Anonyme [1652], LA LETTRE DE L’ARCHIDVC-LEOPOLD, A SON ALTESSE ROYALE. , françaisRéférence RIM : M1_142. Cote locale : B_8_29.
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LA LETTRE DE L’ARCHIDVC-LEOPOLD,
à son Altesse Royale.

SERENISSIME SEIGNEVR,

Ayant apris vostre genereux dessein, de chasser
du Royaume de France, le Card. Mazarin lequel
entre plusieurs crimes dont il est coupable, a tousjours
eludé tous les traittez de paix que les Ambassadeurs
Plenipotentiaires de sa Majesté Catholique,
& ceux de sa Majesté tres-Chrestiẽne auoient
mis en estat d’estre conclus : I’ay voulu donner des
certitudes & asseurances infaillibles à vostre Altesse
nostre affect on & bien veillance enuers vostre
personne, & singulierement ie desir vous
tesmoigner que ie n’ay point de plus forte passion
que de procurer le biẽ des Prouinces & des Royaumes
de sa Majesté Catholique, qui ne peut estre
sans le repos de la France. Pour à quoy paruenir
il conuient faire vne bonne paix, qui seroit tres-facile,
si quelques particuliers ne s’estoient tousjours
opposez à vn bien, d’autant plus grand & signalé
qu’il est souhaitté de toute l’Europe. Puis
que vostre Altesse a declaré la guerre au Cardinal

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Mazarin, lequel est celuy qui par ses pernicieux
desseins & mauuais conseils a iusques icy empesché
l’accord entre les deux Couronnes, i’ay voulu
vous tesmoigner, qu’estant vn des vassaux du Roy
Catholique, & partant son iusticiable, neantmoins
sa Majesté a remis entre les mains de vostre
Alt. tous ses interests, esperant que Dieu vous faira
la grace d’auoir la force comme vous auez la Iustice,
de poursuiure la punition de ses crimes.
Quelque aduantage que ie puisse esperer du desordre
de la guerre que ce Ministre a porté dans l’estat
de France, peut causer, neantmoins ie proteste
de ne rien entreprendre pendant tout ce trouble,
qui soit contre sa Majesté tres-Chrestienne.
Pour faciliter l’execution de vos bonnes & iustes
intentions, sa Majesté Catholique a aussi donné sa
parole Royale au Duc de Lorraine vostre beau-frere,
de ne faire aucun acte d’hostilité sur les terres
du Royaume de France pendant tout le temps
que vostre Alt. seroit occupée à chasser hors de
France ce pernicieux Ministre, lequel apres auoir
esté declaré criminel par sa Majesté Catholique il
y a longues années, a esté aussi condamné par Arrests
de plusieurs de vos Parlements, & par vne declaration
de sa Majesté tres-Chrestienne. Sa condamnation
doit estre estimée d’autant plus iuste
qu’elle a esté prononcée, & par la Iustice du Roy

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Catholique, & par celle de vostre Royaume. Il ne
reste maintenant qu’à executer les Arrests qui ont
esté donnez contre luy. Et comme vostre Alt. a
poursuiuy la condamnation de ses crimes aussi s’est
elle resoluë d’en poursuiure la punition. C’est en
cette sorte de crimes que la rigueur des loix doit
estre tout a fait obseruée, & pour faciliter vostre
iuste dessein à la sollicitation du Duc de Lorraine
vostre beau-frere, sa Majesté Catholique a donné
les ordres pour la marche de son armée de Flandres,
laquelle est à sa solde, afin que suiuãt le traitté
lequel a esté fait entre vostre Altesse & ledit Duc
de Lorraine vous puissiez auoir le secours que vous
auez demandé pour venir à bout de vostre glorieux
dessein. Le Ciel est tesmoin que nostre intention
a tousiours esté de faire vne bonne paix
auec la France, que comme ie ne luy ay fait la guerre
qu’apres qu’elle me la declarée aussi, ie n’ay rien
obmis pour la procurer. Ie vous faisois donc sçauoir
derechef que l’intention de sa Majesté Catholique
est de suiure la vostre en la poursuite du
Cardinal Mazarin, que nos armes seront employées
pour soustenir vos interests & ceux des
Princes de Conde & de Conty, ausquels sa Majesté
Catholique donne des trouppes qui ont eu ordre
de les secourir, & de prendre leur routte vers
les costes de Blaye & de Bordeaux, où ils sont à pre-

 

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