Loret, Jean [?] [[s. d.]], SVITE DE LA GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_1471. Cote locale : B_18_24.
SVITE DE LA GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES.
SVITE DE LA GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES, A SON ALTESSE
MA Princesse si le destin Ne m’eust point fait si libertin, Si i’aymois moins battoirs, raquettes, Cartes, quinolas, quinolettes, Prime, hoc, piquer, reuersis, Et que d’vn esprit plus rassis, I’affectasse la solitude Les veilles ; les autheurs, l’estude, Mes ouurages assurement Auroient beaucoup plus d’agreement, Mais mon influence notable, A ma gloire est vn bien fatale A tousiours mes sens amusés Aux diuertissemens aisés, M’a tousiours donné de la hayne Pour tout ce qui s’appelle peyne ; Bref traicté de telle façon, Que je n’ouis jamais leçon De Regent ny de Pedagoge, Mais c’est assez pour vn Prologue.
On dit que le Comte d’Harcour Sans aucun congé de la Cour A Marcin a ceddé la place, Et pris la route de l’Alsace, Et de peur de mic & de mac S’est ietté soudain dans Brissae, On tient qu’il a quitté la lice, Pressé d’vn certain artifice
Madame de Boüillon la vefue Laissant vne sensible preuue De ce qu’on souffre de rigeurs Quand la mort separe deux cœurs Sous vn funeste deuil succombe, Et visitant souuent la Tumbe Où son Cher espoux est enclos Y faict autour milles sanglots, Et ses yeux plains d’humides charmes Deuenus deux sources de larmes, Honorent de plus nuit & iour Ce digne obiect de son amour, La Conception seroit belle Si je metrois en parallelle Cette dame qu’on crut si fort Comblée d’vn si grand deconfort Auec l’illustre, desolée Qui fit Bastir ce mausollée, Et qui feut, dans l’antiquitté Vn miroir de fidelité, Mais ie sçay que cette pensée Est si souuent repetassée Par ceux qui font milles butins Dans les Liures Grecs & Latins, Que ie passerois soubz silence Cette espece de ressemblance, Puis ces iustement que ie dis Que cette veufue de jadis Parut moints triste aux yeux des hõmes Que celles du Temps où nous sommes, Dont certainement ce malheur Est si profond que sa douleur Ne peut soufrir tant elle est ample De comparaison ny dexemple.
On dit que Messieurs les Frippiers La plus part de vray ferlampiers Aucuns d’eux meschant & damnables Et d’autres assez raisonnables, Traicterent destrange façon. L’autre jour vn pauure garçon Qui d’vn ton vn peu sot & rogue Les Nomma gens de Synagogue, Dés qu’il eut dit ce mot picquant Vn d’eux luy donna quant & quant Six ou sept coups de halebardes, Car ils retournoient de garde Ensuitte ces Gens mutinez Luy cracherent cent fois au nez, Luy disant tes fiebures cartaines Et luy donnerent trois douzaines Des souflets les plus inhumains Auecque leurs patentes mains, En fin quelques vns qui passerent Lesdits Frippiers reprimenderent De ce monstrer si rigoureux, Lors le garçon d’vn ton pleureux Leur dit helas il me martyrent, Leurs rigeurs â moment s’empire Ils m’ont mené me mal menant Du Capitaine au Lieutenant, Et maintenant on me rameine Du Lieutenant au Capitaine, Ils m’ont faict maint indignitté Mocqué, tiraillé, souffletté, Bref la Nation Iudaïque Ne feut guerre moings Tyranique Quand elle tourmenta Iadis Le Createur du Paradis, Vn si tres sçandaleux langage Des Frippiers augmentent la rage
Dautant que Messieurs de Paris Tant les ieunes gens que les gris, Tant les Masles que les femelles, Tant Bourgeoises, que Damoiselles, Ainsi que les autres Estez, N’ont point esté de tous costez Respirer l’air des pourmenades, Le nombre est fort grand des malades, Et l’on ne voit à tous momens Que quantité d’Enterremens, De gens morts de la frévre chaude Qui n’espargnes Germain ny Claude, Denys, Raymond, Albert, Hubert, Lambert, Robert, ny Dagobert, Guillaume, Gaultier, ny Garguille, Ny Luc, ny Marc, ny Iean, ny Gille, De plus les maux originels S’irritent des flancs maternels, Sçauoir la petite verolle, Et pareillement la Rougeolle S’épandent dans tous les quartiers Aux maisons des gens de mestiers : Mesmes dans les nobles familles, Où l’on void quantité de filles Tous les teints de Rose & de Lys Sont à present enseuelis Dans les hideux restes de galles, Tesmoing la Pucelle d’Aumalle, Dont le visage plein d’attraits Si pur, si beau, si Blanc, si frais, N’est pas vne beauté passée, Mais vne lumiere éclipsée, Dont les rayons iadis bruslants, Ne seront iadis si brillans, Patrocle encore vne autre belle, Mais mariée & non pucelle, A le nez aussi tout gasté De ce mal plein de cruauté ; Qui fait d’vne belle, vne laide, Mais le bon Dieu luy soit en ayde, Mesme à Madame de Pisy A qui le destin à choisy Vn mary qui iadis comme elle Sentit cette atteinte cruelle, Et mesme à Madame le Gras Au corps si doucet & si gras, Et dont la rauissante forme Auparaurnt ce mal énorme Sçauoit tous les cœurs enchanter, Et pouuoit fort bien se vanter D’auoir du teint sur le visage Pour mil escus & d’auantage, De ce mal iniuste & felon La tres-dolente Barillon Est encore fort outragée Quoy que de quarante ans aagée ; Mais ce fleau contagieux Ne respecte ieunes-ny vieux.
Toute à Cour fait à cette heure A Compiegne encor sa demeure, Ou Mademoiselle Bourdon Pour faire enrager Cupidon S’estoit mise en vn Monastere, Mais du Roy l’vnique & cher frere A qui cela ne plaisoit pas Y courut soudain à grand pas, L’on m’a dit que ce fut Dimanche Et la prenant par sa main blanche.
Le feu s’estant pris l’autre iour Assez proche de Luxembourg Dans vn logis de consequence On croyoit que sa violence Par vn subit embrasement Destruiroit tout le basliment ; Mais vne Dame debonnaire Iettant dedans vn Scapulaire Les mains en haut elle ioignit, Et le feu soudain s’esteignit, Arresté par ce seul obstacle, Et la rareté du miracle Est que sans aucun contredit Le Sainct Scapulaire susdit Ietté par cette bonne Dame Au milieu de l’ardante flame Fut retrouué le lendemain Dans la maison entier & sain Parmy la cendre & la poussiere, Certainement belle matiere Pour confirmes les gens de bien, Mais Charenton n’en croira rien.
I’auois escrit l’autre sepmaine Que Monsieur le Duc de Lorraine Venoit en faueur de la Cour Mais maintenant il n’est plus pour Car depuis certain interualle Il est pour l’Altesse Royalle On verra bien s’il se maintient Iusqu’à la sepmaine qui vient.
Touchant les Mareschaux de France On m’a mandé que d’asseurance La Force, Miossans, & Palleau Estoient sur le roolle nouueau, Et que le Mareschal d’Estrée Doit au Conseil auoir entrée, Quoy que Iulles s’en soit allé En climat assez recullé La Paix de nous tant attenduë N’est encor pourtant descenduë Du Ciel son bien-heureux seiour, Où l’on n’entend aucun tambour, Chacun ardamment la desire, Mesme deust-on en ce lieu dire Taisez-vous petit sot d’Autheur Vous faictes le Predicateur, Il faut que ie die en ces lignes Si nous ne nous rendons plus dignés De cette aymable & douce paix Que nous ne l’obriendrons iamais.
Princesse blonde, & non pas brode Ie finis par ce periode, Priant le Ciel auec ardeur Qu’il ait tousiours vostre grandeur En sa saincte & diuine garde, Et vous tienne gaye & gaillarde. Ces vers aucunement sterilles Furent faits le iour de Sainct Gïlles.
APOSTILLE.
On m’a mandé de Liancour Que trois Messieurs de la Cour, Mais on ne m’a nommé personne, Murmurent fort, dont ie m’estonne, Moy qui ne suis qu’vn doucereux, De ce que i’auois parlé d’eux Dans mes pauures petits ouurages, Alleguant lesdits personnages Que ie les auois offencez Ne les respectant pas assez :
Ie leur en fais trois mille excuses Et iure par toutes les Muses Que ie n’eus iamais dans le sein De les fascher aucun dessein, I’ay sans y penser fait la faute, Que si leur ame noble & haute Dont ie ne doute nullement Qu’il ne mette benignement, Leur colere estant amortie, Que i’aye part à l’Amnistie.
FIN.
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