M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], PRESAGES DE CHANGEMENT EN LA MONARCHIE DES FRANÇOIS Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. , français, latinRéférence RIM : M0_2859. Cote locale : B_14_7.
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PRESAGES DE
Changement en la Monarchie
des François.

C’EST merueille qu’vn Peuple accoustumé
à la seruitude & à la tyrannie
y trouue sa liberté, & qu’il
ne veult point secouer son ioug.
Dieu dit en l’Exode Chapitre 2.
verset 23. Les Enfans d’Israël souspirans
pour la seruitude crierent, & leur
cry monta deuant Dieu pour les charges,
& Chap. 3. Vers. 7. I’ay veu l’affliction de mon Peuple en
Egypte, & ay ouy sa clameur à cause de la rudesse des Commissaires
des Oeuures.

Neantmoins ce Peuple est tellement accoustumé
aux faix & à l’esclauage qu’il ne peut gouster la liberté
que Moyse luy donne par sa conduite : au Chap. 14.
Verset II. Il n’y auoit point par aduanture de Sepulcre en
Egypte, dit-il, pour tant nous as tu amenés affin que nous mourions
au Desert. Qu’est-ce que tu-nous voulu faire en nous retirant
hors d’Egypte ? N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte,
en disant, deporte toy de nous, & nous seruirons aux Egyptiens,
car beaucoup mieux nous valoit seruir à eux que mourir
au Desert.

Vne seconde merueille passe plus auant, que ceux

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la mesme qui sont en liberté & en la iouissance de leurs
biens viuans d’vne vie tranquille, neantmoins aiment
mieux choisir vne vie laborieuse & fascheuse ? voire
mesme la perte de leurs biens, de leurs familles & de
leur propre vie soubs vne superbe & cruelle domination
du Prince tyran que de demeurer heureux.

 

Ce que nous apprenons du Prophete Samuel par la
bouche duquel Dieu parle ainsi au premier Liure des
Roys Chap. 8. V. 7. Escoute la voix du Peuple, car ils ne
t’ont pas deboutté mais moy, affin que ie ne regne sur eux, lors
qu’ils disent vers. 5. 6. ordonne sur nous vn Roy pour nous
iuger, comme ont toutes les Nations.

Le Prophete preuoyant les choses à venir, & que
le gouuernement des Roys à la parfin degeneré en
tyrannie leur dist, v. 11. 12. Tel sera le droit du Roy qui dominera
sur vous, il prendra vos fils, & les mettra en ses Chariots.
Il en ordonnera pour labourer les Champs & pour moissonner
les bleds, & pour former les armures & aussi prendra
de vos filles pour faire ses oignements, Verset 14. & prendra
aussi vos champs, & les vignes, & les meileurs lieux
des Oliues, & les donnera à ses seruiteurs, Verset. 15.
16. 17. &c.

Et pour les intimider dauantage d’vn futur desespoir
en leurs afflictions, il leur dist. Verset 18. En ce iour la,
vous crirez deuant la face de vostre Roy, que vous vous estes eleu
& le Seigneur ne vous exaucera point en ce iour la, pour ce
que vous auez demandé vn Roy pour vous Mais verset. 19.
Le Peuple ne voulut point ouyr la voix de Samuel : mais ils
dirent non : mais il sera Roy sur nous.

Mais ils ne furent longtẽps sans se repentir, car du Regne
de Salomon Roy d’Israël encore qu’il fut le plus
sage des Roys ce peuple parle ainsi à son Fils Roboam
son Successeur 3. Reg. Chap. I. Verset 4. Ton pere nous.
a imposé vn tres dur ioug, & ainsi toy maintenant diminuée
vn petit de la tres-dure seruitude de ton pere, & du tres pesant
ioug qu’il nous a imposé & nous te seruirons. Qu’auront donc
fai les autres Roys de la terre qui n’ont point eu la sagesse
de Salomon.

-- 5 --

Or Saül, Dauid, & Salomon ; regnerent seulement
cent ans sur la Iudée demeurante entiere, car le Royaume
sut partagé en deux, sous ledit Roboam, qui fut
Roy de Iuda seulement, despoüillé de dix Tribus ayant
mieux aymé suiure le conseil des ieunes qui le portoiẽt
à la tyrannie, que des Anciens qui luy conseilloient de
descharger les peuples.

C’est la principale cause pourquoy Dieu dit, que
quand les Roys sont deuenus tyrans, il ne regne plus
& le iuste suiet pour lequel les peuples secouënt le ioug
de leurs Princes.

La seconde cause est le manque de prudence & de sagesse
en vn Prince & c’est la raison, pourquoy Dieu dit
en l’Ecclesiast. chap. Io, vers. 16. Mal-heur sur toy terre de
laquelle le Roy est vn Enfant.

Vne 3. est le luxe & la volupté, en suitte la faineantise,
qui priuant les Princes des vertus necessaires
pour bien regner leur font perdre leurs Couronnes au
profit de ceux qui en sont dignes. Changement qui arriue
ordinairemẽt apres la reuolution des années septenaires
multipliée par 9, d’autant que comme tout l’Vniuers
est gouuerné par le brãsle & influence des 7. planetes,
ainsi toutes choses prennent fin & changement
par la reuolution de nombre septenaire apres les alternatiues
gouuernements desdits luminaires celestes
multiplié par 9. ce qui se recognoit veritable non seulement
en la vie des hõmes, qui tiennent pour année Climaterique
le nombre de 7. multiplié par 9. cõme dangereuse
& borne ordinaire de nos ans en ce monde
mais aussi en la constitution des Estats & Empires.

La Monarchie des Babiloniens ou Chaldeens premiere
des plus grands Empires commencéa par le geant
Nembrod l’an du monde (à ce qu’on escrit (1781) laquelle
a duré 1449 & finit par la reuolution de 7. fois 23.
multiplié par 9. 23. 161.

7. 9

161. 1449.

Tout le monde sçait que Sardanapale dernier Empereur

-- 6 --

de la Race de Nembrod ne perdit sou Empire que
par ses deportemens effeminez. Quand on veut perdre
vn Prince & le rendre incapable d’affaires on luy permet
vne vie debordée. Baltaslar dernier Empereur de
la 2. Race perdit l’empire que ses Ayeuls auoient vsurpé.
Il fut tué par Darius Roy de Medes, qui acquit l’Empire
& le laissa à Cyrus Roy des Perses, par le mariage
de sa fille. Cette succession possedée par la violence des
armes ne fut que de 252. ans y compris 12. ans d’Alexãdre
le grand, multipliant 7. par 4. & le produit par 9.
font 252. 7 28

 

4 9

28 252

Pendant ces grands Empires l’Estat de la Iudée se
gouuernoit par luges dont le premier fut Moyse, & le
dernier Samuel qui ont fin y l’an 441 : nombre climaterique,
multipliant 7. par 7. qui font 441.

7. 49

7. 9.

49. 441.

Ce changement fut de Republique, en Monarchie,
lequel ne se fit que par la maluersation des fils de Samuel.
Saül, Dauid, Salomon, Rois ont regné seulement
cent ans, cõme dit est, sur la Iudée demeurante en
son entier. Le Royaume estant partagé, Roboam fils
de Salomon fut Roy de Iuda, qui comprenoit seulement
deux Tribus, depuis lequel iusques au dernier
qui fut Sedecias, se trouuent 378. ans, 7, multipliez par
6. & le produit par 9. fait iustement 378.

7. 42.

6. 9.

42. 378.

Le Royaume d’Israël composé de dix Tribus, dont
le premier Roy fut Ieroboam a duré enuiron 250 ans
dont Osée fut le dernier multiplié 7. par 4. & le produit
par 9. tu auras 252. 7. 28.

4. 9.

28. 252.

-- 7 --

Retournons à la suitte des Souuerains Empires
Le 4. fut celuy des Romains, premierement
gouuerné par 7. Rois. Rome fut bastie l’an du monde,
3212. sur la fin de l’Empire des Babyloniens, auquel
temps Romulus commenca son Regne, que Tarquin
le superbe termina par son orgueil 252. ans apres : multiplié
7. par 4. & le produit par 9.

7. 28.

4. 9.

28. 252.

La Democratie ou gouuernement populaire des mesmes
Romains commenca l’an du monde 3463. laquelle
à duré seulement 441. ans, que tu trouueras en multipliant
7. par 7. & le produit par 9.

7. 49.

49. 441.

Le Regne des Empereurs Romains (qui commenca
l’an du monde 3904.) dura autant que la Democratie
l’Estat demeurant en son entier sous 44. Empereurs
surnommez Cæsars du nom du premier. 7. par7. & 149.
par 9. 7. 49.

9. 6

49. 441.

Or pour faire coniecture des euenemens futurs des
autres Estats & Empires par les passez, examinons la
durée de nostre Monarchie Françoise. Elle commenca
l’an du Monde 4353. La premiere race a duré, 315. ans
sous 24. Roys, multiplie le nombre de 7. par 5. & le
produit par 9. & tu auras 315.

7. 35.

5. 9.

35. 315.

La seconde Race a regné 238. ans selon les autres 277.
sous 21. Roys, or pour accorder leur differend multiplié
7. par 4, & le produit par 9. tu auras 252.

7. 28.

4. 252

-- 8 --

28. 252.

La troisiesme Race de nos Rois plus sages par l’exemple
de leurs Predecesseurs a duré 675 ans, iusques a l’an
present 1650. sous 30 Roys, Louys XIV. (que Dieu rende
heureux) à presẽt regnant. Adjouste les ans des deux
premieres Races, puis que ce n’est qu’vne Monarchie &
tu auras 1342 ans que desia a duré la Monarchie des François.

Restent donc 107 ans pour paruenir à la durée de l’Empire
des Babiloniens, auquel temps se trouue l’année
Chimaterique en multipliant 7. par 23. & le produit
par 9. qui est 161 à quoy il est bon de pouruoir par des
salutaires remedes en ostãt les causes des iustes plaintes
& mouuemens ciuils aduenus l’an precedent 1649. La
pierre fondamentale est bien posée, mais il y faut bastir
pour le bien public & ne permettre qu’elle soit ostée.

Vne puissante resistance sera necessaire, mais elle aura
le dessus en son temps pour acheuer comme elle a eu
pour commencer, nonobstant toute violence contraire :
les choses faites ou cõmencées ont souuent leur retour
pour estre accõplies ou acheuées cent ans apres ou enuiron.
La Ville de Bourdeaux se rebella l’an 1548 sous
Henry Il. à cause des Gabelles, dont elle fut chastiée,
L’an passé vn reflux de vexations la troubla : cõme aussi
Paris capitalle de tout le Royaume qu’elle a repoussé
auec plus de raison : le Duc d’Anguien remporta vne signalée
victoire en Italie sous François I. contre l’Empereur
Charles quint.

Cent ans apres le Duc de mesme Nom, à present premier
Prince du Sang, a signalé son extraction par vne
autre égale en Allemagne contre l’Empereur & ses
Alliez sous nostre Roy Louys XIV. à present regnant :
Robert Duc d’Anjou ayeul du premier Roy de la troisiesme
Race de nos Roys, posa vne ferme pierre pour
fondément de hauts desseins contre le Roy Charles le
simple, sur laquelle edifia prudemment Hues le grand
son fils pour mettre la Couronne Royale sur la teste de
son fils Hues Capet, enuiron cent ans apres.

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Mais auant cette precaution, ie remarque vn incroyable
aggrandissement du Roy de France, si les predictions
de Nostradamus meritent d’estre obseruée en
la centiesme Centurie.

 


Quand le fourcheu sera soustenu des deux paux,
Auec six demy cors, & six sixeaux ouuerts,
Le tres-puissant Seigneur, heritier des crapaux,
Alors subiuguera sous soy tout l’Vniuers.

 

MCcccccxxxxxx. Car qui ne void que la lettre M.
est de noter au premier vers pour mil, & que les six
cors sont les six lettres C. qui sont autant de centaines,
& pareillement les six cizeaux ouuerts font cent dix,
partant que le tout denote 1660.

Et ce qui doit donner plus de poids à cette Centurie
est la remarque que fait Cardan, lors qu’il dit que
depuis 1689. iusques à 1782. auant le milieu commencera
vne Monarchie : tellement que toutes choses
seront gouuernées par vn seul. Or les années qui sont
depuis 1589. iusques à 1782. font 193. prend la moitié,
& tu auras 96. aduance cette moitie de 20. ans en les
tirant hors de 96. resteront 76. Adiouste 76. audit
nombre 1589. & tu auras iustement les années de ladite
Centurie, que le Roy qui porte les crapaux en ses Armes,
à present changées en trois Fleurs de lis, est le
Roy de France, qui subiuguera l’vniuers.

Certainement l’esperance est sort mal fondée, si le
Ciel ne change ; Il semble que ce bon Genie de la
France a fait escrit aux Remedes des mal-heurs de l’Estat
de la France imprimez depuis vn an, ce que nostre ieusne
Monarque auoit commencé heureusement à pratiquer,
puis qu’il auoit abandonné le Conseil des ieusnes,
& inhumains estrangers plus heureusement que
le mal-heureux Roboan. Il est vray que la visité qui
la fait de ses Prouinces pour les pacifier parmy les injures
des fascheuses saisons le tiroit bien loin de la faineantise
& delicatesse racine des faux plaisirs & voluptez
desordonnées plus pernicieuses aux Princes, que

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n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.

 

Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens.

I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit.

Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa

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visite, si les peuples l’ont fuy autant qu’vn estranger.
O Conseil barbare ; O tyrannie inouye ! O parricides
trompeurs qui ostans l’honneur que les peuples doiuent
rendre à leur Roy par vos cruelles maximes, le
mettez en hazard de perdre sa Couronne & sa vie ! O
François, iusques à quand balancerez vous sans resolution
de tirer vostre Prince hors de captiuité. Certainement
sa Majesté doit estre respectée. Mais quand elle
est possedée par des trompeurs, c’est vn grand respect
d’honneur qu’on luy fait, quand on l’en retire sans tant
de formalitez, & de pretendu respect.

 

Or pour reprendre la suitte des années climateriques.
Ie dis qu’en tout cas qu’il arriue changement, ce
ne doit estre pourtant en autre genre de gouuernement
en France, s’il faut auoir égard à la subiection
que les Prouinces de la terre ont aux Astres, & signes
Celestes.

Dautant que s’il est vray que la France est du Trigon
du Belier, Lion, & Sagittaire, signes Celestes masculins,
dont les Seigneurs & gouuerneurs sont Mars &
Iupiter, le Soleil comme Souuerain qui a son exaltation
au Belier, & son throsne Royal au Lion, elle tient
tousiours le gouuernement du Soleil, qui est seul
Souuerain Roy & Monarque entre les Astres.

De plus comme la France est proprement sous le
Sagittaire, signe commun, qui a sa signification sur les
hommes, & particulierement sur les Roys, aussi y est
elle naturellement soubmise par la commune sympathie
de la partie interieure du Sagittaire auec le hommes :
son visage est doux, celste & humain, qui attire
les hommes à le receuoir pour gouuerneur & Seigneur ;
Sonarc, & sa flesche sont ses armes pour les proteger
& deffendre : Sa partie posterieure de cheual est de
force, de vitesse, de generosité, & de seruice pour les
hommes, toutes qualitez necessaires au Prince, & qui
le rendent legitime.

Pour ces causes Alphonse Roy de Castille prefera

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son fils naturel Henry, à son legitime Pierre. Robert
Duc de Normandie allant en terre Saincte, prefera son
fils Guillaume à ses enfans legitimes : Charles Martel
prefera son fils Pepin à tous ses freres aisnez, à cause
qu’il auoit les qualitez dignes de la Couronne de
France.

 

Certainement le Prince qui n’a que le sang & la
naissance sans les qualitez & vertus Royalles se glorifie
en vain, s’il ne les acquiert & s’il ne deuient vertueux.
Ie ne prend point simplement vertueux à la
mode, pour bon homme ou bigot ; mais qui soit
sçauant suffisamment pour satisfaire à sa vacation &
condition autant qu’il suffit pour contenter le Prince
es vrayes & solides science de Philosophie & Theologie,
non sophistiqueries ; mais aux poincts fondamentaux
de l’vne & de l’autre science pour tenir & conseruer
la vraye religion que le premier Roy Chrestien Clouis
a professé, celle là mesme que Charlemagne a cultiué,
& que S. Louys a si sainctement pratiqué. C’est par
là, & par l’exemple des bons Roys qu’ils apprendront
à bien gouuerner, & à bien commander, & en suite à
leurs peuples, à bien & fidellement obeyr en toute prosperité,
suiuant le bon Genie de la France, qui la maintient
par la prouidence, que le Tout-puissant fait reluire
au benin Iupiter pour elle, lequel ayant son throsne
Royal au Sagittaire, sous lequel est la France, rend
sa fortune heureuse. Que si elle a souffert, & souffre des
calamitez, & que sa gloire ne se soit estenduë par tout,
ce n’a esté que par la mauuaise geniture des Princes,
ou par ceux qui les ont mal conseillé, Que s’il arriue
que le Roy sympathise auec l’Estat de la France, la gloire
de l’vn & de l’autre, n’aura aucunes limites. Alors le
Roy sera remply de Majesté, d’excellence & de magnanimité
du Soleil ; Il sera comblé de probité, de religion,
de iustice, & de toute sorte de prosperité par Iupiter. Il
sera humain, doux, ciuil, & honneste de la belle & bonne
Venus.

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Mais qu’il se garde de l’auarice de Saturne, de la cruauté
de Mars, & de l’inconstance de Mercure, lequel est
fauorable, quand il est conjoint auec vne Planete bien
faisante, mais pernicieux, quand il se rencontre meslé
parmy les malignes qualitez de Saturne ou de Mars. Tels
sont ordinairement les Princes, quels sont leurs Conseillers ;
si leur Conseil est de personnages esprouuez
& sages, les Roys ont la face humaine du Sagitaire, &
rien n’est meilleur : Si leur Conseil est d’hommes peruers
& corrompus, tels seront les Roys, suiuans en cela
la brutalité & cruauté de la partie posterieure du Sagittaire.
Ce qui finalement les rend odieux ; & comme
indignes de gouuerner les hommes, se voyent descheus
de leurs Estats, ou pour le moins de leur authorité
absoluë : malheur ineuitable en vn Prince vitieux
ou ignorant, comme fort à craindre aux peuples, attendu
qu’au changement d’vn Estat, encore qu’il soit
meilleur & libre, il y a autant à souffrir, qu’au malade
en la crise d’vne maladie mortelle, de laquelle il eschape.

Or en ce cas l’oppression insupportable des peuples,
les contraindra de rechercher remede contre la tyrannie,
qui ne peut estre que par les Estats, & par les principaux
de la Republique. Si ladite constitution des lumieres
celestes se change par vn mauuais mesnage de la dignité
Royale, ce sera par celle, que la domination lunaire
à commencé sur les François, comme a remarqué
Cardan, qu’autrefois les François estoiens francs, nobles
de courage & de vertus par dessus toutes les nations
du monde. Mais que depuis que le cœur du Scorpion a
quitté les Syriens, les Maures, & Capadociens pour se
loger au Sagittaire, sous lequel sont les Gaulois, ils
sont deuenus auaricieux, impatiens, inconstans, laborieux,
& seruils, qui obeïssent aueuglement, se soucians
plus de leur profit, que de leur gloire & liberté.

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EPIGRAMMA.

In Regalia anni 1648.

 


QVAM timidus Regem natum timet hostis Herodes
Christum, nam pauper, solus, eratque puer.
At plures, mirum, fortes si non fugit vnus.
Parcite nunc : Stultus num Mazarinus ecrit ?
Audit vociferantia Rex bibe ; Rex bibit ora.
Tot quoque sunt Reges, quot videt esse domos.
Sic rapit à nobis Regem Mazarinus amicum.
Imperium plures nescit habere Reges.

 

Inquit.

 


FALLITVR at fatuus, nam tot quot pocula fingunt
Reges, hæc vnum regia, mente colunt.
Conscius hæc simulans fugit : Altitonantis Olympi
Effugiet fulmen ? Non, ferietque caput.

 

Datum Parisiis sub Capricorno
anni 1648.

FVNDIBVLARIIS.
Distichum.

 


FVNDA ruit Goliath : Stratus, dolor ! ipse resurgit ;
Nam lapis baud satis est, ense necandus erat.
Ense necandus erit.

 

Sub Libra anni 1649.

-- 15 --

QVADRINS POVR LE BIEN
PVBLIC.

 


L’EMPIRE des François precipite sa ruine
Si tous les trois Estats l’ancien droit ne reprennent,
De nos libres Gaulois, car ceux qui le gouuernent
Sont vn corps scelerat exempt de loy humaine.

 

 


Sainte Religion, tu soulois presider :
La vaillante Noblesse en son lustre suiuoit :
Du Senat la sagesse enfin on escoutoit,
Le Prince sa Requeste faisoit emologuer.

 

 


Bon Pasteur ta constance chaque brebis admire,
Inuincible Beaufort, qui ce colosse esbranle,
Senateur dont le sort accommencé le branle
Trois Estats de la France releuez cét Empire.

 

 


Mais vne forte idée, mon iugement balance,
Si pour le releuer, il ne faut sous le fais
Comme vn Samson tomber. A si glorieux faits,
La Noblesse zelée à tout peril se lance.

 

 


La boulette, & l’Espée, le bras de la Iustice
Estroittement liez, font vn triple foüet,
Que le sens des damnez apprehende vn roüet
De dure destinée à torture & supplice.

 

 


Mais si tu le deslie (car l’Enfer n’a la force,
Ny le fer, ny le feu de rompre ce lien)
Par menaces deceu, ou benefice humain
De ton cordeau te lie, tu es pris à l’amorce.

 

 


Que le nombre plus grand de tes freres perfides
Ne choque point le sens d’vn genereux courage.
Qui flechit à tout vent, à la fin fait naufrage ;
La fortune tournant vomit des Arstides.

 

 


O vray Dieu qui preside à l’assemblée des Iuges,
Souffre tu que les Dieux bastards & corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?

 

-- 16 --

En Octobre 1649

FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.

 


FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.

 

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