La Mothe-Houdancourt (Henri de) [?] [1649], SECOND FACTVM, OV DEFENSES DE MESSIRE PHILIPPES DE LA MOTHE-HOVDANCOVRT DVC DE CARDONNE, & Mareschal de France, CY-DEVANT VICE-ROY ET CAPITAINE General en Catalogne. Auec plusieurs Requestes, Arrests, & autres Actes sur ce interuenus, tant au Conseil, qu’ailleurs. , français, italienRéférence RIM : M0_2849. Cote locale : A_4_5.
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LETTRES PATENTES DV ROY LOVYS LE IVSTE,
par lesquelles il a fait & creé Mareschal de France,
Messire Philippes de la Mothe Houdancour.

LOVIS par la grace de Dieu Roy de France & de Nauarre,
A tous ceux qui ces presentes Lettres verront,
Salut. Sçachant combien les Roys sont obligez pour le maintien
de la grandeur de leurs Estats, de ne confier les Charges
ausquelles ils ont attribué vne partie de leur authorité qu’à de
dignes Subjets : & qu’ils ne peuuent faire d’action plus conuenable
à la Majesté Royale, n’y qui accroisse dauantage le

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nombre & la fidelité de leurs seruiteurs ; que de recognoistre
ceux qui ont bien merité d’eux, & de la Couronne : Principalement
dans la guerre, où l’honneur ne s’acquiert qu’en
exposant genereusement ce qui est de plus cher. Et considerans
que les Charges de Mareschaux de France sont establies
pour la direction du bon ordre & de la Discipline militaire,
& pour le commandement des Armées : comme aussi
pour seruir dans les plus importantes affaires & occurrences.
Nous auons tousiours eu en singulier recommendation de
n’éleuer à vne dignité si eminence, que ceux qui s’estans
signalés dans les principaux employs, sembloient y estre appellez
par les vœus publics, aussi bien que par nostre estime
& nostre affection. C’est pourquoy ayant besoin de reparer
les pertes que la longueur, les fatigues, & les occasions de la
presente guerre contre la Couronne d’Espagne & la Maison
d’Austriche nous ont causés de plusieurs grands Chefs, mesmes
d’aucuns Mareschaux de France. Et cognoissans que nostre
tres-cher & bien aimé le Sieur PHILIPPES DE LA MOTHE
HOVDANCOVR nostre Lieutenant General en nostre Armée
de Catalogne, soubs nostre tres-cher & bien aymé Cousin
le Mareschal de Brezé ; Capitaine d’vne Compagnie de cent
hommes d’armes de nos Ordonnances, Maistre de Camp d’vn
Regiment de Caualerie, & d’vn d’Infanterie Françoise, Gouuerneur
de nostre ville & chasteau de Bellegarde ; possede toutes
les bonnes qualitez qui peuuent estre desirées pour tenir
dignement vne si grande charge, soit par sa naissance & extraction,
estant d’vne tres noble & ancienne famille, soit en
sa personne : ayant donné beaucoup de preuues de sa valeur en
toutes les charges de la guerre, n’y en ayant aucune qu’il n’ait
exercé tres honorablement : & ayant particulierement fait
cognoistre la grandeur de sa capacité, de son iugement, de
son courage, experience en la guerre, prudence, actiuité, vigilence,
& conduite, & fidelité ; & zelle singulier pour nostre
seruice dans les commandemens que nous luy auons donnez
en nos Armées de la Franche-Comté, d’Italie, & de Catalogne,
où il a fait heureusement reussir tout ce que luy a esté
commis, & a tousiours combatu auec aduantage. Et sur tout

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s’est signalé, commandant soubs nostre Cousin le Comte
d’Harcour vn corps d’Armée, tant au dernier secours de Cazal
qu’au Siege de Thurin, & en deux grands Combats faits
deuant cette place qui en causerent la reddition en nostre pouuoir,
Apres quoy estant passé en Espagne, il y a si vtilement
employé nos forces, qu’en l’année derniere il a fait perir vne
Armée de vingt mille hommes pres de Tarragone ; l’ayant reduitte
dans vn retranchement, sans qu’elle ozast en sortir, &
l’ayant repoussée & batuë toutes les fois qu’elle a tenté de la
faire. Il a contraint les ennemis a leuer plusieurs Sieges importans
qu’ils auoient entrepris, il ne les a iamais rencontrez
qu’ils n’en ayent receu perte, & affront : & nouuellement, il
a remporté vne victoire tres-considerable sur vn grand Corps
de troupes de l’Armée de Castille, composée de gens deslite,
& la pluspart d’Officiers Reformez, qui marchoient, & s’estoient
desia beaucoup aduancez pour tenter de secourir Colioure,
que nous tenions presentement assiegé, ayant en deux
diuerses iournées taillé en pieces la meilleure partie des ennemis,
bien qu’auec des forces inegalles, pour ne les auoir pû
suiure auec de plus grandes : & en la troisiéme, ayant auec
nostre Armée défait le reste de ses troupes, pris les Generaux,
& auec eux tous les Chefs de l’Armée ennemie, & plusieurs
gens de marque ; en sorte qu’il n’y a personne qui ne iuge combien
ce coup esbransle les affaires d’Espagne, affermit le bon
estat des nostres. Ces raisons iointes à l’esperance que nous
conceuons d’estre d’autant plus dignement seruis dudit Sr de
la Mothe, que nous luy donnerons moyen de le faire à l’aduenir
auec plus d’authorité & de lustre : Nous conuient à l’honnorer
d’vne charge proportionnée à son merite. POVR CES
CAVSES, & autres bonnes considerations à ce nous mouuans :
Nous auons ledit sieur de la Mothe Houdancour fait,
constitué, ordonné & estably, faisons, constituons, ordonnons
& establissons, par ces presentes signées de Nostre main
Mareschal de France, & ledit Estat & Office que Nous auons
de nouueau creé & augmenté, creons & augmentons en sa faueur,
outre & par dessus ceux qui l’ont à present, luy auons
donné & octroyé, donnons octroyons, pour l’auoir, tenir, &

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d’oresnauant exercer, en ioüyr & vser, aux honneurs, authoritez,
prerogatiues, preeminence, franchises, libertez, gages,
pensions, droicts, pouuoirs, puissances, facultez, reuenus, &
esmolumens qui y appartiennent ; tels & semblables que les ont
& prennent les autres Mareschaux de France ; encore qu’ils
ne soient si particulierement declarez n’y specifiez, tant qu’il
nous plaira. SI DONNONS en Mandement à nos amez &
feaux les Gens tenans nos Cours de Parlemens, & à tous nos
Lieutenans Generaux, Gouuerneurs, Capitaines, Chefs &
conducteurs de nos Gens de guerre, & à tous nos Iusticiers,
Officiers & Subjets, que ledit Sr de la Mothe Houdancour,
duquel Nous nous reseruons de prendre le serment en tel cas
requis, ils fassent, souffrent, & laissent ioüyr & vser d’iceluy
ensemble de tout le contenu cy-dessus plainement & paisiblement,
& à luy obeïr & entendre és choses touchant & concernant
ledit Estat de Mareschal de France. MANDONS en
outre à nos Amez & feaux les Thresoriers de nostre Espargne
& de l’Ordinaire de nos Guerres present & à venir & à chacun
d’eux comme il appartiendra, que les gages, pensions,
& droicts attribuez audit Estat & Office, tout ainsi qu’en
ioüyssent les autres Mareschaux de France, ils payent, baillent,
deliurent ou fassent payer, bailler & deliurer audit Sr de
la Mothe Houdancour par chacun an, aux termes & en la
maniere accoustumée : & rapportant ces presentes ou copie
d’icelles deuëment collationnées, auec sa quittance sur ce
suffisante seulement : Nous voulons tout ce que payé, baillé
& deliuré luy aura esté à l’occasion susdite, estre passé & alloüé
en la depense de leurs comptes, par nos amez & feaux
les Gens de nos Comptes, ausquels Nous mandons ainsi le
faire sans difficulté. CAR tel est nostre plaisir : En tesmoing
de quoy nous auons fait mettre nostre seel à cesdites presentes.
DONNÉ à Narbonne le deuxiéme iour d’Auril, l’an de grace
mil six cens quarante deux, & de nostre regne le trente-deuxiéme.
Signé LOVIS, & sur le reply par le Roy, SVBLET,
& seellé d’vn grand Sceau de cire jaulne.

 

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La Mothe-Houdancourt (Henri de) [?] [1649], SECOND FACTVM, OV DEFENSES DE MESSIRE PHILIPPES DE LA MOTHE-HOVDANCOVRT DVC DE CARDONNE, & Mareschal de France, CY-DEVANT VICE-ROY ET CAPITAINE General en Catalogne. Auec plusieurs Requestes, Arrests, & autres Actes sur ce interuenus, tant au Conseil, qu’ailleurs. , français, italienRéférence RIM : M0_2849. Cote locale : A_4_5.