M. J. B. D. T. E. R. O. D. P. M. [1649], SVITTE DV CATECHISME DES PARTISANS, OV DES RESOLVTIONS THEOLOGIQVES, Touchant l’Imposition, leuées & employ des Finances. Par M. I. B. D. E. T. E. R. O. D. P. M. , françaisRéférence RIM : M0_652. Cote locale : C_1_8.
Section précédent(e)

SVITTE DV
CATECHISME
DES
PARTISANS,

OV DES
RESOLVTIONS
THEOLOGIQVES,
Touchant l’Imposition, leuées & employ
des Finances.

Par M. I. B. D. E. T. E. R. O. D. P. M.

A PARIS,

M. DC. XLIX.

-- 2 --

AV LECTEVR

IE te diray (mon cher Lecteur) que i’ay vne pensée, bien contraire à
celle, de l’Autheur de la premiere partie de cet Ouurage, encor que nous
ayons tous deux trauaillé pour le mesme dessein. Dautãt qu’il s’imaginoit que
tu n’aurois pas plutost ietté les yeux sur ces Resolutions Theologiques, qu’vn
tumulte de sanglots fanderoit ton cœur, pour te faire fondre en larmes,
de ce que leur naissance n’a pas esté accelerèe de trente ans, pour preuenir les
miseres où nous sommes plongez. Et moy i’estime, que tu n’auras pas plutost
fait reflextion, sur celles que ie te donne en suitte, que tu épanouyras ta
ratte, pour te moquer de luy & de moy coniointement, de ce qu’enfin l heure
est arriuée, qui nous peut rendre ridicules aux Partisans. Ce n’est pas
que ie desire rien entreprendre au dessus de luy, ou t’obliger à iouër les persõnages
d’Eraclite & de Democrite en mesme temps (Vous laissans tous deux
dans l’entiere liberté de vos mouuements) mais parce que tu iugeras infailliblement,
qu’elles auroient estè aussi invtiles en ce temps-là qu’elles
sont à present, ainsi que ie le coniecture. Neantmoins ie n’ay pas laissé de
les mettre en lumiere, dans la creance que i’ay, que ta bonté te les fera receuoir
de bon cœur, & que partes sainctes prieres, elles auront vn plus heureux
succez que ie n’espere. Adieu.

-- 3 --

SVITTE DV
CATECHISME
DES PARTISANS.

DEMANDE.

Qu’est-ce que le Conseil de direction ou de finances ?

RESPONSE.

VOVS seriez mieux aduisez, & mobligeriez
d’auantage, de vous informer du conseil de
vostre conscience. Mais à ce que ie vois, vous
voulez suiure la routte des curieux, & vous
efforcer de passer pour vn de ces esprits, qui se picquent
si fort de sçauoir ce qui ne les regarde pas, qu’ils oublient,
ce à quoy ils deuroient le plus penser. Peut-estre
que le sang qui coule dans vos veines, a pris son
origine de ce grand homme Abaillart, auquel Sainct
Bernard reprochoit, qu’auec la connoissance qu’il auoit
du Ciel & de la terre, il viuoit dans l’ignorance de
soy-mesme. Il est vray que vous n’estes pas seul, &
que le nombre de ceux qui viuent dans ce dereglement,
surpasse de beaucoup celuy, de ceux qui font reflexion
sur eux-mesmes. Mais si vous vouliez suiure
mon aduis, vous les laisseriez faire. Que vous importe

-- 4 --

de sçauoir les secrets de l’Estat ? pretendez-vous remedier
aux abus que vostre caprice, ou quelque autre aussi
mal timbré que le vostre, se figurera ? Ou bien esperéz-vous
luy donner vne pante contre son cours ordinaire,
comme fait le premier mobile au reste des globes celestes ?
Si vous auez cette pensée, vous y reüssirez mal.
Il y a eu des hommes long-temps auparauant que vous
ayez veu le iour, d’vne capacité qui excede la vostre ; qui
n’ont osé s’ingerer d’y apporter du remede, & vous
voulez vous en inquieter l’esprit ? Vous ne connoissez
pas les destours de ce Dedal, ny les contours de ce Laberinthe.
Prenez-y bien garde auparauant que de vous
y engager, crainte de vous y perdre ; Si vous estes sage,
ou si pour le moins vous n’estes point endurcis dans vostre
mal-heur, croyez-moy, renoncez à toutes les illusions
qui vous fascinent, & employez vos soins à examiner,
si tous les ressorts de vostre-interieur vont d’vn
pas égal.

 

D. Vostre remontrance est vrayement tres Chrestienne,
mais elle est tissuë de termes si seueres, que ie
n’ose passer outre, pour vous declarer les scrupules qui
me gehennent, quoy que i’aye les pensées tres sinceres ?

R. Si vous n’estes retenu que de cette apprehension
vous pouuez librement les exposer à ma censure. Pourueuque
Dieu ny soit point offensé, ny l’honneur du
prochain interessé : vous me trouuerez toujours dans
la moderation. Car l’on ne reçoit que trop de douceur
de moy, lors qu’on demeure dans les termes de la bien-seance
Chrestienne. Ce que vous pourrez éprouuer si
dans l’empressement des difficultez, que vous auez
dessein de proposer, vous conseruez la robbe de la charité
entiere.

-- 5 --

D. Si vous parlez à cœur ouuert, vous ne pouuez vous
dispenser de respondre à la question que i’ay auancée,
n’ayant aucun dessein qui ne soit selon Dieu ?

R. Ie n’ay garde de manquer à vous donner cette satisfaction,
puisque vous auez de si saintes intentions.
Outre que l’Apostre S. Pierre nous commande d’estre
tousiours disposez de rendre raison à ceux qui nous la demandent.
Et pour preuue de la sincerité de mon cœur, ie
vous diray sans differer ; Que le conseil de direction ou
de finances, est vne Compagnie tres-auguste, composée
de personnes de haute probité & d’experience incomparable,
qu’elles se sont acquises dans l’employ des premieres
charges du Royaume, dont le Roy a vne ample
connoissance. Car ne vous imaginez pas que nos Monarques
remplissent leur cour de gens de mauuaises foy,
& qui ayent fait banqueroute à l’honneur. Si les Princes
qui se laissent piper aux charmes des flateurs, tombent
dans ce mal-heur déplorable auec larmes de sang ;
Nos Roys qui ont pour appanage de leur Souueraineté
les titres Augustes de tres-Chrestiens, & de fils ainez de
l’Eglise, non seulement sont exempts de ce funeste accident ;
mais mesme hors de tout soupçon, autrement
comment pourroient-ils porter ces rayons de lumieres
au dessus de leurs Diadémes dans l’aprobation de toutes
les nations de la terre, s’ils n’auoient en auersion les ames
qui ne se repaissent, que de l’impieté du mensonge.

D. Les Ministres de ce Conseil sont-ils en grand nombre ?

R. Cela dépend absolument de la volonté du Roy,
qui en retranche ou admet tant qu’il luy plaist, selon les
conionctures de ses affaires : ainsi qu’il est arriué depuis

-- 6 --

la disgrace du sieur d’Emery, sa Majesté ayant adiousté
à la Sur-Intendance, deux Directeurs. Mais pour l’ordinaire,
il n’y a qu’vn Sur-intendant, vn Controlleur general,
quatre Intendans, trois Tresoriers de l’Espargne,
quatre Secretaires du Conseil, trois Tresoriers des Parties
Casuelles, qui reçoiuent les deniers qu’on finance,
pour les Offices de ceux qui sont morts, sans payer le
droict annuel, vulgairement appellé la Polette.

 

D. S’il est vray, comme ie n’en doute nullement,
que le Roy ne donne l’entrée en son Conseil de direction,
qu’aux personnes d’integrité & de capacité, dont
il a vne plaine & parfaicte science ! Dites-moy de grace,
s’il se repose tellement en leur conduitte, qu’il leur çn
laisse la direction entiere & absoluë ?

R. Pour contenter vostre esprit, vous permettrez
que ie me fasse iour au trauers les broüillars qui enueloppent
vostre proposition ; car la croyant de la natute,
de celles dont on ne peut penetrer le fond, qu’à la faueur
de l’éclaircissement qu’elles reçoiuent par l’ouuerture
d’vne distinction : ie ne penserois auoir satisfait à
vostre curiosité, si ie ne me seruois de cette reigle. Si
donc par l’entiere & absolüe direction, vous entendez
vne pleine puissance sur les Officiers Subalternes, comme
sur les Tresoriers generaux de France, les Esleus, les
Partisans, Traitans & autres, qu’on qualifie hommes
d’affaires, qui s’insinuënt dans le gouuernement des
finances pour corrompre tout (Tout ainsi que fit le
serpent sous le feüillage du figuier pour seduire nos premiers
parens dans le Paradis terrestre) afin de leur faire
rendre compte de leurs receptes & de leurs mises, pour
l’interest du Roy : Ie vous declare que les choses se passent

-- 7 --

de la sorte. Mais si par cette disposition absolüe
vous pretendez que sa Maiesté leur donne vn pouuoir
souuerain sur les finances de son espargne, sans aucune
reserue ; non pas mesme, la faculté de leur demander
compte quand bon luy semblera : Si ie vous répondois
absoluëment par vne affirmatiue, ie vous tromperois
asseurément. Car vous deuez sçauoir que nos Princes
ne sont pas si mal aduisez, d’attribuer à leurs Subiets
vne puissance si souueraine, qu’ils ne l’assujettissent
tousiours à leur volonté, ou à leur bon plaisir, pour
parler en leurs propres termes. Autrement ils s’arracheroient
d’eux-mesmes le Sceptre des mains, & jetteroient
leurs Diadémes, aux pieds de ceux qui reçoiuent
toute leur gloire des plus humbles submissions qu’ils
leurs rendent. Et pour vous faire conceuoir sensiblement
cette vetité : Agréez que nous jettions les yeux
sur nos tres-Augustes Parlemens, pour en examiner l’authorité,
sans toutesfois rien entreprendre à leur preiudice.
Ne sont-ils pas Compagnies Souueraines, remplies
de personnes aussi illustres par leur doctrine & integrité
de mœurs, que par l’esclat de la pourpre qu’ils
portent. C’est trop peu dire, & ce discours me semble
trop rempant, pour correspondre à l’excellence de leur
merité. Releuons donc nostre pensée, en disant que leur
seule vertu donne tout le lustre à leurs robes d’escarlatte,
qui éblouïssent les yeux de tous ceux qui les admirent.
Nos Roys ne les ont-ils pas astablis & constituez
Iuges & Arbitres en derniers ressorts, de la vie & des
biens de leurs Subiets ? est-ce à dire pour cela qu’ils n’en
puissent disposer selon leurs bontés & leurs iustices ? y
a-t’il Senateur de ces Corps lumineux qui ne signe de

-- 8 --

de son sang, qu’ils le peuuent iustement dans les termes
de droict, & qui n’en prononce l’Arrest en plein
Senat ? Qui pourroit donc dispenser Messieurs du Conseil
de direction de rendre compte au Roy de leurs
actions, lors qu’ils témoignent le desirer, veuqu’ils sont
inferieurs en authorité aux Cours Souueraines, & que
souuentes fois leurs Majestez les renuoyent pardeuant
elles, pour se iustifier de leurs maluersations, ou pour
en receuoir, la correction selon l’enormité de leurs crimes ?
Et certes tres iustement ; car si cette barriere n’estoit
interposée entre la vertu & la corruption du siecle,
l’on verroit sans doute des abus si excessifs dans les finances :
Qu’il vaudroit tout autant que sa Majesté fisse vœu
d’vne pauureté Euangelique, que d’instituer vn Surintendant.
Car l’or a des appas si charmans, des attraits
si puissants, des esclats si brillans, qu’il n’y a probité
qu’il ne peruertisse, integrité qu’il ne corrompe, vertu
qu’il ne precipite : multi dati sunt in auri casus, & facta
est in specie ipsius perditio illorum, dit l’Eccles. chapitre 31.
verset 6.

 

D. Ie pourrois authoriser vostre pensée par l’exemple
d’vn grand homme du siecle. Mais ie ne veux pas
transgresser la loy que vous m’auez prescripte. Outre
que vous m’auez fait naistre la demangeaison, de sçauoir
la raison pourquoy le Parlement n’a pas procedé
contre toutes les maluersations qu’on a descouuert au
gouuernement des finances, la Reyne luy en ayant donné
le pouuoir ?

R. Ie ne m’estonnerois pas si vn Chinois ou vn Taupinambourg
nouuellement arriué des Antipodes, me
faisoit cette question ; mais qu’vn Bourgeois de Paris,

-- 9 --

qui n’a jamais perdu de veuë les tours de Nostre-Dame,
me questionne d’vne chose, dont les enfans du berceau
le pourroient desabuser ; Ie me sens contraint d’auoüer
que cela me surprend extremément. Car de deux choses
l’vne, ou vous auez perdu le souuenir, de tout ce qui
s’est passé és celebres Assemblées du Parlement, depuis
dix-huit mois en ça, où vous auez vescu dans vne entiere
indifference des affaires du monde. Si vous estes
tombé dans le premier inconuenient, qu’elle apparence
de vous rafraichir la memoire d’vne chose, dont vous
ne pouuez estre asseuré d’en conseruer vn moment la
moindre idée ? Et si vous auez esté dans le second, vous
meritez encore moins d’en estre informé. Et de fait, n’est
ce pas vne chose ridicule à vous, de me demander la raison
pourquoy la Cour n’a pas pourueu par sa Iustice ; au
reglement de l’Epargne du Roy ? Qui ne sçait que toutes
ses Conferences n’ont euës autre but, que de faire
rendre compte de plus de cinq cens millions de liures,
qu’on a leué sur les Prouinces, dont il n’en reste pas vn
teston dans les coffres de sa Majesté ? N’a-elle pas poussé
ses saintes intentions, au de-là des violences extresmes,
qu’ont genereusement soufferts ses graues Senateurs ?
N’a elle pas fait plusieurs belles Remonstrances au Roy
& à la Rey ne Regente, pour iustifier ses iustes motifs,
qui estoient d’eux-mesmes suffisamment reconnus ? N’a
elle pas arresté, que commission seroit donné au Procureur
general, pour informer à ces fins, contre tous les
Partisans & hommes d’affaires ? N’a-elle pas forcé la
Reyne par ses tres-humbles prieres, de condescendre à
l’establissement d’vne Chambre de Iustice, dont Monsieur
le President de Mesmes, a esté choisi pour estre le

-- 10 --

premier President ? Enfin qu’est ce qu’elle a duë faire,
qu’elle n’ait fait, pour en voir l’execution ? N’y a elle pas
employé toutes les maximes d’vne politique Chrestienne,
& tous les ressorts de la plus haute sagesse du monde ?
Que si elle n’a point produit l’effet, qu’on en pouuoit
esperer ; n’est-ce pas qu’on a opposé la force à sa justice,
la temerité à sa prudence, la violence à sa moderation,
l’impieté à sa religion, la rebellion à son obeyssance ?
Il est vray, qu’elle pouuoit surmonter tous ces obstacles
par les armes qu’elle auoit en main ; mais elle ne s’en est
pas voulu seruir, crainte de tout perdre, en pensant sauuer
la moindre partie.

 

D. Le Roy ne luy en demandera-il pas compte, lors
qu’il sera declaré majeur, & qu’il sera bien informé des
desordres qui se sont passez ?

R. Ie crois qu’il suffira pour sa iustification, de representer
à sa Majesté, qu’elle a voulu y apporter le
remede ; mais qu’au lieu de le receuoir selon la grandeur
de son merite, des barbares Septentrionnaux se sont mis
en campagne auec plus de rage que l’enfer, pour opprimer
ses inuincibles suppots par le feu & le fer, & enseuelir
sa superbe & magnifique ville de Paris, le miracle du
monde, & la merueille des Empires, dans la poussiere
& la cendre, qu’à ces fins, ils l’ont bloquée & inuestie
si estroittement, que pour donner passages aux
viures, il falloit tous les iours exposer la vie de ses bons
Subjets, lesquels auoient resolu de respandre leur sang,
pour soustenir son authorité ; mais que pour empescher
ce desastre, & arrester le cours des violences extresmes
de ses Allemans & Polonnois endiablez de leurs prophanations
de nos Temples sacrez, de leurs viols sacrilegues

-- 11 --

& de leurs attentats abominables contre la Diuine Majesté ;
Elle auoit iugé tres-expedient de superceder, & desister
de ses poursuittes ordinaires, en attendant que le
bras de sa Majesté se fortifie de plus en plus de la vertu
du tres-haut, pour s’en faire iustice de soy-mesme.

 

D. Bon Dieu ! quand ie fais reflexion sur les barbaries
de ses inhumains, & au poinct où le luxe de Paris,
& monté, parmy les necessitez publiques : Ie ne pense
pas que la Diuine Prouidence ne l’ait ainsi ordonné,
pour rabatre l’orgueil de cette ville pompeuse ?

R. Vous n’estes pas seul de ce sentiment, tous les
gens de bien soustiendront vostre opinion. Pour moy,
voyant le peu d’amendement qui paroist au peuple, apres
s’estre veué à l’abandon de la rage des Estrangers,
forcé de tremper son pain, dans le torrent de ses larmes,
& d’achepter sa vie au prix de son sang : l’aprehende que
la Iustice Diuine, n’ait encore les foudres en main, pour
punir sa temerité. Hé Dieu ! que n’ai-je des larmes de sang
pour déplorer le desastre, auquel il se prepare par son
aueuglement ; car tout ce qui est passé n’est qu’vne platte
peinture, de ce qui doit arriuer, si la Diuine Bonté
ne destourne de dessus nos testes criminelles, le carreau
de sa iustice foudroyante.

D. Brisons la dessus, ie vous prie, pour retourner sur
nos premiers erres. Car nous pourrions faire vne si ample
digression, si nous nous embarquions plus profondément,
dans le souuenir des mal-heurs passez, que nous
en perderions la route. Et pour nous y engager de bonne
grace ; Ne pourrez-vous pas dresser vn sommaire des
charges du Conseil de direction, pour sçauoir au vray
les obligations de ses Ministres ?

-- 12 --

R. Oüy da, & pour vous montrer que cela m’est tres-facile,
ie vous en feray presentement l’expedition, à
condition pourtant que vous me pardonnorez du bon
du cœur, si ie ne l’assaisonne de toutes ces circonstances
& dépendances. Vous sçaurez donc, sans vous faire autre
prelude ; qu’ils sont tenus : Premierement, de veiller
incessamment à la cõseruation du fond de l’Espargne de
sa Majesté, tout de mesme que ces dragons qui estoient à
la porte du jardin des Hesperides. Secondement, d’en
procurer l’augmentation autant que la Iustice leur permet,
& de prendre garde qu’il ne s’epuise en profusions
inutiles. Troisiémement, de chercher des moyens
prompts, faciles & moins rigoureux, pour en recouurer
lors qu’il vient à manquer, pour les plus pressantes necessitez
de l’Estat. Quatriémement, d’empescher de tout
leur possible, que leurs Commis ou hommes d’affaires,
ne commettent aucun abus, ny exercent aucune violence
és receptes des Tailles, Taillons, Subsistances, & d’autres
subsides qu’on leue sur les Prouinces du Royaume.
Cinquiesmement, d’auoir grand soin de payer les
droicts & les gages des Officiers des Cours Souueraines,
des Iustices Royales Subalternes, de la maison
du Roy, des Tresoriers generaux de France, des
Eleus, des gens de guerre, afin de les contraindre a obseruer
les loix de la discipline militaire. Enfin, de ne
point frustrer les gens de merite & de naissance, des faueurs
& des graces que le Roy leur accorde & ordonne,
pour les bons seruices qu’ils rendent, où ont rendus
à l’Estat. Il y en a encore plusieurs autres, que i’enseuelis
dans le tombeau noir du silence, pour n’estre point de pareilles
importances.

-- 13 --

D. Voila vn amploy si ample, que ie n’estonne comment
ses Messieurs, entreprennent tant d’autres affaires
qui ne sont pas de moindre consequence ?

R. Oüy certes, cet employ est si considerable, qu’il
merite plus que le temps d’vn homme du commun.
Mais les esprits ne sont pas tous de mesme trempe. Et
l’on commetteroit vne injustice tres-euidente, si on les
toisoit tous à vne mesme mesure. Car il est tres-constant
qu’il y en a de si vifs, de si perçans & si penetrans,
qu’ils agiront plus en vne heure, & débroüilleront plus
d’affaires en se diuertissans, que ne pourroient faire d’autres
en vn siecle, dans leurs plus profonds & serieux entre
tiens ; mais comme il se peut faire que le faix soit si lourd,
que les épaules d’vn Athelas ne sont pas suffisantes pour
le supporter : de mesme quoy qu’vn esprit soit excellent,
il peut succomber dans l’embaras de la multitude des
grandes affaires. Mais les Messieurs du Conseil ont vn
iugement trop solide, pour s’en surcharger de gayeté de
cœur : Cela est bon à faire à quelque estourdy, qui ne
s’en soucie pas, de se rendre ridicule & le joüet de tout
le monde.

D. Vous raisonnez conformément à vn esprit bien
moderé, & qui n’aspire qu’à faire paroistre des actions
glorieuses ; mais ceux qui ambitionnent tout, ne peuuent
auoir cette qualité que fort rarement ; de sorte que
Messieurs de la direction, qui n’ont autre passion qu’à
plaire au Roy, si sa Majesté leur commande quelque
entreprise au dessus de leurs forces ; pour quoy ne voulez-vous
pas, qu’ils obeïssent en aueugles ?

R. Vous imaginez vous qu’ils soient si extrauagans,
que de s’arracher les yeux, ou que sa Majesté ait si peu

-- 14 --

de prudence, que d’imposer à ses Subjets des iougs insupportables ?
N’avez-vous iamais oüy dire, que les
Roys sont les images viuantes de la Diuinité ? Et comment
en pourroient ils conseruer les traits les plus expressifs,
& les lineaments les plus naturels, s’ils vsoient de
cette rigueur ? Deus impossibilia non iubet, dit le Concile
de Trente, * apres la Colomne inesbranlable de l’Eglise,
Sainct Augustin, si bien que vous vous exposez à vne
temerité inexcusable par vostre supposition, laquelle
estant ostée, vous deuez estre satisfait de vostre demande.
Mais cela supposé, ne sont ils pas assez aduisez pour s’excuser
sur leur impuissance, & par de tres-humbles remonstrances
supplier sa Majesté de les en dispenser. Que
si apres leurs supplicatiõs non feintes & simulées, le Roy
leur commande d’executer ses volontez, & desire qu’ils
le seruent en cela, & en toutes autres affaires : Ils sont
dignes de loüange, quelque funeste accident qui puisse
arriuer, & les porter sur la pante de la rouë, qui renuerse
leur credit, aussi bien que leur fortune.

 

* Sess. 6.
C. II.

Cap. 431.
de nat. &
gra.

D. Sont-ils obligez en conscience, de receuoir toutes
les propositions, que leur font les hommes d’affaires, pour
trouuer des finances au Roy ?

R. Nullement, s’ils ne veulent s’engager à mettre les
Ames des Subiets de sa Majesté à l’encan, & au plus offrant
& dernier encherisseur, s’estans rencontré des Demons
incarnez ; (car il n’est pas croyable, que ce soit des
hommes, encore qu’ils en ayent la figure,) lesquels ont
esté autrefois si osez, de proposer au Conseil, de mettre
des imposts sur le Baptesme sacré des enfans, mais cette
proposition fut reiettée d’vn commun consentement,
comme méchante, scandaleuse ; abominable & detestable,

-- 15 --

& procedante de l’esprit de Sathan.

 

D. Sçauez vous bien ce que vous dites ? n’en a-t’on
pas mis sur le mariage, qui est vn Sacrement de l’Eglise
aussi bien que le Baptesme ?

R. Il y a vne grande difference entre ces deux Sacremens.
Car le Baptesme est si spirituel, qu’il n’est pas permis
à vne main prophane d’y toucher, non plus qu’à
l’Arche d’Aliance de l’ancien Testament. Vous sçavez
ce qui en arriua au miserable Oza, qui fut si temeraire,
que de la vouloir soustenir, crainte qu’elle ne tombasse
par terre. Il n’en fut pas quitte à moins de la mort, encore
que son intention fust-ce droitte. Mais le Mariage
comprend en soy deux choses ; à sçauoir, le spirituel &
le temporel, le diuin & le ciuil. Les Princes ont droict
sur le ciuil, & en peuuent ordonner de leur pleine puissance,
sans toucher ny confondre le diuin & spirituel.
La Cour par ses Arrests en a bien sceu faire le discernement,
quand ces années passées elle a declaré nuls &
abusifs plusieurs mariages. D’autant qu’elle n’a pas entendu
dissoudre le Sacrement, ny desunir les parties,
comme le defend la Loy de Dieu * ; mais seulement de
declarer mal & abusiuement contracté, en consequence
dequoy, il n’y a point de Sacrement, ainsi que l’enseignent
les Conciles Oecumeniques, & Saincts Canons de
l’Eglise. Si bien que les Princes peuuent imposer quelques
droicts sur les contracts de Mariage, qui sont purement
ciuils, sans toucher au Sacrement qui est tout diuin &
spirituel. Il est vray, qu’il seroit plus sçeant de n’y point
penser, nonobstant toutes les subtilitez que les Theologiens
puissent inuenter, & les visages qu’ils luy puissent
donner.

2. Reg.
cap. 6. 6

* Matth.
19. 6.

-- 16 --

D. Ie remarque que vous contre-faites le serupuleux
a merucille, lors qu’il vous plaist. N’est-ce pas le souuerain
secret, pour accroistre le fond de l’Epargne, de mettre
des imposts sur toutes choses ?

R. Nullement ; car si vous pensez que les finances du
Roy soient immenses pour auoir des grands tresors en
ses coffres, ses Subiets estans reduits au sac, & à la besasse ;
Vous vous abusez ? Ces vrayes richesses sont dans
l’opulence du peuple, la quelle s’augmentant par vn
juste commerce, tout ainsi que l’eau d’vn bassin, dans
lequel des viues sources se déchargent incessamment,
il en peut tirer vne assistance, comme d’vn abysme
d’or sans fond : n’y ayant pas vn bon François,
qui n’ouure sa bourse de tres bon cœur pour remedier
aux affaires pressantes de l’Estat, & qui ne luy offre iusqu’au
dernier denier, tant l’affection qu’il a, à son seruice
est sincere & sans bornes. Ce qu’il ne peut esperer
de l’immensité des finances de son Epargne ; attendu
qu’elles sont de la nature des eaux croupissantes, qui
causent plus de corruption qu’elles n’apportent d’vtilité,
& qui se diminuënt à mesure qu’on en puise.

D. Ils font donc vn tort bien notable au Roy, d’admettre
vn si grand nombre de Party en France ?

R. Plus grand qu’on ne peut s’imaginer ; car outre qu’ils
tarissent les viues sources des tresors de son Epargne par
ces moyens si peu Chrestiens, cõme ie vous ay déduis. Ils
sont cause qu’on l’estime : Premieremẽt Prince inhumain,
auare, sans amour pour son peuple, qui sont des taches
si noires qu’elles ternissent tout le lustre de sa pourpre
Royalle. Secondement, qu’il a l’esprit préocupé des
maximes de l’impie Machiauel. Troisiémement, qu’il

-- 17 --

a renoncé aux Loix Diuines, & fermé les yeux aux lumieres
de l’Euangile. Enfin, qu’il aspire à la tyrannie,
& qu’il n’a en visée que l’oppression de ses Subiets, d’où
naissent ordinairement comme des commettes de mauuaises
influences, tous les mouuements des Estats, & le
bouleuersement des plus florissantes Monarchies de
l’Vniuers. Car les peuples ayãt la pensee qu’on leur veut
rauir la liberté ; font quelquesfois violence à leur inclination
naturelle pour secouër le ioug de l’obeyssance.
Nonobstant que ce soit cracher contre le Ciel, & s’opposer
au cours de la diuine prouidence, selon la doctrine
de l’Apostre Saint Paul, lequel a écrit en son Epistre
aux Romains que, Qui resiste à la puissance, resiste à l’ordonnance
de Dieu ; de sorte que la plus haute gloire des Subiets
fidels & Chrestiens, ne consiste solidairement qu’à
des veritables respects pour leurs Princes, mesmes quãd
ils seroient Tyrans declarez : d’autant que, comme dit le
mesme Apostre, au lieu cotté, toute puissance est ordonnée
de Dieu.

 

Cap. 23.

D. Si l’estat estoit sur le penchant de sa decadence :
En ce cas, n’est-il pas licite de se seruir de toutes sortes
de voyes extraordinaires ?

R. C’est vn vieux prouerbe que, la necessité n’a point
de loy ; de sorte que ce qui est defendu en vn temps, peut
estre permis en vn autre. Par exemple, il est defendu de
tuer & de dérober. Il y en a deux Commandemens exprés
au Decatalogue, qui sont de telle nature, qu’ils sont negatifs.
Neantmoins posons le cas, qu’vn homme soit si
viuement poursuiuy par vne trouppe d’assassins, qu’il ne
puisse conseruer sa vie, qu’en les jettants roides morts

-- 18 --

sur la place : Et qu’vn autre soit si pressé de la faim, que
la mort luy est inéuitable, s’il ne mange promptement :
Ne croyez-vous pas, que le premier peut tuer ceux qui
l’assaillent iniustement, & qu’il est permis au second de
prendre du pain sur l’estaut d’vn boulanger, s’il n’en peut
auoir d’ailleurs ? Pour moy ie n’ay iamais leu aucun Casuiste,
qui ne leur donne la liberté, auec exemption de
tous pechez, mesmes veniels, y ayant apporté toutes les
précautions iustes & raisonnables. Si bien que le Roy
pour estre ce qu’il est : ie veux dire Souuerain, puissant,
& au dessus de tous ses Subjets, est-il de pire condition
qu’eux, en sorte que la necessité de ses affaires le pressant
si fort, qu’il ne puisse trouuer promptement du secours
qu’en exigeant des leuées sur eux : Pourquoy ne se seruiroit-il
pas du droit que la Nature & toutes les Loix Divines
& humaines luy donnent ? Toutesfois, il en doit
vser auec douceur & moderation.

 

D. Ie demeure d’accord, qu’il ne faut pas mettre les
peuples à l’aumosne ; aussi ce n’est pas la volonté du Roy,
& que les voyes moins rudes sont les meilleures pour leuer
les subsides ; mais que peut-on faire quand on ne veut
pas absolument payer aucun droict ? Voyla dans Paris
qui est la capitale du Royaume, & vn monde abregé, où
l’on ne reçoit rien presentement, & encore moins en
la campagne.

R. Vrayement vous m’en donneriez bien à garder,
si ie n’auois vne parfaicte connoissance de ce qui se passe ?
Qui est celuy qui ne veut pas payer ce qu’il doit au Roy ?
qu’elle est la ville ou la bourgade qui refuse de satisfaire
aux taxes dont elle est chargée ? Si vous m’en cottez quelqu’vne,
il faudra s’informer de la cause de son refus : la

-- 19 --

Iutisprudence nous defendans de condamner aucun
sans l’ouyr. Vous nommez Paris, allez, allez, c’est vous
railler de moy. Y-a il au monde vn peuple plus passionné
pour son Prince, que les Parisiens ? Y a-il cité, ou ville
dans l’Vniuers, de laquelle vn Monarque tire plus de
contribution que de Paris ? Si presentement l’on ne paye
pas aux bureaux les droicts des entrées, ainsi que
vous l’asseurez ; qui en est cause, sinon la passion
extresme qu’ils ont de reuoir leur jeune Monarque, l’vnique
appuy de leur esperance ? Tout le monde ne crie-t’il
pas hautement par les ruës, qu’on le ramene dans son
Louure, & qu’on ne le verra pas plutost assis en son trosne,
que les bourses seront ouuertes à son contentement ?
S’il est vray qu’il ne reçoit rien de la campagne, ie
vous veus payer par ce vieux Proverbe, qu’où il n’ya
rien, le Roy perd son droict. Cõment peut-on raisonnablement
esperer de receuoir quelque chose de ceux qui
n’ont rien ? Sçavez-vous quelque secret pour tirer du
sang d’vn corps, dont on en auroit épuisé la derniere
goutte ? L’vn des plus grands hommes du Parlement
n’a-t’il pas dit en la plus Auguste Compagnie, que le
Soleil puisse éclairer, qu’il y a des Prouinces où les peuples
sont contraints de manger à la table des cheuaux ;
c’est à dire, à manger du pain d’aueine, & de l’herbe,
comme des bestes de charges. Quoy, vous osez esperer
de tirer de l’argent de ceux qu’on traitte en bestes ? Les
bestes n’ont point de tresors cachez. La force & la violence
n’y peuuent rien ; car quand on feroit marcher, des
Legions entieres de Demons incarnez : pour les prendre
& renfermer dans des cachots noirs, afin de les faire tomber
en pourriture par violence, & par misere, ou pour

-- 20 --

enleuer les draps & la paille, sur lesquels ils couchent ;
(car de coette, il y a long-temps qu’ils en ont perdu l’vsage)
vous ne profiteriez pas de beaucoup de chose. On
n’oseroit pas enleuer les langes & les drapelets des petits
enfans, & encores moins, les poislons dans lesquels on
leur fait vn peu de boüillie auec de la farine d’orge & de
l’eau. Autrement on seroit plus Turc, que les Turcs mesme,
plus inhumain que les barbares, plus dénaturé que
les Tygres, plus enragé que les Leopards : & souuenez-vous
que nous sommes dans vn regne si pieux & si iuste,
que si on auoit attenté à vne action si detestable que la
Iustice de la Reyne en feroit ressentir les effets de sa rigueur,
sans misericorde.

 

D. Donnez-moy donc quelque remede, ou quelque
expedient pour adoucir le mal present. Car Nosseigneurs
de la Cour, Monseigneur l’Archeuesque de Paris,
& Messieurs de Sorbonne, ne se sont-ils pas opposez
aux prets que sa Majesté demandoit pour deux ans, lesquels
se faisans de gré à gré, & de commun consentement,
sont les moyens les plus prompts & les plus doux
que l’on puisse prendre ?

R. Ie ne suis ny Medecin, ny Empirique, & encore
moins homme d’affaires, pour vous accorder vostre
demande, quoy qu’elle ne soit pas inciuile. Ie n’ay qu’vne
chose à vous repartir, qui est veritable ; sçauoir, qu’en
me mettant en campagne, tous ces grands Genies de la
France, Vous me forcez à me metamorphoser en la figure
de ces Anciens Indiens qui estoient sans bouche
& sans paroles. Tout ce que ie puis faire en cette conioncture
est, de baisser les yeux, & de fleschir les genoux
pour adorer leurs iugemens.

-- 21 --

D. De grace, ne me refusez pas la faueur de me dire,
si les prets sont iustes & licites ?

R Oüy, & i’adiouste que ce sont des œuures de charité,
que Dieu a ordonnez en l’vn & en l’autre testament,
la Loy estant expresse au 15. chapitre du Deuteronome,
& au 6. de l’Euan. S. Luc. Il y a vue infinité d’autres
passages dans l’Ecriture Sainte, dont on les pourroit
authoriser, s’il en estoit besoin ; mais ces deux icy, sont
plus que suffisans pour satisfaire à vostre curiosité, que ie
ne blasme point, pour autant que ie reconnoist qu’elle
vous porte à sçauoir beaucoup de choses necessaires à vostre
salut.

D. Donc ces grands hommes ont eu tort d’empescher
les prets des vingt-quatre millions que le Roy demandoit
aux Partisans ?

R. Tout beau, il ne faut pas estre si promp, ny si temeraire,
de condamner le procedé des personnes
tres-prudentes, qui ne font rien que par deliberation
tres-iudicieuses. Et pource ie vous prie de surseoir vostre
iugement, & de vous donner lieu d’obseruer, qu’vne
action, qui de soy est meritoire, peut estre vitiée &
sensée criminelle par quelque circonstance qui l’accompagne.
Si vous me permettez de m’expliquer plus amplement,
asseurément vous vous rendrez dans mon sens.
N’est-ce pas vne bonne œuvre de donner l’aumosne aux
pauures ? Neantmoins le Sauueur du monde condamne
celle qui se fait par ostentation, & proteste en Sainct
Mathieu, Que son merite s’en va en fumée. Nous pouuons
raisonner de mesme, du fait que vous proposez. Ie
veux que ces prets soient de leur nature tres-saincts &
tres-religieux, & en effet, ils le sont comme i’ay declaré ;

-- 22 --

mais s’ils sont accompagnez de quelque pretexte specieux,
ou condition d’interest, toute leur bonté est peruertie ;
car dés là qu’il y a quelque pacte tacite ou exprés,
c’est vsure, contre laquelle le Ciel & la terre fondroient
des anathemes. Dieu en ayant fait la defense au 23. ch.
du Deuteronome, & lors que le Sauueur les a ordonné
aux fidels : Il a adiousté sans aucune pretention d’interests.
Or les prests que le Roy demandoit estoient assaisonnez
du denier douze, qui est vne vsure tres-euidente.
Et de-là inferez si les Anges tutelaires de l’Estat
auoient tort ou raison de s’y opposer genereusement.

 

C. 6.

D. Vostre raisonnement est si pressant, que ie concluërois
directement contre mes propres sentiments ;
mais ie ne peux m’empescher de chanceler en ma resolution,
faisant reflexion sur ce que la Cour en a par apres
verifié la Declaration de sa Majesté ; ou donnez m’en raison
pour me confirmer en vostre creance ?

R. Ie pourrois dire suiuant le sentiment du vulgaire,
que la Cour y a esté forcée ; mais c’est vn erreur à laquelle
il ne faut donner aucun consentement : Les violences
les plus extrémes n’estans pas capables de faire le moindre
effort sur les ames de bonne trempe, dont elle est
composée. A quoy ie pourrois adiouster, que c’estoit
pour faire leuer le blocus de Paris, que les barbares Septentrionaux,
menaçoient d’enseuelir dans ses propres ruynes,
par vne desolation generale ; mais c’est encore vne
illusion de la populace, estant trop bien verifié que la
crainte ne préocupe iamais les esprits forts, metus noncadie
in virum constantem. Enseigne nostre Theologie apres
Senec. Mais la solide & veritable raison est, Que nos

-- 23 --

Seigneurs les Deputez, ayans examinés la proposition à
fond, & la Cour, toutes les Chambres assemblées, enuisagé
sa verité en plein iour, furent contraints par viues
raisons, d’auouër que sa Majesté pouuoit sans scrupule,
se seruir de cet expedient, car ne voyans point d’autres
voyes plus promptes pour trouuer l’argent necessaire
à remedier aux necessitez pressantes de l’Estat, & qu’il
ne se rencontreroit pas vne, ou plusieurs personnes dans
tout le Royaume assez charitables, pour avancer la somme
que sa Majesté desiroit sans interests tres-notables,
consentirent à la verification de cet article inseré en la
Declaration de sa Majesté, du premier Auril 1649.

 

D. Le Roy & la Cour n’ont-ils pas authotisé l’vsure ?
le Roy par cette Declaration, & la Cour par la verification,
pour le moins il y en a toutes les apparences, &
plusieurs se l’imaginent ?

R. Nullement, en quelque sens qu’on puisse prendre
l’vsure : ou qu’on luy puisse dõner, dautant que ce n’a esté
que par necessité, qu’ils ont vsé de cette prudence, &
pour donner asseurance aux infames vsurier de leur vie,
& de leurs biens, pour cet effet seulement : d’autant que
l’vsure estant condamnée par la Loy du Prince, qui seroit
si temeraire de se presenter deuant sa Majesté, pour
les prets dont il est question, s’il n’auoit des precautions
infaillibles pour tout ce qui le regarde ? C’est pourquoy
le Roy, pour leur témoigner les effets de sa bonté, & de la
grace qu’il leur fait, a voulu qu’on en fit mention expresse
en sa Declaration, & la Cour la verifiée pour leur
donner vne asseurance plus ample, & pour leur oster
tout sujet d’apprehension.

D. Il me reste encore vn petit scrupule, que ie vous

-- 24 --

coniure de me leuer, afin de donner repos à mon esprit,
car ie commence à me défaire de plusieurs phantosmes
qui m’inquietoient, & pour n’en laisser aucun vestige :
Dites-moy s’il vous plaist, si le Roy n’offense point Dieu
mortellement, ayant recours à des hommes d’vn commerce
si criminel ?

 

R. Vous auez quelque raison de proposer cette difficulté ;
car elle n’est pas d’vne si petite consideration,
qu’elle n’ait arresté des esprits plus forts que le vostre ;
mais i’espere qu’elle ne vous donnera plus de peine, si
vous conceuez la distinction qu’on y apporte, pour la
resoudre pleinement, qui est : Qu’vne personne peut
auoir recours à ce commerce infame, sans peché, si elle
n’a autre fin, que son assistance dans l’extremité de sa
misere, sans aucunement violenter par effects ou par menaces,
ny soliciter par les charmes puissans d’intersts, ou
de quelque autre motif specieux, ceux desquels elle espere
du secours, nonobstant que ces sang suës humaines,
ne luy auancent point leurs deniers, qu’aux iniustes
conditions de leur trafic diabolique : mais si elle faisoit
le moindre effort sur leur esprit, pour les inuiter à cõmettre
ce commerce infame, au desauantage de la charité
du prochain ; Il n’y a point de doute, qu’elle se rendroit
coulpable de la mort eternelle. Cette doctrine est du surexcellent
Saint Thomas * suiuant les routtes de son aigle
l’incomparable Augustin * lequel asseure qu’il est
licite à vn fidel, de receuoir en Iustice le serment d’vn
Idolastre, qui iuge par ses fausses diuinitez, pour soustenir
la verité du fait, qui est en controuerse ; moyennant
qu’il s’y comporte de bonne foy, sans artifice ny
violences : car si par des destours de chicane & des voyes

-- 25 --

indirectes : Il le forçoit à vomir cette impieté de son
cœur ; Il seroit infailliblement en quelque façon complice
de l’iniure atroce faicte à Dieu, par l’attribution de
son honneur, aux faux Oracles. L’on en peut faire encore
le mesme iugement, que d’vn homme, lequel auroit
enseuely son tresor en terre ; & par apres le découuriroit
aux hiboux & oiseaux de nuict, qui ne viuent
que de vols, (encor qu’ils soient tousiours rempans sur
la terre ; sinon lorsque Maistre Iean Guillaume les fait
dancer sur rien en gréue, où en quelqu’autre place publique ;)
car s’il leur declaroit, sans auoir autre dessein
que de sauuer sa vie de leurs serres : Tout ainsi que ceux
qui dirent à Ismael au raport de Ieremie * Ne nous égorge
pas, d’autant que nous auons de l’or à la campagne ; il n’y a
point de difficulté, qu’il seroit innocent deuant Dieu &
les hommes ; ce qui ne seroit pas, s’il leur montroit, pour
leur faire naistre l’ocasion de voler, sans auoir des aisles,
pour autant qu’il seroit cõme vne cause seconde du mal
qu’ils cõmeteroient. Cette resolution me semble si nette
& si claire, qu’il n’est pas besoin d’en faire l’application,
que pour la faire comprendre aux esprits grossiers, qui
ne peuuent voir le iour, si on ne leur ouure les yeux. Or
pour leur oster le sujet de me demander, à quoy ie veux
conclurre, ie m’explique : Si le Roy qui n’est pas de pire
condition que ses Subjets, comme i’ay desia dit ; violentoit
les vsuriers à luy prester la somme qu’il demande,
aux conditions aussi iniustes, que peu Chrestiennes,
il ne seroit pas exempt de peché mortel ; mais
si sans aucune violence, il souhaitte qu’on luy fasse ces
prets, & qu’il condescende aux interests vsuraires qu’on
luy demande, afin d’auoir le moyen de remedier aux necessitez

-- 26 --

extremes de son Estat, tant s’en faut qu’il offence
la diuine Majesté, qu’au contraire, l’Ange de la Theo.
logie au lieu cotté : Conclud, qu’à raison de l’assistance
qu’il reçoit de l’auarice insatlable des vsuriers ; il imite
en quelque façon cette source immense d’impecabilité,
comme de bonté : Laquelle aux termes de Saint Augustin,
permet le peché pour tirer de ses fondrieres les
plus püants, & les plus insupportables, les éclats les plus
brillans de sa gloire. Deus ex quolibet malo, elicit, aliquod
bonum.

 

* 22. qu.
78. 4. c.
* Epist.
154.

Cap. 41.

In Enchr.
cap. 11.

D. A. la verité vos decisions sont si claires, que si vostre
charité vous permet de vous expliquer sur les obligations
que vous imposez aux Ministres du Conseil de
direction, à payer les Officiers de sa Majesté : i’estimeray
l’honneur de vostre Conference plus que toutes choses ;
car ie me trouue dans l’incapacité de pouuoir conceuoir
que cela puisse estre, si vous ne m’en éclaircissez ?

R. N’estes-vous plus vous mesme ? ou bien auez vous
oublié ce que vous estes ? auez-vous perdu le iugement
ou l’esprit, de me parler en ces termes ? Vostre difficulté
est aussi ridicule que si vous demandiez s’il est iour en
plein midy, ou s’il fait obscur la nuict, lorsque son grand
flambeau & tous ses petits feux brillans sont esteints. Car
ie vous demande si l’œconome d’vne maison particuliere,
qui a tout l’or & l’argent en sa disposition, n’est pas
obligé de payer les gages des seruiteurs domestiques, &
de tous autres qu’il employe ? Si ce n’estoit pas le deuoir de
Iudas qui estoit tresorier de l’épargne du Sauueur son
Maistre, de fournir à la dépense du College Apostolique ?
Si vous auez vn grain d’esprit, vous me deuez entendre
sans autre explication ; car les mesmes raisons

-- 27 --

concluënt pour le deuoir des charges, des vns & des autres

 

D. Comment ? ils seroient obligez de payer les gages
de tous les Officiersdes Cours Souueraines, & d’autres
Iustices Royalles ?

R. Qu’elle raison auez-vous d’en douter ; mais pour
mieux dire, toutes les raisons ne vous forcent-elles pas
de le croire. Si ie voulois rapporter toutes celles qui se
presentent à ma memoire à ce sujet ; ie serois obligé de
ne mettre iamais fin à ce discours. Mais pour ne vous pas
estre importun, & pour vous faire toucher au doigt cette
verité : Ie me contenteray de vous en deduire sommairement
deux, qui me semble estre peremptoires. La
premiere est, qu’ils exercent la charge du Roy, & font les
fonctions ausquelles son Scepte & sa Couronne l’obligent :
C’est à dire, à rendre la Iustice, comme faisoient
anciennement les Empereurs Romains, les Cesars, les
Claudes, les Trajans, les Adriens, les Antonins, Seueres,
Alexandres, & plusieurs autres, que ie passe souz silence,
pour ne point abuser de vostre patience. L’Empereur
Adrian ayant esté arresté sur les chemins par vne
pauure femme, qui luy demãdoit raison de quelque sujet
de plainte qu’elle exposoit : d’abord luy repartit qu’il
n’estoit pas en lieu de luy respondre ; à quoy repliquant
cette femme, Sire, si vous ne me voulez rendre Iustice,
pourquoy vous meslez-vous d’estre Empereur ? Ce Monarque
sur le champ luy fit droict sur sa requeste. Tous
nos Monarques, iusques à Philippes le Bel, & encor
plusieurs autres du depuis, comme Charles le Sage, Charles
VII. Charles VIII. Louis XII. rendoient bonne
Iustice à leurs Sujets, en propre personnes. Philippes

-- 28 --

Auguste, surnommé le Conquerant, estant bien & deuëment
informé des exactions violentes & extraordinaires,
que Guy Comte d’Auuergne commettoit sur ses
Subiets, le condamna à perdre sa Comté, & la reünit à
la Couronne de France. Mais le nombre des affaires se
multipliant iusqu’au poinct, que nos Roys ne les ont pû
decider en propre personne : Philippes le Bel establit le
Parlement de Paris en l’an 1294. Charles VII. celuy de
Thoulouse en 1444. celuy de Bourdeaux en 1451.
Louis XI. son fils, celuy de Grenoble en 1453. pour lors
Dauphin de France, & estant arriué à la Courõne, il establit
ceux de Dijon & de Prouence. Louis XII. celuy
de Roüen en 1499. Henry II. celuy de Bretagne en
1553. Henry IV. celuy de Nauarre, & Louis XIII.
celuy de Mets : Pour se décharger du faix des affaires
contentieuses qui arriuent entre leurs Subiets ; de sorte
que les Officiers des Cours Souueraines, & d’autres Iustices
Royalles Subalternes, employans leur vie & leurs
soins à rendre la Iustice aux Subiets de sa Majesté à sa
décharge, ne meritent-ils pas d’auoir la recompense
portée par les Ordonnances des Roys ? Dignus est enim
operarius mercede sua, dit le Sauueur du monde en Saint
Luc chap. 10. La seconde est, qu’ils ont financé aux
coffres de sa Majesté à cette condition : si bien, que comme
il est tres-iuste de payer l’interest de l’argent d’vne
rente fonciere ; pour se dispenser du payement des gages
& droicts des Officiers des Cours Souueraines : Il
faudroit renuerser tout l’Estat, & ouurir les grandes portes
des Palais, & des Chambres aux concussions, & à
l’iniustice ?

 

D. Faites-vous le mesme iugement à l’auantage des

-- 29 --

Tresoriers de France & des Eleus ?

 

R. Les mesmes raisons m’en pressent : Car pourquoy
trauaillent-ils ? à quelle fin, & pour l’interest de qui ?
N’est-ce pas pour le Roy, & pour soliciter les leuées des
Subsides, Imposts, Tailles & Subsistances qu’ils exigent
de toutes les Prouinces du Royaume ? n’est-ce pas la fin
pour laquelle ils ont esté establis ? Et s’ils ne satisfont
au deuoir de leurs charges, ne s’en prend-on pas à eux
solidairement ; de sorte qu’il n’y a aucune apparence de
refuser leurs droits.

D. Ne seroit-il pas plus expedient de supprimer ce
grand nombre de Tresoriers & d’Eleus, & donner des
Commissions à quelques hauts officiers du Conseil, pour
faire leurs fonctions ?

R. La question est problematique, & les raisons pour
& contre si égales, que ie ne sçay de quel costé pancher.
Car lorsque i’apprens de la premiere partie du iournal,
de ce qui s’est passé és assemblées du Parlement, qu’il y
fut dit le 7. Iuillet en presence de son Altesse Royalle
de sa part, de Monsieur le Chancelier, qu’il y a plus de
trois mille. Officiers dans les Elections ; à sçauoir, quatre
cens quatre-vingts trois Tresoriers, & le surplus d’Eleus,
qui en prenant leurs gages, absorbent sur les premiers
& plus clairs deniers des Tailles, plus de neuf millions
six cens mille liures, & que trente-cinq Intendans
suffisoient pour faire leurs charges. Ie concluds à leur
suppression. Mais d’autre part, faisant reflexion, que
Messieurs du Conseil de direction auoient, ou deuoient
auoir ces considerations, lors qu’on proposa leur establissement,
qu’ils ont traitté de bonne foy auec le Roy,
par leur entremise, & que le peuple n’a pas esté beaucoup

-- 30 --

soulagé de la Iustice des Intendans des Prouinces.
Ie soustiens dans le droict qu’ils doiuent continuer l’exercice
de leurs charges, ou pour le moins qu’ils soient
remboursez & indemnisez du principal de leurs offices.

 

D. Vous ne changez pas de resolution pour le payement
des domestiques du Roy ?

R. Bon Dieu ! vous voudriez que ie fusse bien aueuglé :
car quand il n’y auroit aucune raison dessusdites ;
l’honneur qu’ils ont d’approcher de sa Majesté, & la
garde de sa personne Sacrée, qu’il leur est commise, sont
plus que trop suffisans pour m’empescher, & tout homme
de bon sens, d’hesiter dans l’affirmatiue ; car si on les
priuoit de ce qui leur est deub, & qu’ils meritent tres-iustement
(demeurans dans la fidelité de leur deuoir)
peut estre qu’on leur donneroit occasion de se rendre
paresseux dans les fonctions de leurs charges, ce qui est
d’vne consequence si perilleuse, qu’vn bon François n’y
manquera iamais, pour quelque interest que ce soit,
neantmoins le plus seur est, de ne commettre aucune
chose au hasard, ce qu’on peut faire, en donnant à vn
chacun ce qui luy appartient.

D. Ie veux bien consentir à tout ce que vous voulez,
pour le payement des gages des Officiers ; mais ie croy
aussi que vous m’acorderez qu’il n’est pas iuste ny necessaire
de payer les pensions, que le Roy leur ordonne,
autrement ie soubçonneray quelque chose de vous, à
quoy ie ne voudrois pas penser ?

R. Pensez tout ce qu’il vous plaira, rien ne sera capable
de me faire estouffer la verité, lors que i’auray lieu
de la mettre au grand iour. Ie vois desia à vostre mine

-- 31 --

que vous auez peur d’estre refusé ; mais r’asseurez-vous,
d’autant qu’il conuient raisonner auec quelque circonspection
sur la difficulté que vous vous proposez ; Car
de tomber absolument dans vostre sens, ie serois blasmé
de trop de personnes, & auec raison ; & en vous rebutant
entierement, peut-estre que vous me feriez passer
pour vn acariatre ? Or pour éuiter l’vn & l’autre reproche,
mon avis est, qu’il peut refuser de payer ceux
qui ont eu ces graces & faueurs de sa Majesté, plus par
importunité, que par merite : Car ie ne peus nier qu’il
n’y ait des Courtisans qui sont plus souuent aupres du
Roy pour luy demander, que dans les occasions de luy
rendre quelque petit seruice, où à l’Estat. Mais pour les
personnes Illustres, soit par leur naissance, ou par les
grandes charges qu’elles ont, ou par l’estime qu’elles se
sont acquises par leurs heroïques vertus, & par leurs genereuses
actions, qui les rendent considerables à l’Estat ;
on les doit receuoir à bras ouuerts, & satisfaire sans
delay aux iustes recompenses, dont sa Majesté veut que
l’on connoisse l’estime qu’elle fait de leur merite, afin
de releuer le cœur aux Ames de bouë & de fange, par
des sentiments de generosité, & de magnificences.

 

D. Ie me doutois assez que vous auriez quelques destours,
pour me faire trouuer bon vostre negatiue, &
ne serez-vous pas encore assez adroit pour faire ioüer
quelque ressort, afin de iustifier l’obligation pretenduë
des payements des Soldats ?

R. A cela, ie n’ay qu’à vous dire ces quatre mots de
Sainct Paul, nemo militat suis stipendijs, Et en conscience
voudriez-vous qu’ils exposassent leur sang & leur vie
au seruice du Roy, à leur dépens sans aucune solde. Ie

-- 32 --

confesse qu’ils ont causé vne desolation generale, & que
le rauage qu’ils ont fait, est irreparable ; mais qui en est
cause ? n’est-ce pas la faute du payement de leurs montres,
ne faut-il pas qu’ils viuent, & qu’ils s’entretiennent ?
car pour estre soldats, ne sont ils pas hommes ? Ce
n’est pas que ie les excuse dans leurs desordres, & que ie
ne confesse que leurs déreglements sont si honteux, &
leur excez si atroces, qu’ils meritent mieux la corde que
la montre. Mais ie blasme d’avantage ceux qui n’y apportent
point d’ordre, le pouuant facilement faire. Qui
fait que la discipline militaire est si exactement obseruée
dans les armées des Estats de Holande, que les laboureurs
ne quittent pas leurs charruës pour toutes les Legions
qui arriuent en leurs maisons, sinon pour aller au
deuant les prier d’y songer ? n’est-ce pas le soin qu’on a
de les payer toutes les semaines ? qu’on paye de mesme
les gens de guerre en France, & les desordres cesseront
quant & quant, tous les Subjets de s’en plaindre.

 

D. Dites-moy au vray si on ne les paye pas ?

R. Ie n’en ay autre connoissance que du bruit commun ;
s’il est vray ie m’en rapporte : car de s’arrester à ce
que disent les Capitaines & les Soldat, il n’y a pas beaucoup
d’asseurance, toutesfois ils ne peuuent pas estre si
habitués au mensonge, qu’ils ne disent quelques-fois
vray.

D. Ie souhaitterois d’estre releué de plusieurs autres scrupules ;
mais ie vous prie de remettre la partie à vne autre fois.

R. Vous en ordonnerez comme il vous plaira, vous coniurant
de l’honneur de vos bonnes graces, Adieu.

FIN.

Section précédent(e)


M. J. B. D. T. E. R. O. D. P. M. [1649], SVITTE DV CATECHISME DES PARTISANS, OV DES RESOLVTIONS THEOLOGIQVES, Touchant l’Imposition, leuées & employ des Finances. Par M. I. B. D. E. T. E. R. O. D. P. M. , françaisRéférence RIM : M0_652. Cote locale : C_1_8.