Anonyme [1652 [?]], LA DECLARATION DE MESSIEVRS DV PARLEMENT D’ANGLETERRE. Enuoyée par leurs Deputez, à Monsieur le Prince de Condé, sur la marche de dix mil hommes mis sus pied pour son seruice. , françaisRéférence RIM : M0_877. Cote locale : B_7_49.
Section précédent(e)

LA
DECLARATION
DE MESSIEVRS
DV PARLEMENT
D’ANGLETERRE.

Enuoyée par leurs Deputez,
à Monsieur le Prince de
Condé, sur la marche de
dix mil hommes mis sus
pied pour son seruice.

-- 2 --

-- 3 --

LA DECLARATION DE MESSIEVPS
Du Parlement d’Angleterre, enuoyée par leurs Deputez
à Monsieur le Prince dé Condé sur la marche
de dix mil hommes mis sur pied pour
son seruice.

CE n’est pas d’aujourd’huy que les anciens
Ennemis de la France, la desirent voir troublée
par des guerres ciuiles & domestiques.
Comme desirans profiter de nostre forblesse ; Et sur
tous les Anglois ont bien fait paroistre le dessein
qu’ils ont tousiours eu de renouueller par la guerre
leurs vieilles pretentions sur la Guyenne, Tant
en vertu de la Declaration du Roy Charles VI. faite
à leur profit par ce Prince troublé d’esprir, (& qui
fut desauoüé par le Parlement & les Estats du
du Royaume) que par le Traicté de Bretigny,
dont ils se seruent pour monstrer leur droit
pretendu qu’ils disent auoir sur cette grande Prouince,
sans mettre en euidence la verité qu’ils en
ont esté descheus pour crime de felonie, par les
Arrests du Parlement.

Pour cét effect ils ont pris leur temps pour
assister les Partys des Princes du Sang aux guerres

-- 4 --

qu’ils se sont faites entr’eux, comme celle des deux
Maisons de Bourgongne & d’Orleans, qui ont tant
cousté au Royaume & qui ont duré si long-tempst
Durant lesquelles les Roys d’Angleterre ont assisté
le Duc de Bourgogne contre le Duc d’Orleans,
d’hommes & de moyens pour entretenir
certe guerre de si longue haleine, & tasché parmy
nos troubles de rentrer en l’ancienne possession
de la Guyenne.

 

Et durant les premiers troubles en France pour
le faict de là Religion, les mesmes Anglois ont assisté
le Parry des Nouueaux Protestans, & par leur
industrie, se sont saisis du Havre de Grace, pour
plus aisément passer leurs trouppes en France comme
ils ont fait de la Ville de Calais, qu’ils ont tenuë
tant d’années.

Et aux derniers Troubles fous le Regne du feu
Roy Louys XIII. d’heureuse memoire, dans la
Rebellion de ceux de la Religion pretenduë Reformée,
ils ont enuoyé leur Armée Naualle aux Rochelois,
se sont emparez de l’Isle de Rés, pretendant
qu’à leur arriuée toute la Guyenne se sousleueroit
pour faire vn puissant Party contre le Roy
& essayer en suitte de proteger les mesmes Ptetendus
Reformez dans le mesme Prouince sous les
Leopars d’Angleterre.

La feuë Reyne Isabel d’Angleterre aux secours
qu’elle enuoya au Roy Henry le Grand, n’auoit

-- 5 --

autre but que par cette assistance, mettre les Anglois
en Guyenne, ce n’estoit pas l’intention de
ce grand Roy de voir demembrer vne si belle piece
de la Couronne qui luy appartenoit.

 

Ainsi iamais les Anglois n’ont quitté leur pensée
d’entretenir nos troubles ciuils & se randre necessaires
à aucun des partie s formez, pour par nos diuisions
& affoiblissement essayer d’affermir leur puissance
en France.

C’est ce qui s’est passé en ce dernier trouble excité
au sujet du Cardinal Mazarin depuis l’emprisonnement
des Princes par ses conseils, que Monsieur le
Prince deliuré, contre la volonté dudit Cardinal, a
esté obligé de pouruoir à la conseruation de sa personne
par son esloignement de la Cour, ou il sçauoit
le mauuais dessein du mesme contre luy ; En sorte
que ledit Seigneur Prince s’est tousiours tenu sur la
deffensiue & lors que s’en allant prendre possession
de son Gouuernement de Guyenne, il s’est veu attaqué
par les Trouppes dudit Cardinal, sur la Place de
Mouron pour le deposseder de tout ce qu’il tenoit
en Berry, & le contraignit à sortir luy & sa Maison
pour chercher sa seureté en Guyenne, où il a esté
aussi tost poursuiuy : Enfin il s’est veu obligé d’en
venir aux armes pour sa iuste deffense, & de se seruir
de l’assistance de ses amis pour mettre sur pied
vne Armée considerable.

Ce qu’ayant sceu le Parlement d’Angleterre pour

-- 6 --

ne sortir hors de ses pretentions, & considerant
qu’en la constitution des affaires de Monsieur le
Prince, poursuiuy par les armes, s’aduisa de luy
faire sçauoir la volonté qu’il auoit de le secourir ; &
pour cet effet le mesme Parlement a choisi le Milord
d’Igby & le Cheualier Hamilton pour Deputez,
qu’ils ont enuoyé à Monsieur le Prince pour
luy faire entendre leur resolution à l’assister d’vne
Armée de huict à dix mille hommes entretenus,
afin de luy donner moyen de resiter à la violence
par la force & le mettre en estat de s’asseurer contre
les mauuais desseins du Cardinal Mazarin.

 

Au commencement de cette année, ces deux
Deputez du Parlement d’Angleterre arriuerent vers
Monsieur le Prince auec leur lettre de creance, &
luy proposerent l’offre d’vne Armée entretenuë de
huict à dix mille hommes pour sa deffense, demandant
pour Place de Retraitte celle de Royan en
Xaintonge, & de plus grandes forces s’il en auoit
besoin.

Monsieur le Prince remercie les Deputez, &
leur dit qu’il estoit obligé au Parlement d’Angleterre
de la bonne volonté qu’il tesmoignoit pour l’assister,
& qu’il les en feroit congratuler par le Cheualier
de la Riuiere, enuoyé de sa part en Angleterre,
leur promist de faire response au plustost à leurs
propositions, apres qu’il en auroit deliberé auec le
Parlement & la Ville de Bordeaux, & les Princes &

-- 7 --

Seigneurs qui estoient prez de luy.

 

Que si par leur Conseil il acceptoit les offres du
Parlement d’Angleterre, & se seruoit de l’Armée
qu’il luy promettoit, ce ne seroit point contre le seruice
du Roy, duquel il protestoit ne se departir
iamais, mais contre le mauuais dessein du Cardinal
Mazarin son ennemy particulier & general de toute
la France, qu’il ne poseroit point les armes tant
qu’il seroit au Royaume : Et cela estant, il seroit le
premier qui iroit rendre ses deuoirs au Roy, luy
offrir ses trouppes qu’il n’auoit leuées que pour
son seruice & pour establir la Paix en cét Estat, conclurre
la Paix generale pour le bien de la Chrestienté,
que c’estoit son intention, & qu’il n’eust peu faire
autrement pour asseurer sa personne contre ce Cardinal :
Ce qu’ils pourroient tesmoigner au Parlement
d’Angleterre, affin qu’il conneust & esprouuast
sa prise d’Armes comme raisonnable & necessaire.

L’on attend la nouuelle de la resolution de Monsieur
le Prince sur ces offres des Anglois, desquelles
il se pourra seruir si la necessiré l’y oblige & non
autrement : Car iusques à present il n’a voulu receuoir
aucuns Estrangers en son armée pour n’encourir
le blasme de les auoir appellez pour ruiner le
Royaume.

-- 8 --

Section précédent(e)


Anonyme [1652 [?]], LA DECLARATION DE MESSIEVRS DV PARLEMENT D’ANGLETERRE. Enuoyée par leurs Deputez, à Monsieur le Prince de Condé, sur la marche de dix mil hommes mis sus pied pour son seruice. , françaisRéférence RIM : M0_877. Cote locale : B_7_49.