Anonyme [1649], LA FRANCE AFFLIGEE SVR L'ENLEVEMENT DV ROY. AVEC Vne piece contre les Maltoutiers. , françaisRéférence RIM : M0_1419. Cote locale : B_1_20.
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LA
FRANCE
AFFLIGEE
SVR
L'ENLEVEMENT DV ROY.

AVEC
Vne piece contre les Maltoutiers.

A PARIS,

M. DC. XLIX.

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LA FRANCE
AFFLIGEE
De l’enleuement de son Roy.

STANCES.

 


Grand Dieu qui tenez dans vos mains
La vie & le sort des humains,
Seuere punisseur du crime :
Souffrez-vous auiourd’huy qu’vn homme scelerat,
Dont la malice nous opprime,
Fasse contre vostre Oingt, cet horrible attentat

 

 


Alors qu’au milieu du silence
On donnoit à la violence
De ses soins vn peu de repos,
Que tout estoit joyeux, & vieillard & jeunesse ;
Ce cruel auteur de nos maux,
Nous vient combler d’ennuy, d’horreur & de détresse.

 

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Il fait, espouuanté d’effroy,
Enleuer nostre ieune Roy,
Pour se garantir du supplice ;
Mais il porte auec luy vn bourreau, le vangeur
Dont Dieu exerce sa Iustice,
Touché des cris de ceux qui sentent sa fureur.

 

 


Iuste Ciel où est donc ta foudre,
Pour mettre ce meschant en poudre,
Qui par ses pernicieux auis,
De son perfide esprit a fait voir vne marque,
En ostant la nuit de Paris
Aux fidelles François leur Prince & leur Monarque.

 

 


Grand & illustre Parlement,
Qui vous estes si constamment
Opposé à cette furie :
Regardez la ferueur de ces pauures sujets,
Qui s’en vont exposer leur vie,
Afin de sa fureur arrester les effets.

 

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Iamais on n’a veu de Tyrans,
Dans la suite de tous les ans,
Auoir causé plus de rauage
Que ce monstre appuyé de la faueur des Roys,
Lequel pour assouuir sa rage
Deserte les pays du Royaume François.

 

 


En tous les lieux de nostre France
On ne voit que de la souffrance,
Tout est remply de pauureté :
L’on ne voit que souspirs, l’on ne voit rien que larmes,
En ce temps ou le sort des armes
Est cause que par tout paroist sa cruauté.

 

 


La fureur de nos ennemis
En cet estat n’auroit pas mis
Ce beau & fleurissant Empire.
Quelle pitié de voir peupler les Tribunaux
De gens qui souffrent le martyre,
Dõt des milliers sont morts sous le faix de leurs maux.

 

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Il dissipe vne somme immense
Donnant du plaisir à sa panse,
A amasser, à brelander,
Pouruoir sa parenté caymande, & affamée,
Il fait perir (plus que le fer)
De faim, de pauureté les soldats dans l’armée.

 

 


Nous auons veu auec dépit,
Ce faquin, ce superbe esprit,
Estant à la sainte Chapelle,
Les Princes & le Roy le chape au à la main.
Et luy le bonnet sur l’oreille,
Se faire respecter par nostre Souuerain.

 

 


François par le fer & la flame
Passez ce Barbare, dont l’ame
Fait perir nostre nation :
Qui dans son cœur malin, dans sa conscience noire,
Songe à nostre destruction,
Exterminons son nom, effaçons sa memoire.

 

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France leue-toy à ce coup
De dessus ton col le ioug
Que cet Italien t’impose,
Il est pour te causer des tourmens eternels,
Et n’en peus esperer autre chose
Qu’vne confusion de troubles continuels.

 

 


Grande Reyne, dont la bonté
A par trop long-temps deferé
Aux conseils de cet infidelle,
Quittez l’affection que vous auez pour luy,
Puis que c’est sa haine immortelle
Qui cause tous les maux que l’on voit auiourd’huy.

 

 


Princes, illustre sang des Dieux,
Quoy vous abandonnez ces lieux,
Ces palais remplis de delices,
Pour suiure vn estranger hay & abhorré,
Qui fuit de crainte des supplices,
Venez, & ramenez le Roy tant desiré.

 

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CONTRE LES MALTOVTIERS.
Sur le dernier impost qui fut mis sur le vin.

 


Allez maudits maltouriers,
Escrots, fripons, bancroutiers,
Pestes du temps, fleaux des hommes,
Portez ailleurs tous vos imposts,
Et nous laissez comme nous sommes,
Parmy les verres & les pots.

 

 


Mettant trente sols par tonneau,
Pensez vous nous reduire à l’eau,
Et faire ainsi blesmir nos trongnes ?
Vous raisonnez mal à propos,
Car sçachez que tous les yurongnes
Riront tousiours de vos imposts.

 

 


Iugez si nostre esprit est vain,
Car nous boirons tout nostre vin
Iusques à la derniere goute,
Et chanterons parmy les pots,
Le diable emporte la Maltoute,
Et tous ses affamez supposts.

 

FIN.

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