Anonyme [1652], EXAMEN DE L’ESCRIT DRESSÉ PAR MOLÉ SERVIEN ET ZONDEDEJ, soubs le tiltre d’Edict du Roy portant Amnistie de tout ce qui s’est passé à l’occasion des presents mouuements, à la charge de se remettre dans trois iours dans l’obeïssance du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_1314. Cote locale : B_2_18.
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EXAMEN
DE L’ESCRIT
DRESSÉ PAR MOLÉ SERVIEN ET ZONDEDEJ,
soubs le tiltre d’Edict du Roy
portant Amnistie de tout ce qui
s’est passé à l’occasion des presents
mouuements, à la charge de se remettre
dans trois iours dans l’obeïssance
du Roy.

A PARIS

M. DC. LII.

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EXAMEN DE L’ESCRIT
Dressé par Molé, Seruien, & Zondedej,
soubs le tiltre d’Edict du Roy
portant Amnistie de tout ce qui s’est
passé à l’occasion des presents mouuements,
à la charge de se remettre dans
trois iours dans l’obeyssance du Roy.

ENCORE que tous les bons François
desirent la Paix comme necessaire à la restauration
de l’Estat, & qu’ils iugent que l’esloignement
du C. Mazarin deuoit terminer nostre
guerre ciuile, neantmoins on demeure
d’accord que nous ne verrons jamais le calme
dans l’Estat, si nous ne voyons premierement
l’vnion dans toute la Maison Royale. Cet Edit
qui porte vne feinte Amnistie de toute ce qui
s’est passé à l’occasion des presents mouuemẽts
à la charge de se remettre dans trois jours dans
l’obeyssance du Roy Et a la reserue de ceux qui

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seront prouués coulpable de l’attentat fait aux
Officiers du Parlement le 25. Iuin & de l’incendie
arriué le 4. Iuillet à l’Hostel de Ville, tant
s’en faut qu’il puisse seruit à pacifier les Esprits,
qu’au contraire il ne peust qu’aigrit ceux qui
pourront en souffrir la lecture. Nous pouuons
dire en general qu’il n’est tissu que des loüanges
du C. Mazarin des accusa ions attroces des
Princes & que d’vn bout iusques à l’autre on
ny recognoist point de sincerité. LOVIS
par la grace de Dieu &c. à tous presens & à venir
Salut. Ceux qui se sont seruis de ce tiltre sont
trop meschants pour estre creus auoir la grace
de Dieu qui consiste en la remission des pechez
& en la sanctification, il est vray que par vne
façon de parler que les Orateurs appellent Catacresin,
c’est à dire par vn abus, on attribuë
tout à la grace de Dieu, mais il n’est point de
Rhetoricien qui puisse persuader qu’ils desirent
le salut à tous ceux qui verront leurs Patentes.
La prosperité dont il a pleu à Dieu benir les cinq
premieres années de nostre Regne & de la Regence
de nostre tres honorée Dame & Mere, qui peut
estre comparée à celle des plus heureux Siecles.

 

Depuis que Louys onze a tiré les Roys hors
de page & que ce deuot Prince a mis les François
à la Cadene cet estat n’a esté que dans les

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troubles. La fin de la Politique est de rendre les
hommes heureux par l’abondance & par la securité.
Mais depuis que le Gouuernemẽt a esté
rendu arbitraire on a mis les imposts sur les necessisitez
de la vie, & pour auoir occasion de
prendre tour, les Roys ont engagé & vendu leur
Domaine quoy qu’il soit inalienable aussi bien
que la Couronne. C’est se moquer de faire passer
la desolation entiere de toute la France pour
prosperité, & dire que la Regence doiue estre
comparée au plus heureux Siecles l’estime
plustost que le Regne de Nerons seroit pour
nous de siecles d’or.

 

Mais depuis & pendant les trois dernieres années
de la Regence la puissance diuine ayant permis
qui diuers troubles & diuine ayent agité cet estat. Dieu permet le mal pour en tirer vn plus grãd
bien. Le Gouuernement violent ne peut pas
estre de longue durée, à qui doit on imputer
tout le desordre qui est arriué despuis trois ans
qu’a l’ambition, à l’auarice, & insufisance de
ceux qui ont esté employez à l’Administration
de l’Estat ? L’on a rejetté tout le mal arriué dans
le Royaume depuis l’année 164[1 chiffre ill.] sur nostre tres-cher
& tres amé Cousin le Cardinal Mazarinj.
C’est vne verité si claire que toute la France la
reconnuë & publiée par la bouche de tous ses

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Parlemen’s & quoy que mesme sa Majesté l’ait
declare neantmoins elle a fait paroistre que ce
Cousin issa de la lie du peuple fils d’vn banqueroutier
de Calabre, estoit si cher & tellement
aymé qu’on a preferé ses interests à ceux des
Princes, & des peuples & voulu affermir sa fortune
sur la ruïne de tout le Royaume. Nous l’auons
continué dans la Confiance & le Ministere de
nos plus importantes affaires. C’est icy qu’on
peut dire au plus larron la bource. Ceux qui
pretendoient par des factions & par les desordres
publics aduancer leur fortune particuliere ont pris
pour pretexte de tous les mauuais euenements & des
mouuements qu’ils excitoient eux mesmes la demeure
de nostredit Cousin le C. Mazarini pres de nous.
Apres auoir fait l’Eloge du Mazarin les Autheurs
de cet Escript (qui sont comme l’on
peut reconnoistre par le style & par le raisonnements,
le garde des Sceaux, le Comte de Seruien,
& Zodedei) commencent les accusatiõs
de Monsieur le Prince, mais auec tant d’impertinence
qu’il est aisé à juger que le mesme feu
qui les eschaufe les aueugle La fortune de Mõsieur
le Prince ne peust estre appellée particulier
sans blaspheme & ceux qui ont opprimé
son innocence & qui poursuiuent sa ruïne qui
sont les autheurs de tous les mouuements apres

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auoir toutes les calamitez publiques, veulent
rendre criminel celuy qui a entrepris de s’opposer
à leurs crimes & d’exposer sa vie pour la
deffence de la liberté publique. Au commencement
de l’année 1651. il nous obligerent, pour dõner
au peuple vne satisfaction qu’il sembloit nous demander
pour son repos & pour faire cesser les inconueniens
d’vne opinion dont le commun estoit
preuenu par les artifices de ceux qui estoient mal intentionez,
à consentir que nostredit Cousin s’esloignast
de nous. Par le traittement que les Princes
ont receu pendant leur captiuité & par les efforts
que ceux de leur party ont fait pour procurer
leur sortie, & par les suites de leur deliurance
nous pouuons iuger que ces illustres
malheureux doiuent reconnoistre ceux qui
ont abusé de la bonté de la Reyne & de la simplicité
du Roy pendant sa Minorité pour pour
les forgerons de leurs chaisnes, & qu’ils ont
toute l’obligation de leur deliurance à leur
innocence, reconnuë par le Parlement apres
vne longue poursuite. L’esloignement du Cardinal
Mazarin a este vne veritable fuite, ou
pour mieux dire vn euasion du chastiment
qu’il auoit merité.

 

Nostre Cour de Parlement de Paris à la sollicitation
de nostre Onde le Duc d’Orleans & du

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Prince de Condé [1 mot ill.] diuerses [1 mot ill.] de donner
vne declaration expresse [1 mot ill.] l’exclusion Cette
demande estoit tres iuste mais elle n’a pas esté
accordée comme telle ains plustost pour euiter
les tumultes dont la Maiorité si contraire aux
droicts des gens estoit menacée, ce fur pour cette
raison seulle quelle fut expediée aux termes
quelle fut conuenuë qu’on ny change rien
pour commencer la maiorité par la dissimulation
& le parjures il est vray qu’apres Cela il
sembloit qu’il ne deuoit plus arriuer de trouble,
que la diuision deuoit cesser que ceux qui
sone plus obligés à là manutention de L’estat
& de l’authorité Royale ne prenseroient qu’à se
conseruer dans les bonnes graces du souuerain,
mais tout cela suppose qu’ayant chassé ce Ministre
fatal, ce grand fauori, ils ne fussent pas deuenus
les ennemis irreconciliables d’vne Reyne
qui peut tout sur l’Esprit du Roy son fils &
qui se voit priuée de ce quelle a de plus cher
dans le monde Mais comme ils auoient resolu
d’exciter vn nouueau souleuement & auoient
pretendu que le refus que nous ferions de consentir
à la dite declaration leur en donneroit on
specieux pretexte, vn nouueau souleuement en
suppose d’autres de façon que ces Messieurs
veulent donner à entendre, que sont A. R. &

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Monsieur le Prince ont esté les autheurs des
barricades de Paris tant ils sont aueuglés par
leur passion.

 

Le Prince de Condé estoit desia lié auec les Espagnols
il les deuoit receuoir dans la Guienne. Apres
auoir este tiré hors de prison Contre le gré de
la Cour il s’est veu poursuiuy iusques dans son
Hostel & contraint de se retirer à la campaigne
pour eschapper des mains des assassins. Il a
cherché vn lieu de refuge il on l’a poursuiuy
iusques dans son Gouuernement, Et ceux qui
disent qu’il pris les armes confessent eux mesme
qu’ils ont manqué leur coup luy aiant donné
le temps de se mettre en deffence. Il nous
oblige iustement a donner cõtre luy & ses adherans
nostre Declaration du 8. Octobre laquelle fut enregistrée
en nostre Cour de Parlement de Paris,
& en nous autres Cours de Parlements. Ce
n’est pas la premiere fois qu’on a contraint la
Iustice de condamner l’innocence & mesme
ces graues Senateurs ne fonderent leur Iugements
que sur la Declaration du Roy qui portoit
l’exclusion du Cardinal M. & contre laquelle
la Prudence du Prince protestoit que ledit
C. reuiendroit aussi que l’euenement a fait
paroistre Nous nous [3 lignes ill.]

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de Cõde pour y trauerser en toutes choses nos resolutions
qu’il trouuoit à dire au choix de nos Ministres
La calomnie s’aduance auec le discours, au
commencement on propose de felicitez imaginaires,
ou des prosperitez particulieres, qui
ne sont signalées que par les miseres publiques :
en suite sont venus les Eloges du Cardinal Mazarin,
lequel est rendu infame ayant esté condamné
& par contumace, & sur la notorieté
de ses crimes dans plusieurs Royaumes. Apres
il falloit venir aux Princes, & sans respect de
leur naissance accuser leur generosité, pour
n’auoir pas voulu vser de condescendence enuers
le plus insolent & le plus incapable Ministre
qui ait eu l’administration de l’Estat. Personne
ne peut doubter que son Altesse Royale
n’ait long temps balance à se declarer pour
l’vn ou l’autre des partis qui l’auoit fait arbitre
de leurs differents. Il a tousiours vsé d’vne moderation
pleine de Iustice, & a prattiqué toutes
sortes de moyens pour terminer les affaires
par la douceur. Ayant par son authorité fait
reconnoistre l’innocence des Princes, le deuoir
de la pieté l’obligeoit de continuer sa protection
enuers celuy contre lequel l’iniustice
preparoit ses violences. Sa prudence reconnût
que la faction du Cardinal Mazarin auoit preualu

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dans l’esprit du Roy, que sa Majesté preferoit
le restablissement de ce Fauory au bien de
l’Estat, à l’amitié des Princes de son Sang, à la
Iustice de ses Declarations & au repos de tous
ses Sujets. Il est demeuré dans Paris pour deffendre
la capitale Ville contre ceux qui ont resolu
sa ruïne, & qui ont souuent bit qu’elle
estoit vne bonne ville pour brusler. Il s’est
opposé à l’execution des mal heureux desseins
du Cardinal Mazarin, & qui ont esté executée
contre les promesses Royales, estant entré auec
main forte dans le Royaume, exerçant sur sa
route toute sorte d’hostilitez, & ayant mesme
commis vn attentat sur la personne de deux
Senateurs. La Cour vsoit de tromperie, faisant
semblant d’approuuer cet esloignement, &
par des Lettres de Cachet, ostant toute esperance
de retour. Et neantmoins les ordres
qu’elle enuoyoit coup sur coup par de nouuelles
depesches pour haster ce malheureux retour,
tesmoignent l’empressement qu’on auoit
pour son restablissement, quoy que l’on publiast
que c’estoit vn pretexte faux pour prendre
les Armes contre le seruice du Roy. Qu’il
nous vouloit empecher d’aller au deuant du mal
qui se preparoit dans nos Prouinces & qu’il agissoit
sous main pour de mesmes fins que faisoient lesdits

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Princes ainsi que la conduite qu’il a tenuë depuis l’a
fait [illisible] Le voyage que le C. M. fit
faire au Roy en Guyenne pour aller assieger
Bourdeaux [3 mots ill.] son Altesse
Royale, aussi l’on en vid le succez. Celuy du
Be[2 lettres ill.]y a esté fait contre son mesme aduis, &
l’on ne s’est pas contenté de passer outre : on a
exclus du Conseil celuy qui en deuoit estre le
Chef. La poursuite qu’on a fait du Prince de
Condé, qui se retiroit en Guyenne, au lieu
d’apporter du remede au mal, a ruiné plusieurs
Prouinces : & si deslors on eust donné asseurance
à ce Prince pour tenir son rang dans la
Cour, on auroit veu le calme & la tranquillité
dans l’estat Les Espagnols n’ont iamais perdu occasion
de prendre part aux diuisions du Royaume,
qu’ils les ont souuent esmeues & tousiours fomentées
Il n’y a point de doute que les Politiques se
seruent de ces maximes pernicieuses ; mais il
est aussi certain que tout le mal vient de nous
mesme, & que comme dit sainct Chrysostome
apres Epitecte, personne ne reçoit du
dommage que luy mesme n’en soit la cause.
Nemo læd tur nisi à serpso. L’oppression attire la
haine, & de cette cy vient la desobeïssance,
qu’on appelle rebellion. Quoy qu’il falle mettre
de la difference entre la Souueraineté & la

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Tyrannie entre les subjects de ses esclaues. Suivant
[2 mots ill.] qu’ils auoient fait auec ledit
Prince de Condé. On doit de la inferer l’excez
de la perfection, puis que ce Prince a esté
contraint pour se deffendre, ce [2 mots ill.] tout
son bien dans le danger, & auoit [2 mots ill.]
Estrangers, pour esuiter la barbarie de ceux
desquels il auoit estendu l’Empire. Mais tout
le traitté qui se peut trouuer entre l’Espagnol,
est de ruiner le Cardinal Mazarin, & de faire
la guerre pour en tenir la Paix Generale. Il n’est
point de Loy qui nous oblige de nous laisser
persecuter par les Tyrans [4 mots ill.]
& puis que le bien de l’Estat est la souueraine
Loy, & que la tranquilité du Royaume se pouuoit
subsister auec la presence de celuy qui
auoit causé sa ruine & qui auoit [1 mot ill.] les
traittez de Paix : il falloit se [1 mot ill.] de tous les
moyens pour [1 mot ill.] : celuy qui vouloit establir
la fortune fut la ruine de tout le [1 mot ill.].

 

Il est icy necessaire de [1 mot ill.] que les interests
du Roy & de l’Estat [3 mots ill.]
separer de ceux de son Conseil de chercher
d’auec ceux de ses Ministres qui mesme a
mauuaise conduite des personnes qui ont [1 mot ill.]
[1 lignes ill.]
[5 mots ill.]. Nous [1 mot ill.]

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alors qu’il estoit du bien de nostre seruice
ainsi que la prudence d’entendre [1 mot ill.] que nostre
dit Consile Cardinal Mazarin nous faisoit de
nous [1 mot ill.] vne armée & nous luy commandasmes
de reuenir pres de nous Neantmoins les plus
iudicieux ont estimé que si le Cardinal Mazarin
ne fut pas reuenu le party du Prince ne
pouuoit plus subsister & que l’entrée de ce C.
a iustifié toute sa cõduite & a eleué ses esperances.
Les pratiques qu’il a fait dans nos autres Prouinces
nous ont obligé d’y courir pour remedier au
sousleuement d Angers & nous opposer au passage
de l’armée des Espagnols, iointe à celle qui estoit
composée des trouppes sous le nom de nostre dit Oncle
le Duc d’Orleans a quoy par l’asistance diuine
nous sommes employez asses heureusement ayant
reduit Angers & le pont de ce en nostre obeissance.
A qui doit on imputer tant de fatigues noire
tant d’afronts d’auoir esté refusé dans la meilleures
Villes du Royaume qu’a la presence du
Cardinal Mazarin ainsi son absence auoit plus
fait pour gaigner l’amour de ses peuples que sa
presence ne luy peust seruir auec toutes les armées
pour faire quelques conquestes.

 

La venuë du Prince de Condé par deça, sa reception
dans nostre bonne Ville de Paris & dans nostre
Cour de Parlement authorisée par nostre dit

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Oncle au prejudice de nostre Declaration y ont renouuellé
les troubles & les ont rendus plus grands
& plus dangereux qu’ils n’auoient encores esté.

 

Le Prince a este obligé de quitter la Guienne
pour se fortifier de la protection de son A.
Royalle la declaration qui a esté donnée contre
luy n’à esté que soubs vn faux entendre qu’il
auoit pris les Armes contre le seruice du Roy,
& que le retour du Cardinal n’en auoit esté
que le pretexte : de sorte que lors qu’on a veu
le Cardinal entré auec main sorte dans le Royaume,
& que le Prince a rendu son retour illustre
par ses Victoires, la Cour l’a receu à bras
ouuerts & rendu iustice à son innocence, apres
auoir admiré sa valeur & sa prudence. Enfin le
dessein desdits Princes a paru d’assujettir nostre
Cour de Parlement & nostredite Ville de Paris à
leur volonté, a paru comme il fait presentement,
les artifices & les menaces ont esté inutiles pour
y paruenir, ils ont employ la force.

On accuse les Princes de ce dõt ils sont conuaincus ;
la violence qui fut faite à quelques Officiers
du Parlement & de la Ville, a esté faire
par ceux de leur party, & puis apres ils ont fait
publier que les Autheurs de ces seditions
estoient les Partisans des Princes, quoy qu’on
ait descouuert que les placards qu’on a veux affichez

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aux coins des ruës, & les violẽces qui se
faisoient sur le Pont Neuf, [3 mots ill.]
[4 lignes ill.]
& Madame de Rhodes. Et que pour descrier
la conduite les Princes, ils ont fait attrouper
des Filoux & qu’on fait pendre comme seditieux.
Tout Paris a sceu la trahison du Mareschal
de l’Hospital lequel auoit fait entendre
à la Cour que l’Armée entreroit dans Paris : Il
auoit disposé pour cét effect tous ceux de sa
cabale & donné les ordres de se saisir des Portes,
afin d’empescher la sortie aux Bourgeois
qui voudroient aller deffendre le Prince, qui se
mesla vingt deux fois ce iour auec les Ennemis
& pour faire entrer par la porte de la Conference
& par l’Arsenac les Trouppes du Mareschal
de. Turenne, ausquelles on auoir promis
le pillage, n’y ayant chetif [1 mot ill.] qui en eust
quitté sa part pour mille escus. Apres ces trahisons,
la generosiré du de Duc Beausort ayãt retiré
de l’embrasement beaucoup de traistres, les
conduisit le lendemain iusques hors des portes
de Paris, & apres la deposition que ledit Mareschal
de l’Hospital fit de la charge de Gouuerneur

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de Paris fit ledit Duc de Beaufort a presté
[1 mot ill.] de fidelité à son A. R. declaré Lieutenant
du Royaume, tandis que le C. M. seroit en
France Voila dequoy on pretend rendre criminelle
le zele de nos Princes, pour la conseruation
de l’Estat Car pour ce qui regarde les
plaintes qu’ils font de ce qu’ils ont tenu comme
ils font encores, leur Armée aux enuirons de
ladite Ville, pillans & rauageãs les faubourg &
le voisinage d’icelle y rendent impunement les bestiaux,
meubles & grains prouenans de leur pillage.
I’estime qu’il ne faut respondre autre chose, sinon
qu’ils ont mauuaise grace d’obiecter aux
Gens de guerre des Princes le pillage de quelques
maisons, veu que les leurs ont remply
tout le Royaume de violements, de sacrileges
& d’incendies. Aussi personne ne les croira,
quoy qu’ils protestent. Qu’ils sont touchés d vne
vine douleur des violences extremes, que tant d’armée
de diferents partis causent en diuers endroits
sans qu’il paroisse plus aucuns respect des Maiestés
diuines & humaines.

 

Il ne failloit pas confondre la Maiestés de
Dieu auec la bassesse humaines & nous remener
à l’Idolatrie, mais celles cy trouue son tẽps
dans la Cour. Ayant vne tres sensible compassion
des pertes & calamité que nostre peuples souffre.

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Toute vostre douleur est de ne point profiter
de nostre courage, car comment nous persuader
que vous voulés traiter ceux qui s’estant
opposez à la tyrannie ont causé ses troubles,
comme un bon Pere fait à ses Enfans vous qui
estes, encores soubs vn gouuerneur & ne
pouués estre appellés Peres que par mocquerie.
Enfin pour conclusion aiant mis cette affaire en
[1 mot ill.] en nostre Conseil. Lequel Conseil est
composé de quatre estrangers sçauoir d’en Sanoyard,
à sçauoir le Prince Thoma, de deux
Anglois, qui ont perdu la Monarchie d’Angleterre,
à sçauoir le Mylard Germain & Montagu
& d’vn Sicilien nommé Zondedej, qui sert de
[1 mot ill.] au Mazarin par l’aduis de ces Conseillers
& l’vne Espagnole qui est chef du Conseil.
Nous donnons Amnistre à nos Confins les
Princes de Condé & de Conty & leurs adherans.
Le tout à condition que nostredit Oncle le Duc
d’Orleans nosdits Confins les Princes de Condé &
de Conty ensemble tous nos subiects qui sont pres
deux poseront les armes de bonne foy trois iours
apres que les presentes auront esté publiées en nostre
Cour de Parlement seant en nostre Ville de Pontoise.
Apres auoir rendu Criminel les Princes
qui ont fait paroistre par leurs protestations
qu’ils ne vouloient que chasser du Royaume

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l’autheur de ses troubles eû leurs offre vn Amnistie,
sous de conditions irraisonnables, cette
Amnistie est outrageuse où il ny a point d’offance
il ne faut point de pardon tout ce que les
Princes ont fait merite plustost des recompences
que des abolitiõs & ainsi que l’on se tienne
à l’execution de la declaration donnée contre
le C, Mazarin & a la dernier qui a este faite par
les Princes deuant toutes les Cours Souueraines
& nous ne deuons rien craindre car autres
de vouloir desarmer nos Princes & nous abandonner
à la parole de ceux qui font profession
de n’en estre point esclaues c’est courir à sa ruine.

 

FIN.

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