Sandricourt,? de [?] [1652], LE VISAGE DE LA COVR, ET LA CONTENANCE DES GRANDS, AVEC LEVR CENSVRE. ET Le Dialogue du Roy, & du Duc d’Anjou, Auec la Mamman. EN PROVERBES. , françaisRéférence RIM : M0_4033. Cote locale : B_3_14.
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LE
VISAGE
DE
LA COVR,
ET LA
CONTENANCE
DES GRANDS,
AVEC LEVR CENSVRE.

ET
Le Dialogue du Roy, & du Duc d’Anjou,
Auec la Mamman.

EN PROVERBES.

A PARIS.

M. DC. LII.

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LE VISAGE
DE LA COVR,
En Prouerbes.

LA FRANCE.

A Roy de Papier, Princes de Paille, Peuple
de Foin.

LE ROY.

Ie Chasse souuent, & ie bats les buissons ; mais on
me rompt mon Parc, & l’Espagnol prend les bestes.

Le Critique.

Il ne faut croire mauuais Conseil.

Le Duc d’Anjou.

Nous aurons nostre Regne apres les autres.

Le Critique.

Il y aura cependant bien des testes cassées.

La Reyne.

A tout perdre il n’y a qu’vn coup perilleux, &

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ie n’en demordrois pas pour tous les Fils d’Eue &
d’Adam.

 

Le Critique.

Chacun est libre de foller à ses despens.

La Reyne.

Ma chemise m’est plus proche que ma camisole,
& qui m’aime, aime mon chien.

Le Critique.

Elle est comme le camelot, elle a pris son ply.

Le Priué Conseil.

Vn valet ne peut faire que ce que son maistre
luy commande, ny vn cheual bridé aller autrement,
que comme on le mene.

Le Critique.

Qui se fait beste, merite que loup le mange.

Le mesme Priué Conseil.

Nous sommes du bois dont on fait les vielles de
tous bons accords.

Le Critique.

Autrement, bas à toutes bestes.

Le Premier President.

Ie suis le Chien au grand Collier, rien n’est bien
fait, si ie ne le fais.

Le Critique.

La grand’Barbe ne fait pas le Philosophe, ny
l’Homme d’Estat.

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Le mesme Premier President.

Il n’est que de bien faire ses orges quand on y
est, ie m’en fais appeller Messire Iean par les Villages.

Le Critique.

Il ne perdra rien faute de le demander.

Le mesme, entant que nommé en l’Archeuesché
de Toulouse.

Ie suis mal monté, mais i’en attrape tousiours
quelqu’vn.

Le Critique.

Autant de bon que de volée, & plus de chance,
que de bien loüer.

Seruient.

A tous Seigneurs, tous honneurs ; il ne faut
point s’informer de quel costé vient le vent, pourueu
qu’il soit bon.

Le Critique.

Ab homine signato, libera nos Domine.

Fontenay, [1 mot ill.] de nouueau fait
Sur-Intendant.

Il n’est que de se trouuer où l’on départ l’Eau
beniste, on en a tousiours sa part.

Le Critique.

Eau beniste de Cour n’efface aucun peché veniel.

Le vieux Sur-Intendant.

Faueur de Prince n’est pas heritage, & en plusieurs
estats se voit, qui ieune ne meurt.

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Le Critique.

C’est grand dommage quand il arriue mal à
gens de bien : Il a son compte, son sac est
plein.

Le Tellier.

Ie deuiens d’Euesque Meusnier.

Le Critique.

Il n’est chance qui ne retourne.

Monsieur de Villeroy.

Ce que l’vn fait, l’autre détruit.

Le Critique.

Imprudence ne quiert science.

Le Duc de Damuille.

Ie suis l’amy du cœur, i’ay la chance, mais i’ay
peur que ce ne soit pas de la bonne.

Le Critique.

Il ne vaut rien qui n’a courage.

Le vieux Chancelier.

Ie sçauois bien qu’on reuiendroit cuire à nostre
four.

Le Critique.

On consulte tousiours les vieux Sorciers, &
il n’est que Changeurs pour se connoistre en monnoye.

Mr de Chasteauneuf.

On me passe souuent la plume par le bec.

Le Critique.

Pour vn poinct Martin perdit son asne.

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Guitaut Capitaine des Gardes de la Reyne.

Il faut faire le Chien pour auoir l’os.

Le Critique.

En esperance d’auoir mieux, tant vit le Loup
qu’il deuient vieux.

Roquelaure, & le Marquis de Gêvres.

Il fait bon se tenir au gros de l’Arbre.

Le Critique.

Pourueu que le Tronc n’en soit pourry.

Les Milords Germain, Montaigu, & d’Ygby.

A la bonne heure nous prist la pluye.

Le Critique.

La marchandise de loin est tousiours la plus prisée,
& rien qui vaille trouue plustost sa chance,
que quelque chose de bon.

Ondedey.

Ie me trouue icy comme au païs de Cocagne,
i’y rencontre tout à souhait.

Le Critique.

Il vient de bien loin faire honte & dommage
à son voisin.

Mazarin.

Ie laisse tout faire & tout dire, mais ie sçauray
bien prendre ma place en temps & lieu.

Le Critique.

C’est vn bon Gardien pour les Brebis que le
Loup.

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Le Coadiuteur.

On ne me connoist pas pour me voir, & tel
parle de nous deux, qui ne sçait comme il y a.

Le Critique.

Vn Barbier rayst l’autre, & c’est la Mesgnie d’Arcambaut,
plus il y en a, & moins vaut.

Le Roy d’Angleterre.

Ie suis Monsieur de nul lieu faute de place, &
ne sçay plus à quel saint me recommander.

Le Critique.

Vn malheureux voudroit que tout le monde
le ressemblast ; c’est pourquoy cettui-cy tâche à nous
mettre dans le panneau.

La Reyne d’Angleterre.

L’on se repent tousiours de mauuais marché.

Le Critique.

Où la chévre est liée, il faut qu’elle broute, &
quand on est à son aise, il faut tascher de s’y tenir.

Le Duc de Vendosme.

Quand on est auec les Loups, il faut hurler, &
tirer tousiours le bon bout par deuers soy.

Le Critique.

C’est vn grand Conquerant, il a fait des merueilles
depuis peu, dont il est grand bruit en la ruë
des muets.

Le Duc de Mercœur.

Il faut rendre honneur à qui on le doit, & faire

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tout ce que le Roy veut sans dire ny quoy, ny
qu’est-ce, fust-ce de baiser le cul du [1 mot ill.].

 

Le Critique.

O le Vilain, il y a long-temps qu’il luy a presenté
son offrande, il a sa marque, & n’est riche
que de ses faueurs.

Le Duc d’Elbeuf.

Tous biens sont communs, il n’y a que maniere
de les auoir.

Le Critique.

C’est encore vn homme de bien, il prendroit sur
le Maistre Autel, il est de tous mestiers, encore a-t’il
bien de la peine à viure.

Messieurs ses Enfans.

Les Rieurs ne sont pas icy de nostre costé.

Le Critique.

On fait peu de cas de Saints qui ne guerissent
de rien.

Le Duc d’Espernon.

Qui perd vn chien, & recouure vn chat, a tousiours
vn animal à quatre pattes.

Le Critique.

Quand on veut attraper vn mastin, on luy baille
tousiours quelque os à ronger.

Le Duc Candale son fils, de nouueau nommé par la
Cour pour estre Gouuerneur de la Guienne,
qu’on luy garde.

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La chose dont on me fait present, est à mon seruice,
& hors de mon commandement.

Le Critique.

Ce n’est pas viande pour ses oyseaux, le morceau
luy passera bien loin du bec.

Le Comte d’Harcourt.

I’ay battu les buissons, d’autres auront pris les
oysillons.

Le Critique.

Les bons Cheuaux qui font l’auoine, ne la mangent
pas.

Le Prince Thomas pourueu de la charge de Grand Escuyer.

Iamais l’vn ne perd, que l’autre ne gaigne.

Le Critique.

Il ne falloit plus que cettui-cy pour nous
acheuer de peindre, il est pourueu, Dieu pouruoye
les autres : la Foire sera bonne, les Marchands
s’assemblent.

Les Mareschaux de Turenne & de la Ferté Senneterre,
parlants de la disgrace du Comte d’Harcourt.

Autant nous en pend à l’œil, & nous prenons
bien de la peine dõt on ne nous sçaura gueres de gré.

Le Critique.

Peine de vilain n’est à rien compter.

Le Mareschal d’Hocquincourt.

Il m’en a desia cousté pinte & fagot, mais ie
n’ay pas tout perdu, puis que i’ay sauué le moule

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du pourpoint.

 

Le Critique.

Les jeux sont faits pour les fautes.

Le Mareschal de Grancey amenant des forces de
Normandie au secours de la Reyne.

Au besoin on voit qui amy est.

Le Critique l’accusant d’auoir conniué à la prise
de Grauelines.

Il n’a garde de courir aprés son éteuf, il y a
long-temps qu’il a vendu son cheual pour auoir
de l’auoine.

Les faux Mazarins de la Cour.

Il faut baiser la main dont on voudroit que le
bras fut coupé.

Le Critique.

Les braues se monstrent où ils sont.

Monsieur le Duc d’Orleans.

Patience irritée, deuient fureur.

Le Critique.

Brebis qui enragent, sont pires que Loups.

Mademoiselle.

Bon sang ne peut mentir.

Le Critique.

C’est la vraye Pucelle d’Orleans, ses yeux en
font autant mourir, que l’autre en mettoit à mort
auec son espée.

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Le Conseil du Duc d’Orleans.

Il faut empescher que la charrette ne marche
deuant les bœufs.

Le Critique.

Les effets sont masses, & les paroles femelles.

Le Prince de Condé.

A cœur vaillant, rien impossible.

Le Critique.

Qui ne fait que pour soy, ne merite point de
remerciment.

Le Conseil du Prince de Condé.

Il faut faire monde neuf.

Le Critique.

Tout ce qui bransle ne tombe pas.

Le Prince de Conty.

I’en fais plus que tous les Fierabras, & suis bon
à la guerre, ie ne pose le harnois ny iour ny nuict.

Le Critique.

Il n’a garde qu’il ne fasse des merueilles, il est
tousiours maistre du faix.

Le Duc de Longueuille.

Bas bruit est bon garçon, & qui va lentement,
va seurement.

Le Critique.

Autant chemine vn homme en vn iour, qu’vne

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limasse en cent ans.

 

Le Duc de Beaufort.

Qui fait ce qu’il peut, & donne ce qu’il a, n’a
point merité de blâme

Le Critique.

C’est marchandise de Paris, il n’y a que nicqueter

Le Duc de Guise.

On se garderoit plustost d’vn Larron, que d’vn
traistre.

Le Critique.

Malauisé a fort à faire.

Le Comte Daugnon.

Qui ne s’a vanture, n’a ny cheual, ny mule.

Le Critique.

Qui ne se hazarde, n’est iamais pendu.

La Motte-Houdancourt.

I’ay tout besoin de chercher vn autre nid, il n’y
a plus rien à faire icy pour moy.

Le Critique.

L’Espagnol n’a plus suiet de craindre l’Hyuer,
ny le froid des pieds, il ne dormira lus sans castalogne.

Marsin.

Ie ne suis encor à bord, ny riue.

Le Critique.

On quitte souuent sa chance pour auoir pis.

Balthazar.

Arriue qui pourra, ie suis resolu de pousser tousiours
mon bidet, & l’herbe sera bien courre si
ie ne pais.

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Le Critique.

Il n’est que d’employer bien sa fessée.

Les Seditieux de l’Ormée.

Il ne faut point tant de Loups à manger
vne Brebis.

Le Critique.

Ny tant de Chiens à ronger vn os.

Le Duc de Lorraine.

A force de malheur, chance vient.

Le Critique.

Dieu veut jeu, bien qu’il ne soit pas joüeur.

Les Espagnols parlants de la France.

Il faut tous ayder à plumer ce Coq.

Le Critique.

Quand vn chien se noye, chacun luy foule
sur la teste.

Le Prince de Marsillac, la Boulaye, & autres.

Il faut ayder au contre, & se mette tousiours
du costé des plus forts.

Le Critique.

Chose prohibée, & defenduë, est tousiours
chere tenuë.

Les Picoreurs des deux Armées.

Il n’est glanes qu’en Aoust.

Le Critique.

Icy le Gibet perd son droict.

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Les Soldats de l’Armée Mazarine.

Nous n’auons pas affaire à beste lassée.

Le Parlement de Pontoise.

Nous auons changé nostre Borgne à vn
Aueugle.

Le Critique.

On fait souuent à la haste, chose dont on
se repent tout à loisir.

Le Parlement de Paris.

En broüillant les Cartes souuent on a beau
jeu.

Le Critique.

Qui cherche malheur, malheur luy vient.

Monsieur de Broussel.

On croid mieux souuent vn méchant de
mentir, qu’vn homme de bien de dire vray.

Le Critique.

Il n’est aussi de pires bourdes que les vrayes.

Le President Viole.

Ce qu’on me garde n’empire pas.

Le Critique.

On n’attaque pas volontiers vn mastin qui
a de bonnes dents & de bonnes griffes pour se
defendre.

Le President Amelot

Ie me suis vn peu hasté de parler.

Le Critique.

Vn coup de langue est pire qu’vn coup de

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lance.

 

Les vieux Intendants.

Nostre regne n’est plus de ce Monde.

Le Critique.

Ce sont de bons diables, ils ont volé à toutes
mains.

Les Partisans.

Nous sommes comme les Procureurs, nous
releuerons mangerie.

Le Crit.

Ouy, si la potence ne vous éleue, & ne vous
rend Euesque des Champs, qui font la benediction
auec les pieds.

Les Fils des Partisans.

Nous auons dequoy frire, nous nous mocquons
de la barboüillée.

Le Crit.

Les enfans d’vn pere damné sont tousiours
heureux.

Le Clergé.

Humilité passe par tout.

Le Critique.

Ceux-cy sont du païs de Cocagne, les Alloüettes
leur tombent dans le bec toutes rosties.

La Noblesse.

Assez se passe de l’escot, qui rien ne paye.

Le Critique.

Ceux-cy sont comme les Arbalestriers de
Coignac, de dure desserre.

Le Tiers Estat.

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Les batus payeront l’amende.

Le Critique.

La beste du commun est tousiours la plus
mal pansée.

Les Parisiens.

Nous sommes du Bourg-l’abbé, nous ne
demandons qu’amour & simplesse.

Le Critique.

A la longue la roüille mange le fer.

DAMES DE COVR.

La Chevreuse.

ON voit bien à mes yeux que ma teste
n’est pas cuitte.

La Monbason.

I’en ay bien fait l’acquit de ma conscience,
ie ne dois point auoir regret au temps passé.

Mad. L. M. D. M.

Mangeons tout, puis qu’on nous foüille.

M. le C. D. R.

Vn peché celé, est à demy pardonné.

La Dame de Beauuais.

Ie sçay de bons mots, si ie les voulois dire.

Le Critique.

Il faut se défier de toute beste qui a deux
trous sous la queuë.

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DIALOGVE DV ROY,
ET DV DVC D’ANIOV,
AVEC LA MAMMAN.

Le Roy. IL y mange bien des mousches qui
n’y voit.

Le Duc d’Anjou. Il n’en faut croire ny
Gautier ny Garguille, il en faut faire à sa teste.

La Reyne. Qui folle par conseil, ne folle
qu’à demy.

Le Roy. Les vrays amis sont bien rares.

La Royne. Encore s’en peut-il trouuer vn
entre mille, & la mere n’en est pas morte.

Le Roy. Mon Cousin le Cardinal n’en est-il
pas le Phœnix ?

Le Reyne. Vous deuriez baiser la terre par
où il passe.

Le Roy. Mamman, Vous allez vn peu bien
viste en besongne.

Le Reyne. Vostre Majesté ne le connoist
pas comme ie fais.

Le Roy. Ie le cognois tant, que ie ne l’en
aime pas mieux.

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La Reyne. Vous voyez ce qu’on vous fait
quand il n’y est pas.

Le Roy. Et ie sçay ce que vous faites quand
il y est.

La Reyne. Vous en sçauez beaucoup, ie ne
sçay qui vous en a tant appris.

Le Roy. Ie ne dis mot, mais ie n’en songe
pas moins.

La Reyne. Ie vous conseille de ne rien garder
sur le cœur.

Le Roy. Tout vient à temps, qui peut attendre.

Le Duc d’Anjou. Mamman, Monsieur le
Cardinal vaut son prix, personne ne le blâme,
il n’y a que vous qui l’appellez Cu brûlé ;
Mais quand il ne viendroit iamais icy lanterner
le beurre, tout ne s’en porteroit que
mieux, i’auois cecy à vous dire, parce qu’il ne
me reuient de nulle part où ie l’enuoye. Adieu
Mamman, quand les mots sont dits, l’Eau
beniste est faite : Pensez-y plus d’vne fois,
& songez sur tout qu’on n’est pas tousiours
soubs la verge, & qu’enfans deuiennent gens.

La Reyne. Ces Badins me donneront bien
des affaires ; mais voyez vn peu, les Pistcaux

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enseignent à la Pie à faire son nid ; mais n’importe,
il n’y a remede, il en faut passer par
là ou par la fenestre, chose promise est deuë,
& puis le terme vaut l’argent ; & qui a vne
bonne heure en sa vie, n’a pas tousiours
pauureté.

 

FIN.

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Sandricourt,? de [?] [1652], LE VISAGE DE LA COVR, ET LA CONTENANCE DES GRANDS, AVEC LEVR CENSVRE. ET Le Dialogue du Roy, & du Duc d’Anjou, Auec la Mamman. EN PROVERBES. , françaisRéférence RIM : M0_4033. Cote locale : B_3_14.