurs
mœurs & leur discipline : Ce Conseil d’Enhaut
n’est composé que de ceux dont Mazarin se sert
pour authoriser ses trahisons & abuser leurs Majestez.

C’est dans ce Conseil que l’on a resolu de ne

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point conclurre la paix Generale à Munster.

 

C’est dans ce Conseil qu’on a aduisé de faire
des Compagnies de Pyrates & de Corsaires aux
costes d’Italie.

C’est dans ce Conseil, auquel a esté ordonné
que le sieur de Tilladet seroit depossedé de son
Gouuernement de Brissac, pour le donner à
Charleuoy Confident de Mazarin.

C’est dans ce Conseil, qu’on a deliberé de la
detention de Messieurs les Princes de Condé, de
Conty & du Duc de Longueuille.

C’est dans ce Conseil, qu’on a arresté d’emprisonner
le Mareschal de Rantzau, pour donner
son Gouuernement de Dunquerque au sieur
de l’Estrade, creature de Mazarin.

C’est dans ce Conseil, où l’aduis fut pris de
mener le Roy en Bourgogne, faire assieger
& prendre Belle-Garde sur Monsieur le Prince.

C’est dans ce Conseil, qu’on mit en auant le
Blocus de Paris, & l’enleuement de la personne
du Roy à deux heures de nuict hors de Paris.

C’est dans ce Conseil, où la guerre contre Bordeaux
a esté minutée & entreprise pour maintenir
le Duc d’Espernon, duquel Mazarin vouloit
estre allié, & qui a pour cét effet, tiré les
garnisons Françoises de Flandres, & abandonné
les places prises par nos François aux Espagnols.

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C’est dans ce Conseil, qu’on a exposé à la
proye des soldats les meilleurs Prouinces de
France, commis des impietez & sacrileges en
vne infinité de Monasteres & maisons sacrées à
Dieu, prostitué l’honneur & la pudicité des
Vierges & des femmes à la lubricité des gens de
guerre, & exercé des cruautez inoüyes sur tant
de pauures personnes des Villes & de la Campagne.

C’est dans ce Conseil, qu’on a fomenté le
desir tyrannique de Mazarin, de perdre par poison
Monsieur le President Barillon, emprisonner
Mõsieur le Presidẽt de Blancmesnil & de Broussel
Conseiller en la Grand’Chambre, au milieu des
prieres publiques, nõ pour autre sujet que pour
ce qu’ils deffendoient le peuple & la cause publique :
que le Mareschal de la Mothe-Hodancourt
a esté detenu trois ans entiers prisonnier, & luy
faire son procés par des Commissaires tirez
d’vn Parlement dont il n’estoit point iusticiable.

C’est dans ce Conseil, que ces grands Politiques
ont pretendu que le traicté conclud par
leurs aduis entre le Roy & le Duc de Lorraine
seroit valide, quoy qu’il sçache neantmoins qu’il
ait esté fait sans en auoir deliberé auec les Princes
du Sang : le veux bien que Mazarin ait impunément
pû pratiquer les trouppes de ce Prince,

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par le moyen de l’argent & des pierreries qu’il
luy a données pour les achepter, ou pour les soustraire
à son Altesse Royale. Mais que ce Conseil
pretendu ait engagé sa Maiesté de donner au
Duc de Lorraine, Marsac, Vic & Moyenuic, qui
sont trois Villes, Imperiales, & de luy rendre
son Gouuernement, sans en auoir communiqué
ny deliberé auec son Altesse Royale & les Princes
du Sang, c’est ce que ie ne peux comprendre :
où ie m’imagine du moins que ce pauure Conseil
d’Enhaut, qui enrage de se maintenir sur ce
rang à quelque prix que ce soit, s’est laissé éblouïr
par la presence de sa Maiesté, sans considerer
qu’il luy faisoit entreprendre, ce qui n’est pas à
sa disposition toute seule.

 

C’est dans ce Conseil, que le Siege d’Estampes
fut resolu auec parole de prendre la Ville
dans trois iours, & de tailler en pieces sept mille
hommes de guerre qui y estoient, & le Mareschal
de Turenne à esté deuant plus de cinq
sepmaines sans autre effet, que d’y laisser perir
quatre mille hommes de son armée.

C’est dans ce Conseil, auquel fut tramée à S.
Denys, la trahison contre la Ville de Paris, se
promettant qu’ayant vn grand nombre d’intelligences
parmy les Compagnies Souueraines &
les six Corps des Marchands & Bourgeois, &
l’Hostel de Ville à leur deuotion, apres auoir

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pris le Faux-Bourg sainct Anthoine, la Bastille,
l’Arsenal, l’Isle de Nostre-Dame, le Temple,
Sainct Martin des Champs & le Chasteau du
Louure leur estant liurez, ils entreroient triomphans
auec le Roy dans Paris, feroient les Princes
prisonniers, ameneroient les Bourgeois la
corde au col demander pardon à sa Maiesté, &
la Ville exposée au pillage ; mais dés le mesme
iour ils se trouuerent en mesconte : car Messieurs
les Princes de Condé, les Ducs de Beaufort, de
Nemours, de la Roche-Foucault & de Rohan
estans sortis auec leur milice & bon nombre de
volontaires de la Ville : apres vn grand & long
combat, les Mazarins furent repoussez, & contrains
de se retirer auec la perte de plus de quinze
cens hommes, entre lesquels furent tuez le
Marquis de S. Maigrin, plusieurs Capitaines &
Officiers, & Manchiny Nepueu de Mazarin
blessé, puis mort à Ponthoise.

 

C’est dans ce Conseil, auquel fut aduisé de
retenir les Deputez de la Cour de Parlement de
Paris, & traictez fort indignement contre le respect
deu à vne Compagnie Souueraine, la premiere
de France, de laquelle ils sont membres,
sans leur vouloir donner audiance, ce qui obligea
Monsieur le Prince de Condé d’aller auec
Caualerie à Sainct Denys les deliurer & ramener
à Paris.

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C’est dans ce mesme Conseil, auquel a esté
forgée la mal-heureuse conspiration contre les
personnes de Monsieur le Prince & le Duc de
Beaufort, que Dieu a destournée, pour le bien
de la France & le salut du peuple, estant ces deux
Princes redoutez du Mazarin & de ses Conseillers.

Ce sont iusques icy, les trahisons de cét ennemy
estrangers, ennemis du Roy & de son Estat,
& celles de son premier Conseil, sans vne infinité
d’autres que ie laisse à son Histoire, qui ne
peut estre que scandaleuse & honteuse.

C’est luy quia iusques à present, nourry &
entretenu le trouble au Royaume par la guerre
ciuile qui s’y est faite depuis quatre ans, & pour
la faire subsister, il a pris son éloignement de
sept à huict mois : il est reuenu en France auec
vne armée de six à sept mille hommes qu’il a leuées
des deniers qu’il a vollez : ayant ainsi reduit
le Royaume par sa mal-heureuse conduite, à ne
se pouuoir exempter d’vne desolation & d’vne
ruine entiere, il a mis mal le Roy auec ses alliez,
les Suedois, les Hollandois & les Allemands,
ayans par ses traictez frauduleux & ses pratiques
pernicieuses, contrains les Suedois à nous
quitter & s’accommoder auec la Maison d’Austriche
& celle d’Espagne, causé les Estats de
Hollande par ses perfidies, de faire vne paix generale

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auec le Roy Catholique, fait que les
Princes & Estats de l’Empire & d’Allemagne,
ont fait leur paix auec l’Empereur dans la Ville
de Nuremberg, desesperans de la paix generale
qui se traictoit à Munster : & qu’il n’a voulu conclurre
pour continuer ses volleries dans les troubles,
& a mieux aimé voir les François armez
contre eux-mesmes & ruiner leur Païs, que de
conseruer leurs conquestes en Italie, en Catalogne
& en Flandres.

 

Ayans perdu en Italie Orbitelle, Piombino,
Portolongone & la belle conqueste du Royaume
de Naples, qui nous tendoit le bras.

En Catalogne, où nous auons esté contrains
d’abandonner Lerida, place des plus fortes de la
Principauté.

Tortose, grande Ville riche & marchande.

Et laissé Barcelone aux abois, apres tant de
milliers d’hommes que nous auons perdus, &
tant de millions d’or & d’argent consommez.

En Flandres, où l’Espagnol a repris sur nous
les places de Landrecy, facilement emportées
faute de resistance.

Armantiere, tres-importãte pour sa situation.

Courtray auec sa Citadelle, que nous y auions
faite pour l’Espagnol.

Menene, Comines. Deux places sur la riuiere du Lys.

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Ypres, que nous auons laschement laissé reprendre.

Furnes, Bergues. Les deux mammelles de Dunquerque.

Mardic, que nous auons imprudemment
razé & abandonné, & que l’Espagnol fait restablir.

Cinq fort de grande consequence.

Grauelines, premier trophée des armes de son
Altesse Royale.

Bourbourg repris, à cause de la garnison
Françoise trop foible pour la garder, & laquelle
place entretient à present l’intelligence de S.
Omer & de Grauelines.

Toutes ces places ont esté reprises à cause que
Mazarin, pour entretenir la guerre en France,
en a tiré les garnisons Françoises qui les gardoient
& les deffendoient.

Toutes ces grandes leuées qu’il a faites en Allemagne,
Pologne, Liege & Italie, ne sont que
pour entretenir sa tyrannie & reduire la France
en tel estat, qu’elle ne puisse resister à ses violences.

Il a en Bretagne, le Duc de Vendosme & le
Mareschal de la Meilleraye, pour entretenir la
Prouince à sa deuotion.

Il a à la Rochelle le Baron d’Estissac, pour
contre-carrer le Comte de Dugnon Gouuerneur

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de Broüage & d’Oleron, contre lequel il n’y a
rien à gagner que des coups.

 

Il auoit en Guyenne le Comte-d’Harcourt,
pour resister à l’armée de Monsieur le Prince de
Condé, & tenir la Prouince en trouble.

Il a en Bourgogne son grand amy le Duc d’Espernon,
qui y fait tres-mal ses affaires.

Il a en Prouence, le Duc de Mercœur son
Nepueu, mary de sa Niepce, de laquelle Prouince,
Toulon port de Mer, & quantité de bonnes
Villes & Places refusent de luy obeïr.

Il a en Picardie le Duc d’Elbœuf, les Mareschaux
d’Aumont, d’Estrey, d’Oquincourt, le
Comte de Quincé & le Sieur de Manicamp, mais
qui ne peuuent faire tous ensemble mille hommes
pour en auoir tiré les meilleures trouppes,
afin de fortifier ses armées, laissant la Prouince
dépourueuë de munitions & de gens de guerre
à la proye de l’Espagnol voisin.

Il a dans Sedan, le Sieur Faber son Confident,
auec vne forte garnison tres-bien entretenuë
par ce tyran qui en fait vn lieu de retraitte, comme
il fait aussi de la forteresse du Mont-Olympo,
toutes ses deux à sa deuotion.

Toutes ces Armées & cette Guerre Ciuile,
n’est que pour maintenir & fortifier sa tyrannie,
& veut que l’on croye que la France ne se peut
garantir du naufrage qui la menace que par ses

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forces & par son secours, que ce grand Estat
n’est plus appuyé que sur cette Colonne, qu’il
tomboit sans luy & sans le credit de ses amis :
c’est le langage qu’il fait tenir au Roy par l’Arrest
de son Conseil, dressé par le Triumvirat de
ce pretendu Ministre, pour casser l’Arrest du Parlement
donné cõtre luy, dont s’ensuit la teneur.

 

Le Roy s’estant fait representer en son Conseil
l’Arrest de sa Cour de Parlement de Paris, du
29. Decembre dernier, portant entr’autres choses,
que sur la Bibliotheque & meubles du sieur
Cardinal Mazarin, qui seront vendus, & autres
biens qui se trouuerront luy appartenir en France,
il sera pris par preference la somme de cent
cinquante mille liures, pour estre donnez à celuy
ou ceux qui representeront ledit sieur Cardinal
à Iustice mort ou vif, ou à leurs heritiers :
Veu aussi les Arrests de ladite Cour de parlement
des 13. & 20. dudit mois de Decembre dernier ;
par lesquels il est ordonné entr’autres choses,
que par l’vn des Presidens & aucuns des Conseillers
de ladite Cour qui seront Deputez. Le Roy
sera aduerty des bruits qui courent du retour dudit
sieur Cardinal Mazarin : & sa Maiesté tres-humblement
suppliée de la part de ladite Cour ;
De vouloir donner sa parole Royale pour l’entretiennement
& execution de sa Declaration
veriffiée le premier Septembre dernier. Sa Maiesté

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considerant que ledit sieur Cardinal n’est
entré dans le Royaume, qu’en consequence des
ordres de sa Maiesté, pour amener vn grand
nombre de trouppes, leuées à ses despens pour
la seruir dans l’occasion des presens mouuemens,
dont ladite Cour eust esté informée si elle eust
surcis ses deliberations sur ce sujet, iusques au
retour des Commissaires par elle deputez vers sa
Maiesté, suiuans lesdits Arrests du 13. & 20. Decembre
dernier. Que ledit Arrest du 29. Decembre
est non seulement contre l’intention de
sa Maiesté, mais aussi contre l’vsage du Royaume,
& de tres-pernicieuse consequence ; mesme
qu’il blesse le College des Cardinaux & le Chef
de l’Eglise, dont ils sont les principaux membres,
& le S. Siege Apostolique, pour lequel sa
Maiesté veut, à l’exemple des Rois ses predecesseurs,
garder en toutes occurrences vne deuotion
& reuerence filiale.

 

Sa Maiesté estant en son Conseil, a cassé &
annullé casse & annulle ledit Arrest du 29. Decembre
dernier ; A fait & fait tres expresses inhibitions
& deffenses à toutes personnes de quelque
qualité & condition qu’elles soient, de l’executer,
ny d’entreprendre ou attenter aucune
chose contre la personne dudit sieur Cardinal
Mazarin, à peine de la vie : sa Maiesté l’ayant pris
& le prenant en sa protection & sauue garde

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speciale. Fait en outre sa Maiesté, tres-expresses
deffenses à ladite Cour & aux Commissaires par
elle deputez pour la vente des biens dudit sieur
Cardinal, de proceder à ladite vente, mesme des
Liures de sa Bibliotheque, & à toutes personnes
de s’en rendre adiudicataires directement
ou indirectement, à peine de restitution desdits
Liures, & perte de ce qu’ils en auront payé : ensemble
dix mille liures d’amende, à l’encontre
tant desdits Commissaires que des Adiudicataires
solidairement : Et sera le present Arrest leu &
publié par tout où besoin sera, à ce qu’aucun
n’en pretende cause d’ignorance. Fait au Conseil
d’Estat du Roy, tenu à Poictiers, sa Majesté y
estant, le 18. Ianuier 1652. Signé, DE GVENEGAVD.

 

Ce qui est de plus estrange, c’est que l’Arrest
pretendu de cassation, fait injure au Roy mesme
& à la Monarchie toute entiere.

Premierement, on fait dire au Roy, qu’il a
fait reuenir le Cardinal en France, à cause d’vne
armée qu’il a leuée à ses despens : ce pretexte est-il
supportable. Le Cardinal Mazarin a leué vne
armée à ses propres despens.

Le Cardinal Mazarin à reduit la France par
son Ministere à ne se pouuoir sauuer que par ses
forces & par son secours.

Nous n’auons plus d’alliez que luy, ce grand

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Estat n’est plus appuyé que sur cette colonne, il
tomboit sans luy.

 

Est-il possible qu’il y ait des François qui
ayent esté assez extrauagantes, assez iniurieux à
la Nation, & à eux-mesmes de faire parler le
Roy de la façon.

Ne sçait-on pas qui est le Mazarin, qu’il est
de la lie du peuple dãs sa naissance, que ses mœurs
ont tousiours fait scandale, que sa premiere fortune
a esté d’estre vn des derniers domestiques
des Barberins, porteur de pacquets & de lettres ;
qu’il a seruy long-temps de bouffon au deffunct
Cardinal de Richelieu, que ce qu’il a de biens,
il les doit au pillage qu’il a fait en France, à ses
pyrateries & à ses brigandages, que pendant son
absence, lors qu’il estoit sur nostre frontiere,
attendant le rappel de son bannissement, contre
toutes les loix & les formes du Royaume ; on
luy a enuoyé encore ce qu’il y auoit de plus net
dans les finances, & ce qui estoit destiné pour
les gages de l’année presente, & pour les Rentes
de l’Hostel de Ville. Cependant cét homme,
dit-on, qui n’auoit pas dequoy entretenir vn valet
quand il est venu en France, a fait vne armée
pour le Roy à ses despens.

Cét homme qui nous a perpetuellement pillez,
& qui n’est retourné que pour cela, a consommé
son propre bien pour sauuer l’Estat & le

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garantir d’vne ruine totale, vn faquin, vn valet
de son premier mestier, est venu au secours d’vn
Roy de France, il a fait vne armée à ses despens.

 

Voila vn beau Conseil d’Estat, pour donner
la Loy au Parlement ; Voila des testes bien faites.
Ils maintiennent bien l’honneur de leur Maistre,
de luy faire tenir ce langage : ils conseruent
bien la reputation de nos Armes, l’honneur &
la gloire de la Nation, de la faire dépendre du
dernier de tous les hommes.

Que dira toute la France, de prostituer ainsi
sa gloire !

Que diront nos alliez de cette lascheté & de
cette foiblesse !

Quel aduantage n’en prendront point nos
ennemis !

Mazarin fait tout son possible pour tenir la
Maison Royale diuisée, & pour perdre les Princes
du Sang, qui sont le firmament & les colonnes
de cét Estat, pour plus aisément l’ébranler
& le renuerser.

Luy & son pretendu Conseil d’Enhaut, pensent-ils
que sous pretexte qu’ils ont, d’auoir la
personne du Roy, de quatorze ans, qu’ils ont
dérobé à son Altesse Royale, aux Princes de
son Sang, à son Parlement, à la Ville de Paris
Capitalle de son Royaume & à tous les Estats, &

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les bons François, pour le mener de Prouince
en Prouince, & le rendre esclaue d’vn Estranger,
qu’ils ont l’authorité Royale parmy eux : mais
ils se trompent ; car le Roy n’est point libre, il
n’en possede que l’ombre, & non le corps, la
Royauté n’y est point : mais elle est dans la Iustice,
elle est dans l’ordre public. C’est dans ce
Parlement seul où le Roy prononce ses Oracles :
c’est là où se trouue principalement la Souueraineté,
& où le Roy exerce tous les droicts
de son Empire : c’est cette Cour des Pairs, où
tous les Princes, les Ducs & Pairs ont leur seance.
Mazarin pour ruiner cette authorité &
cette souueraineté, veut destruire le Parlement
& perdre les Princes du Sang : afin de rendre sa
tyrannie absoluë & sans contredit : ce qu’il a fait
assez cognoistre par leur emprisonnement fait
par ses Conseils, & par les attentats faits à leurs
personnes.

 

Il a surchargé le Royaume d’Imposts & de
Subsides, non pour autre fin, que de luy oster
la force & le pouuoir de luy nuire, ne l’ayant peu
faire à forces ouuertes, comme il pretendoit,
non plus que par les trahisons qu’il n’a peu executer
pour y auoir trouué vne resistance vigoureuse
de la part des Princes, des Parlements &
des Estats.

D’auantage, il n’a pas manqué d’entretenir

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ses intelligences auec les ennemis de cét Estat,
pour auec eux poursuiure son detestable dessein,
d’extirper la Monarchie Françoise, en laissant
écouler nos conquestes & empieter nos ennemis
sur cét Estat, sa perfidie a paru aux traictez qu’il
a faits, sous le nom & l’authorité du Roy, tant
auec ceux de Bordeaux que ceux d’Angers, au
Comte de Dugnon, & a quantité de personnes
de grande qualité qu’il a trompées par ses fourberies
& trahisons.

 

Il a laissé quantité de Villes & Places Frontieres
sans garnisons, ny munitions de guerre,
comme à Laon, Mezieres & Calais, a fallu
que les Habitans ayent pris leurs deffenses à leurs
frais & despens, pour se garder contre les ennemis.

Il a eu les François en tel mépris, qu’il les a
fait oster d’auprés du Roy, pour faire garder sa
personne Royale par des Italiens, Polonois &
autres Estrangers, afin de disposer entierement
de son authorité, priuant le Roy de la liberté
d’agir & defaire le Roy.

Il veut que le Conseil, qui est le sien, & qui
n’a iamais gardé de mesures ny de formalitez,
qui depuis trente ou quarante ans, n’a suiuy que
la fantaisie de deux ou trois personnes sans Foy,
sans Loy, & qui n’ont fait agir nos Rois que suiuant
leur caprice & leur ambition, cherche

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auiourd’huy l’exemple, & non pas la raison comme
la souueraine Loy n’estoit pas le salut du
peuple.

 

On void entrer vn homme les armes à la
main, qui au iugement & au sceu de tout le monde,
a mis le feu par tout, qui hazarde la Couronne,
pour se maintenir dans le Ministere, contre
les Loix du Royaume, contre vne Declaration
du Roy, contre les Arrests des Compagnies Souueraines
& les vœux de tous les bons François,
qui met en proye la vie & les biens des sujets du
Roy, la fortune publique & particuliere. Et
apres cela, on regardera si le moyen qu’on a pris
pour arrester le cours d’vn mal si épouuentable,
& qui nous rendroit sans doute tributaires, &
l’opprobre de toutes les Nations de l’Europe, est
vn nouueau moyen.

On verra vn Mazarin marcher auec vne armée
toute entiere, triompher insolemment de
toutes les Loix, faire violence au droict public,
& on ne voudra pas qu’on prononce contre luy,
comme on fait tous les iours contre vn particulier,
qui n’est accusé que de crimes ordinaires :
on veut que l’authorité du Roy, du Parlement,
l’honneur & la gloire de la Nation Françoise,
soient maniez par vn Conseil d’Enhaut, & par
l’insolence d’vn Estranger, & qu’on n’employe
pas les remedes les plus frequens, pour vanger

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cét affront & cette injure : Bref, on veut que
le Cardinal Mazarin violetout, & qu’il soit luy
seul inuiolable.

 

Il se donne bien garde de faire instruire le
Roy aux affaires qui regardent le bien de son
seruice, de son Estat, & luy faire entendre la misere
de ses peuples : mais au lieu de cela, il le fait
entretenir par des bouffons, par des personnes
de mauuaises mœurs, tel qu’estoit Manchiny
son Neueu, qui l’accoustumoit à jurer & à faire
des actions indignes d’vn Roy.

D’auantage, par son mauuais conseil, il a fait
des taxes sur des particuliers, contre toutes les
formes du Royaume, retrancher les gages, les
rentes, & faire toutes sortes de leuées sur les
marchandises : joint à cela trois cens millions
de liures, imposées en deux années de la Regence,
dans lesquelles on n’auoit presques payé personne,
& auoient (disent-ils) vtilement employées.

C’est le mesme Mazarin, qui a fait naistre des
diuisions entre les Habitans des Villes de Paris,
de Tholose, Roüen, Bordeaux & Rennes en
Bretagne, pour y entretenir ses factions, & par
ces diuisions les porter aux seditions qui sont la
ruine des grandes Communautez.

Finalement, il ne se faut estonner si le Conseil
d’Enhaut, qui est celuy du Mazarin, oblige le

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Roy par ses mauuais aduis d’attenter aux Loix
fondamentales de cét Estat, & de se porter à
des injustices, dont il faudroit estre plus malicieux
que ces Conseillers pretendus, pour
causer l’innocence de nostre jeune Monarque,
qui ne peut estre coupable à tout rompre, que
de n’estre point capable de recognoistre les
artifices de ses ennemis conjurez de son Estat,
& c’est le crime de l’aage, plutost que de son naturel,
puis qu’on ne peut l’accuser de n’estre pas
plus vieux pour estre plus inaccessible à la
fourbe.

 

Voila les effets de la Pierre de Touche, qui
fait cognoistre que le Cardinal Mazarin &
ses adherans sont les plus grands ennemis du
Roy, de son Estat, de son Peuple & de la Ville
de Paris.

O Estats, considerez que puis que l’authorité
Royale ne subsiste que sur les fondemens
que les Fondateurs des Monarchies ont posez :
il est éuident, en consequence de cette supposition
infaillible, que dés que les Rois commencent
à secouer ces fondemens de leur thrône,
ils l’ébranlent à mesme temps, & qu’ils ne
sçauroient attenter à ces establissemens fondamentaux
de leurs Monarchies, sans se hazarder
à voir leur puissance écroulée par le manquement
des piuots qui l’a font subsister, &

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par l’alteration des beautez qui l’a rendent
éclatante dans les yeux de leurs peuples.

 

Cette raison est assez conuainquante :
Mais si les Loix fondamentales des Estats ;
c’est à dire, si les fondemens, sur lesquels les
Estats sont establis, n’estoient point au dessus
de l’authorité des Souuerains, les reuolutions,
ne seroient pas moins frequentes
que les successions hereditaires des Monarques,
par la demangeaison qu’vn chacun
auroit de fonder le thrône au gré de son
caprice.

Puis donc que l’authorité des Estats est
au dessus de l’authorité du Roy, si elles veulent
en vser, ils doiuent conuenir ensemble,
s’vnir & conjurer la ruine de Mazarin & de
ses adherans, puis qu’il est leur plus grand
ennemy, & employer leurs forces, leur
pouuoir & leurs armes auec celles de son
Altesse Royale & de Messieurs les Princes,
pour en perdre la memoire.

Cela estant, nous n’aurons plus à obeïr
qu’au Roy, & non à ces tyrans : lesquels
iusques à present, on fait les Rois en France,

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& vsurpant l’authorité Royale, ils ne
luy laissoient que le nom de Roy, puis qu’il
n’agissoit & n’agist encores, que par leur
organe, & comme il leur plaist : ce qui fait
bien voir le peu de respect qu’ils portent à la
Majesté Royale, puis qu’ils luy ostent la liberté
de disposer de ses affaires ; Et cependant,
ils nous font ressentir les effets de leur
mauuaise volonté, & telle qu’ils ne recherchent
que la ruine & l’oppression des gens
de bien, qui gemissent à part eux, de n’auoir
le moyen de faire cognoistre au Roy,
l’affection sincere qu’ils ont de le seruir, luy
obeïr, & de viure & mourir dans la fidelité
naturelle qu’ils luy doiuent, nonobstant
les violences, les maux & les effets d’vne tyrannie
insupportable qu’on leur fait souffrir
depuis vn si long-temps, esperant que le
Ciel entendans leurs élans & leurs cris, leur
donnera le soulagement par vne bonne
paix, qu’il fera regner apres tant d’orages &
de tempestes.

 

FIN.

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Anonyme [1652], LA PIERRE DE TOVCHE, FAISANT VOIR QVE le Cardinal Mazarin & ses adherans, sont les plus grands ennemis du Roy, de son Estat, de son Peuple & de la Ville de Paris. Aux trois Estats de France. , françaisRéférence RIM : M0_2766. Cote locale : B_12_46.